Prologue :
La situation du groupe
Europe en 2009, peu après la sortie de "
Last Look at Eden", est très paradoxale.
Certes, l'album contient d'excellents morceaux, rien qu'à elle seule, la merveilleuse pétite "No
Running Wild Unturned", a réduit en "pépins" les plus grands crus de Muse de Placebo et de Radiohead...
Malheureusement, "LAast Look at
Eden" était trop fruité, il manquait de lien, de cohérence alors que la magnifique introduction laissait suggérer au contraire un album très conceptuel et audacieusement expérimental...les critiques ont fusé à ce sujet !
"Bon, parfait"...Pensèrent nos vieilles crinières scandinaves sur le chemin de la Rédemption depuis dix ans. " Puisque c'est comme ça : attrapez ce sac, il y a des os dedans ...vous pouvez toujours les ronger ! "
Voilà donc ce "
Bag of Bones", neuvième opus d'
Europe...
I)
Un sac d'os ? Est-ce là tout ce qu'il reste d'un groupe aussi glorieux ? Beaucoup d'éléments semblent le confirmer ! L'artwork de la pochette, présente, en effet, un écrivain "laissé pour mort" devant sa machine à écrire délabrée...une vraie "misère"!
Oubliée la pomme bien juteuse de "
Last Look at Eden", terminées les paraboles, finie la séduction, adieu la tentation et son péché originel : "
Bag of Bones", annonce l'Extrême Oction. La messe est dite, les jeux sont faits, rien ne va plus...noir, impair et manque !
Et pourtant, malgré son allure de "skelettor", ce "sac d'os" est un pur bonheur, magnifique compromis entre un hard-rock efficace, aussi mature que recherché, quelques pincées de blues et le tout accompagnée d'un sauce vintage si veloutée, qu'il faut méthodiquement remonter aux meilleures références de
Tesla ou d'
Aerosmith pour égaler un tel tour de main...
Mais commençons à disséquer cet étrange opus en salle d'autopsie...Tous en charlotte, s'il vous paît : on passe en cuisine !
II)
D'abord, le morceau accoustique "Drink and a Smile" est très dispensable...
Van Halen,
Led Zeppelin ou
Running Wild dans ce registre ont organisé de meilleures beuveries...n'insistons pas ! La ballade "Bring It All
Home" émouvante, certes, n'est pas la meilleure du groupe et ne vaut ni "
Sweet Love Child" ni "In My Time". Dans un même ordre d'idée, "
Mercy You
Mercy Me", en dépit d'un très bon refrain est un peu trop saturé, la basse est vrombissante, certains aimeront...
Plus consistant en tout cas, le très groovy, "
Demon Head" s'inscrit dans la continuation de
Deep Purple ; à la différence que la construction scandinave est plus équilibrée mais consécutivement moins "psychée". "Doghouse" est un "cujo" complètement enragé qui nous avait déjà mordu depuis la précédente tournée du groupe...le riff est superbe, très fouillé ; mais en fin de concert, dans l'euphorie de l'attente de "Final
Countdown", tout le monde a goûté ce "hot-dog maison" sans l'apprécier à sa juste valeur...
"
Not Supposed to Sing the Blues" en dépit du titre, du riff de fond et d'une relative lenteur s'avère très agréable. Les pré-refrains et refrains étant plus marquants encore que les titres précités cependant que les thèmes du clavier se font très orientaux.
Ensuite vient un très beau "
Requiem", interprété aux claviers par Mic Michaeli, superbe, trop court, il annonce un bijou : "My Woman My Friend" un slow "bis" assez nerveux, original qui "dame amicalement" le pion aux plus grands chanteurs de Gospel. Ne cherchez plus la case de l'Oncle Tom, elle a été totalement soufflée par Joey : "la tempête du siècle"...
III)
C'est à ce moment qu'on saisi le nœud de l'intrigue, le mystère de l'album: "
Bag of Bones" n'annonce pas la fin du groupe
Europe...mais plutôt la fin de quelques autres...doucement et sûrement...coup de pelle après coup de pioche ! La chanson éponyme est un déluge d'incursions sudistes d'un "heavy-blues" inclassable, improbable mais imparable. On est assez surpris d'ailleurs que
Joey Tempest adopte une voix particulièrement rauque...presque "sale"...
Car l'album est plus délicieusement malsain encore qu'un roman de Stephen
King...Dans ce road movie que l'on se passe et l'on se repasse, l'itinéraire n'est jamais le même...un jour, sur le bas côté, on y trouve la voiture poussiéreuse de "Charlie", un autre jour, la petite culotte douteuse de "Jessie"...si bien qu'après des centaines de milles d'une chevauchée à la fois glauque et fantastique, ne nous reste, effectivement, que la peau sur les os !
Et pour être sûr que tous les "bones" rentrent bien dans le "bag" : Riches to Rags concasse "les plus gros morceaux"... Au premier couplet, l'avertissement est sans ambivalence : "This is the sound, never getting back to the start!". Terminés les (excellents) carbones de "
Countdown" :
Europe ne retournera jamais en arrière ! On notera encore un très beau solo exécuté par un
John Norum admirable...
Enfin, quand tous les os y sont et que l'affaire est dans le sac : on brûle le tout...dans "
Firebox" un titre démentiel, dont le refrain nous harcèle tous les jours...rien que ce morceau sanctionne à lui seul l'achat de l'album. Son fameux break à la sitar qui précède un solo de guitare épique est particulièrement inspiré.
Epilogue:
C'est ainsi que notre "histoire d'os" s'achève sur cette envoûtante "danse macabre". "
Bag of Bones" est un cadavre exquis.
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