Désormais promu comme l’une des têtes de file du doom-death anglais,
Paradise Lost sort son troisième album en trois ans, qui pourrait être celui de la consécration. Fort de ses convictions, le duo Holmes-Mackintosh poursuit son irrémédiable maturation artistique, que l’on perçoit immédiatement à l’écoute de
Shades of God.
Les deux premiers titres donnent ainsi la couleur du disque, se démarquant nettement de l’influence de
Gothic. Très lent, toujours pesant par la grande tristesse de son atmosphère,
Paradise Lost s’éloigne tout de même largement des bases death metal qui constituait jusque là ses fondamentaux. Le jeu beaucoup plus souple, heavy voire par moments rock n’roll des guitares et de la basse, ainsi que le lyrisme très seventies des soli de Mackintosh, rompt profondément avec la virulence rugueuse des débuts.
On note dans le même temps une évolution des vocaux de Nick Holmes, certes toujours gutturaux, mais évoluant vers un chant plus traditionnel, en témoigne le très lourd
Embraced, qui confirme par contre que si le death metal s’est éloigné, le doom est largement mis à l’honneur. Un doom même magistral dans les longueurs presque progressives de
Daylight Torn, bel exemple de l’emploi novateur du son clair des guitares, des transitions à la basse, et des constructions à tiroirs sur des titres plus longs qu’à l’accoutumée (quatre morceaux de plus de sept minutes). Le choix de la lenteur, de ces tirades de guitare issues du vieux hard des années 70, et d’une exécution instrumentale fleurant bon un feeling qui n’était pas jusque là la marque de fabrique des Anglais, voilà les ingrédients abondamment mis à profit pour faire de
Shades of God le disque le plus doom de sa discographie, avec par moments une inspiration, on l’aura compris, curieusement proche de celle d’un
Cathedral. C’est particulièrement le cas avec Your
Hand Is Mine, mais les morceaux No Forgiveness ou The World Made
Flesh ne dérogent pas non plus à cette atmosphère de plomb si particulière, même si ce dernier titre comporte un final aérien tout à fait agréable.
Paradise Lost fait toutefois preuve de variation, au travers par exemple de la rythmique massive et énergique de Pity The
Sadness, qui vient remettre un peu de percutant entre deux longues séances de doom, sans toutefois faire l’économie d’un bien beau passage empli de mélancolie en milieu de morceau. Toutefois, cette nouvelle tournure musicale de
Paradise Lost, si elle démontre à bien des égards une évolution technique évidente, n’est pas sans laisser de côté certains traits diablement sympathiques de
Gothic. La principale perte est sans doute l’absence de cette ambiance mystique, empreinte d’une magie très austère, qui faisait pourtant la force obscure de l’opus précédent. Pour dire la vérité, la magie n’est pas complètement envolée, car il faut attendre le dernier morceau,
As I Die, qui à l’instar de
Gothic, est devenu l’un des hymnes les plus fameux de
Paradise Lost. On y retrouve à la fois cette majesté époustouflante dans les riffs mélodiques et la beauté d’un refrain où se mêlent enfin les deux visages de
Paradise Lost, mariant sa rudesse ancestrale et sa nouvelle musicalité.
Et pour prolonger le parallèle avec
Gothic,
As I Die est un morceau d’une telle force qu’il en occulte quasiment de fait le reste de l’album, qui ne parait pas touché par la même grâce. C’est donc avant tout comme un album de transition qu’il faut considérer
Shades of God, passerelle essentielle du parcours des Anglais qui y maturent ici une évolution musicale et technique leur offrant de nouveaux horizons. Au-delà de cette transition,
Shades of God constitue tout de même au passage un témoignage de la contribution la plus importante de
Paradise Lost au doom metal, qui ravira les adeptes du genre.
Pour le reste, une part de l’atmosphère des débuts s’étant évaporée, un supplément d'âme manque au final pour étoffer la personnalité de l’album. Fort heureusement, cette magie réapparaîtra de plus belle dans l’album de la synthèse, le premier joyau de
Paradise Lost,
Icon.
Cet album a vraiment le c.... entre 2 chaises....album de transition stylistique il n en demeure pas moins bon mais juste moins simple à apprehender.
Pas celui qui tourne le plus....mais pour "As I die" on se doit de le detenir!
Les fans des premiers candlemass, black sabbath et cathedral peuvent largement s'y retrouver avec cet album souvent, à tort, sous estimé, en tous cas, c'est mon cas
Je trouve que cet album est très sous-estimé, il possède des riffs magistraux et une ambiance unique. Pour moi une œuvre à part, et non un album "de transition".
Toute la formation continue son évolution, elle s'améliore, en termes de composition, et de maîtrise des instruments. Bien sûr, un peu comme tout le monde on retient "Pity the Sadness","As I Die", et je rajouterais "Daylight Torn" et son très joli passage en guitare clair.
Pour moi ya toujours 2 gros points noirs qui ne sont pas encore comblés, ce sont les solos, sur Mortals Watch The Day, ya des notes vraiment pas joyeuses, ou la fin de Crying For Eternity, on n'est vraiment pas sur les plus beaux solos du monde... De manière générale, ils gâchent un peu les titres, moins que sur les précédents albums, certes. Et autre point faible, le batteur ! Sur "As I Die", il fait toujours le même roulement, puis alors un roulement de débutant, oui, je trouve que c'est très amateur sur ce plan, et il y aurait à redire sur toutes les chansons. Pas d'originalité, tout est très convenu, bref ça tire l'opus vers le bas. C'est un cran au-dessus de Gothic et Paradise lost est sur la bonne voie, car même si je suis plutôt sévère, les mélodies ont une réel impact, créant une atmosphère sombre et mélancolique qui fonctionne parfaitement. 12/20
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