Paradise Lost est un groupe qui impose le respect : non content d’avoir assis les bases du doom death britannique il y a 35 ans avec ses camarades d’
Anathema et
My Dying Bride, le combo emmené par Nick Holmes est également à l’origine de quelques-unes des œuvres fondatrices du metal gothique dans les années 90, rien que ça.
Si le passé du groupe en impose, le plus impressionnant est peut-être de se dire que, presque 40 ans après leurs débuts, les vieux briscards d’Halifax sont toujours là, dominant encore de la tête et des épaules la concurrence à l’occasion de la sortie d’
Ascension, leur excellent dix-septième album – dix-huitième si l’on compte le réenregistrement d’
Icon en 2023.
Après une période largement placée sous le sceptre d’un doom death désespéré et menaçant,
Paradise Lost confirme le virage opéré sur
Obsidian et revient à quelque chose de plus léger,
Ascension se présentant comme une collection de chansons assez catchy aux mélodies envoûtantes. Pour le coup, c’est à se demander si le réenregistrement d’
Icon n’a pas eu une influence sur les nouvelles compositions, car de nombreux morceaux semblent le prolongement naturel de la belle époque d’
Icon/
Draconian Times/
One Second, avec l’expérience en plus. En effet, le côté mélancolique est très présent, imposant largement la facette gothique du groupe (l’excellent
Tyrants Serenades à l’équilibre parfait, The Precipice avec ses notes graves de piano, son rythme lent et son atmosphère maussade, l’intro puissante et solennelle de
Silence Like the Grave avec ses arpèges lancinants, et ce refrain que l’on croirait droit sorti d’
Icon).
Ceci dit, on retrouve également des passages plus lourds (
Salvation, qui creuse un sillon plus doom, même si ce refrain au chant clair et ce superbe solo lumineux sonnent comme des éclaircies qui viennent trouer cette grisaille opaque, la première partie de
Diluvium, délicieusement plombée), ainsi que quelques passages plus rythmés et dynamiques (l’opener
Serpent on the Cross qui pourrait presque faire penser aux morceaux les plus mélodiques de
God Dethroned, la deuxième partie de
Diluvium, assez rock n roll, avec ses notes de guitare qui éclaboussent de partout, le très bon Deceivers). La seule évidence qui s’impose, c’est que dans tous les registres qu’il exploite et qu’il mêle habilement en une palette de gris aux nombreuses nuances,
Paradise Lost maîtrise parfaitement son art.
Le son froid et clinique peaufiné par Mackintosh au Black Planet met parfaitement la musique en valeur et contribue également à l’identité du groupe, avec cette balance parfaite entre graves et aigus, et cette frappe de batterie à la fois lourde et lointaine semblant comme enveloppée d’un halo mystérieux. Soulignons d’ailleurs l’excellent travail du guitariste qui s’en donne à cœur joie, avec cette palette de riffs dont il a le secret et surtout une floppée d’excellents soli qui viennent aérer et ajouter une touche plus lumineuse et musicale à l’ensemble (
Serpent on the Cross,
Salvation,
Silence Like the Grave, Deceivers, la superbe fin de The Precipice).
Le chant de Holmes n’est pas en reste, impérial et extrêmement diversifié, qui habille les compositions d’un supplément d’âme, passant d’un growl terreux à un chant clair toujours sobre et juste, sans oublier quelques vocaux un peu plus rugueux (sur
Sirens ou le lourd et saccadé
Silence Like the Grave, on retrouve même des intonations hetfieldiennes !).
En résumé,
Ascension est une nouvelle œuvre admirable, sonnant comme la parfaite synthèse d’un groupe qui se plaît à composer et jouer une musique sombre et misérable aux nombreuses facettes et à redéfinir son style musical depuis près de 35 ans. Finalement,
Ascension porte bien son nom puisqu’il semble vouloir mener toujours plus haut un groupe qui n’en finit pas de tutoyer les sommets…
Purée quelle admirable longévité; et à un tel niveau de qualité... Je ne possède pas tous les albums du groupe: j'ai les débuts, la fin mais je rattrape mes manquants au fur et à mesure. Album qui synthétise toute l histoire du groupe en apportant de nouvelles choses. Album parfaitement balancé, avec une partie plus calme mi cd qui au début peu interloquer mais passe crème si on aborde plus la chose de manière émotionnelle. Merci Icare car je n avais ecouté qu un seul extrait qui ne m avait pas conquis; mais ta chronique m'a fait acheter l album qui finira dans le top 5 annuel!!
Quelqu'un sait ce que valent les 2 bonus ?
Justifient ils l'achat de la version allongée
Ils sont tous les deux très bons et s'inscrivent parfaitement dans la continuité de l'album. Une petite rallonge bien appréciable que je recommande chaudement !
Rarement un album de Paradise Lost ne m'aura autant fasciné.
Très belle Kro soit dit en passant
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