Quoi que l'on en dise, chaque nouvelle sortie d'un album de
Kreator est un petit événement en soi, tous ceux qui écoutent du metal en général connaissent ce groupe de guerriers originaire d'Essen en Allemagne. Depuis leur formation en 1982, ils arpentent la scène et n'ont jamais cessé leurs activités, faisant partie des pionniers du thrash, même pendant les périodes creuses du style ils sont restés là, en place, à l'image de groupes tels Sodom ou
Overkill,
Kreator n'a jamais baissé les bras ou rendu les armes.
Groupe très prolifique en terme de sorties depuis le terrible
Endless Pain (1985), le groupe nous revient logiquement trois ans après le bon
Hordes of Chaos (2009) avec leur nouvel album sous le bras, nommé
Phantom Antichrist (
2012).
Nouvel album, nouveau label, après trois albums sous l'égide SPV, ils signent un nouveau contrat chez THE BIG label
Nuclear Blast. Le disque sera produit, enregistré et mixé par Jens Bogren en Suède au fameux Fascination Street Studios (
Amon Amarth,
Opeth,
Paradise Lost, etc), dont le nom provient d'une chanson du groupe de cold-wave The Cure pour l'anecdote.
Comme on peut s'en douter, pas de souci pour le son, précis, puissant, claire et robuste, bref ça claque bien méchamment, et ça ne sonne pas synthétique.
Pour ce nouveau disque, on aura aussi droit à deux covers différentes, et magnifiques en plus, signées de la main du génial Wes Benscoter (
Slayer,
Mortician,
Nile, entre autres, bossant aussi pour Relapse Records ainsi que dans la réalisation de dessins pour des t-shirts).
Plusieurs éditions de l'album sont également disponibles, la simple, la version spéciale avec un DVD bonus sur le making of de l'album (Conquerers of the Ice) et un concert de 53 minutes environ regroupant des titres enregistrés lors du Wacken Open Air en 2008 (4 titres) et 2011 (9 titres), et enfin une version super-collector avec un t-shirt.
Entrons dans le vif du sujet à présent, l'album s'ouvre sur l'intro mélodique "Mars
Mantra" de plus d'une minute, installant le décor, et qui sera vite balayée par l'arrivée en trombe du redoutable "
Phantom Antichrist" avec la batterie martiale de Ventor qui frappe la mesure de façon virulente, suivi du puissant riff d'ouverture qui lance la machine. Morceau rapide, véloce, entrecoupé de quelques ralentissements de tempo et d'un refrain fédérateur et agrémenté d'un solo court particulièrement bien foutu.
Et c'est sans temps mort que s'enchaîne "
Death to the World" aux riffs tranchants, toujours soutenu par une batterie toute en force et par le chant rageur de sieur Mille qui n'a rien perdu en agressivité et en nervosité.
Viendra s'imbriquer ensuite ce qui constitue (pour moi) LE morceau de l'album, "From Flood into
Fire", plus posé au niveau du rythme, malgré une petite accélération en cours de piste, teinté de touches heavy bien relevées et d'un excellent refrain, et surtout d'un sublime solo aux alentours des 3:30 minutes, mélodique et virulent à la fois. Bonne claque ce titre.
Ce qu'il faut remarquer sur ce disque, c'est que
Kreator joue un peu plus sur un terrain mélodique, le côté heavy est assez présent sur certains titres et ressort particulièrement sur le morceau final "Until Our
Paths Cross Again" possédant presque une ambiance épique, ce qui casse du coup une forme de linéarité qui aurait pu s'installer et finir par gonfler lors de l'écoute, ça aère et c'est fort judicieux de la part du groupe, prouvant que
Kreator sait se renouveler, sans mettre de côté les passages déchaînés comme sur "Civilisation
Collapse" ou sur les morceaux cités un paragraphe plus haut.
Pour le coup, nous avons entre les mains un disque varié dans les rythmiques et les structures qui n'est à mon sens aucunement déplaisant. Un des gros points forts du disque outre sa diversité, ce sont les solos, inspirés, rudement bien trouvés et mis en place, incorporés judicieusement, rien de ce côté n'est laissé au hasard.
On sent que
Kreator a travaillé son album, la patte du groupe est directement identifiable, mais il se peut que certains n'accrochent pas d'emblée à cet ensemble (surtout ceux qui sont restés bloqués sur l'âge d'or des 80's), cependant, à mon humble avis, je pense qu'il est nécessaire pour apprécier à sa juste valeur ce
Phantom Antichrist que plusieurs écoutes attentives soient effectuées pour en tirer toute la moëlle, parce que ce disque vaut réellement son pesant de Kawet.
Mille Petrozza et sa bande signent donc une nouvelle fois une oeuvre à ranger dans la catégorie des très bons crus du groupe. Ils essayent de proposer de la nouveauté au lieu de stagner désespérément, tout en gardant leur personnalité, avec un disque qui ne s'apprivoise pas d'entrée mais au fil d'écoutes répétées, possédant son lot de riffs brise-nuque et de refrains entêtants, mais aussi d'ambiances plus nuancées. Je pense à n'en point douter que ces nouveaux titres vont venir se greffer à merveille avec l'ancien répertoire du combo lors de leur concerts endiablés.
Du tout bon pour ce 13ème album !
Greg.
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