Trois ans après l’abyssal «
Medusa », album radicalement sombre, caverneux et foncièrement lourd,
Paradise Lost publie en cette huitième année post apocalyptique, son seizième méfait longue durée, intitulé «
Obsidian ». Toujours produit par Jaime Gomez Arellano (G
Host,
Cathedral,
Ulver), les britanniques vont-ils une nouvelle fois enfoncer le clou rouillé de la radicalité et pousser leur doom/death poisseux et rampant à son paroxysme ?
Tuons le suspens tout de suite, la réponse est négative. Même si «
Obsidian » reprend les préceptes de ses deux prédécesseurs, la formation, qui n’a de cesse de se renouveler et qui refuse la stagnation, propose un skeud bien plus varié et « lumineux » (attention, toute proportion gardée, il s’agit de
Paradise Lost), avec des compositions plus simples mais pas simplistes, renouant avec ses racines des années 90, empruntant certains ingrédients qui firent son succès à l’époque, mélangeant doom, death, éléments gothiques, avec toujours une bonne dose de mélancolie, qui a toujours été l’essence de
Paradise Lost. «
Obsidian » oscille donc entre le doom éléphantesque, brumeux et poisseux comme sur le magistral « Ravenghast », qui, outre les vocaux gutturaux de Nick Holmes, sera véritablement le seul lien qui le rattache à «
Medusa », le lourd («
Fall From Grace »), le heavy («
Serenity »), élevant la rythmique sur le presque entrainant « G
Hosts » ou «
Forsaken », en passant par le rock gothique sur « Ending Days », la synthèse se faisant sur le fabuleux morceau d’ouverture « Darker Thoughts ».
Ne nous méprenons pas,
Paradise Lost traine toujours son splean et son pessimisme tout au long de cet enregistrement (la preuve réside dans l’intitulé des titres), la mélancolie est toujours aussi bien prégnante et l’obscurité est toujours de mise. Si «
Obsidian » est plus lumineux que son prédécesseur, il ne s’agit juste que d’une lueur blanche au fond d’un long tunnel noir, humide et froid (« The
Devil Embraced »). La formation a également instauré une atmosphère religieuse, presque mystique (« Ravenghast » ou « The
Devil Embraced ») au travers d’incursion d’orgue, de piano et d’orchestration (« Darker Thoughts ») ou de chœur religieux, disséminés ici ou là. L’accent a été mis sur les arrangements qui sont époustouflants, mettant en exergue la mélancolie et la tristesse.
D’ailleurs, le chant clair du père Nick, n’est pas étranger à cet état de fait, le bougre ne poussent jamais la chansonnette comme sur «
Host », misant sur des tonalités plus basses presque murmurées (« Darker Thoughts »), contrebalançant les growls profonds, amenant également de la variété à l’ensemble. Greg Mackintosh n’est pas en reste, délivrant de solis de hautes volées («
Forsaken » par exemple), faisant preuve, une nouvelle fois, d’un talent de composition hors du commun, quelque soit le style auquel il s’attaque. La section rythmique finit d’achever les derniers survivants, avec notamment une basse plus présente, donnant plus de puissance à l’ensemble. La production de Jaime Gomez Arellano est beaucoup plus claire et bien moins grasse que sur «
Medusa », donnant un rendu plus accessible et plus accrocheur, et, dotant l’ensemble d’un son en béton armé.
Le seul petit bémol que votre serviteur adresserait à l’encontre de ce disque est qu’il faut plusieurs écoutes pour pleinement pénétrer cet œuvre et que le chant clair plus prédominant, peut conférer à la première découverte, à une sorte de « mollesse », surtout passé le milieu de l’album, avec notamment l’enchainement de « Ending Days » et «
Hope Dies Young ».
«
Obsidian » est assurément l’une des meilleures publications de cette année Covid 2020, tous styles confondus, ne souffrant quasiment d’aucune faiblesse, d’aucun remplissage, faisant preuve de beaucoup de variétés, annihilant de ce fait toute forme d’ennui (sauf sur le fameux enchainement cité plus haut, aux premières écoutes) et de lassitude. Sa mise en son est parfaite et cette galette fleure bon ce que
Paradise Lost a concocté de meilleur dans les années 90. «
Obsidian » est sorti sous plusieurs formats (le coffret vinyle collector pour votre serviteur), certains sont agrémentés de bonus (« Hear The
Night » et « Defiler ») qui, vu leur qualité, auraient parfaitement pu être intégré à la setlist.
Après 30 ans de carrière, chapeau bas messieurs !!
Tres belle chronique pour 1 tres bel album qui rappelle l'age d'or periode ICON et DRACONIAN TIME.
Je le trouve aussi excellent, l'un des meilleurs des albums récents du groupe, parfaitement équilibré entre metal lourd et mélancolique et els facettesdoom/death/gothique avec lesquelles le groupe jongle maintenant depuis plus de 30 ans.
Merci pour la chronique!
Merci pour la chronique !
Effectivement il est beaucoup moins monolithique que Medusa ou même The Plague Within, du coup il nécessite moins d'être dans le bon mood pour l'écouter.
Comme Icare, je le trouve parfaitement équillibré entre toutes les influences du groupe. Décidément un grand groupe (et encore la preuve qu'on peut sortir des disques pertinents au bout de 30 ans de carrière, comparé à tout ceux qui sortent des trucs en pilotage automatique total).
Cette chro et les cols me feront-ils basculer dans le monde de paradise lost? En tout cas ça me donne envie d'écouter ça de plus près.
Merci pour le papier.
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