Fer de lance du Thrash allemand avec ses compatriotes de
Destruction, Sodom et
Tankard,
Kreator fait partie des groupes les plus respectés de la scène metal, mené par Mille Petrozza puisant son inspiration dans la pensée kafkaïenne sur la destruction de l’être, combiné à une musique puissante. Depuis leurs débuts en 1982 sous l’acronyme
Tyrant, ils sortent quelques années plus tard l’album culte
Pleasure to Kill qui les projette sur la scène internationale et donnera lieu à d’autres albums de référence tels que
Extreme Agression et
Coma of Souls à l’aube des années 90.
Les années suivantes, le groupe innove en incorporant des éléments industriels et avant-gardistes dans leur musique en vue des projets musicaux d’autres groupes de la Rhur, berceau du
Metal Industriel allemand. Ainsi les albums
Renewal, Cause of
Conflict et
Outcast révèlent un groupe à forte inspiration musicale mais le succès n’est pas celui espéré en ces années où les formations allemandes prédominantes utilisent les éléments industriels et révèlent en Europe des groupes de
Gothic Metal comme
Lacrimosa.
C’est alors qu’en 1999,
Kreator sort l’album qui à ce jour reste le plus controversé de sa discographie :
Endorama est un subtil mélange de
Gothic Metal et de Thrash même si le premier est prédominant.
Esthétiquement, l’album est moins tape-à-l’œil et révèle d’emblée son côté mélancolique en laissant de côté la brutalité des artworks précédents. Un paysage chaotique duquel s’élève un arbre représentant parfaitement Mille Petrozza sous ses aspects de brute aux cheveux long qui est un fan incontesté de Pop avant d’être le chanteur de Thrash parmi les plus respectés. Le titre de l’album étant délimité «
End » « Or » « Ama », on aurait presque la vision du
End signifiant la fin de
Kreator tel qu’on le connaissait.
L’album débute sur « Golden Age » et dès le début on sait que l’on aura à faire à quelque chose de différent, comme des coups de fer dans une métallurgie sur un fond musical synthétique. La musique démarre clairement sur une rythmique industrielle pour devenir mélodique soutenu par la voix éraillée de Petrozza donnant au tout une mécanique déchirante.
Parmi les titres à retenir on peut citer l’éponyme
Endorama sur lequel intervient Tilo
Wolf de
Lacrimosa, Petrozza joue la carte d’un chant plus personnel en laissant à
Wolf le privilège des vocaux plus saturés.
Everlasting
Flame offre à l’auditeur une introduction mélodique de piano jouée ensuite en guitare. Les couplets dévoilent un Mille Petrozza en totale symbiose avec la musique avec des parties vocales pour le moins inhabituelles pour le combo faisant de ce titre un parfait mélange de
Gothic Metal avec néanmoins des mélodies électriques plus fidèles au groupe.
Ils s’autorisent même un titre pont, Entry, entièrement réalisé au piano loin de tout ce que
Kreator a pu réaliser, qui enchaine avec un titre on ne peut plus industriel en voix synthétique sur un rythme endiablé et dans la veine habituelle qui marque le point central entre le Thrash et le
Gothic/Industriel du groupe.
En conclusion, un album entre le Thrash
Metal et le
Gothic industriel des années 90, des titres équilibrés dans le temps avec également un petit ressenti de metal progressif malgré la durée moyenne des titres de 4 minutes, un album peu apprécié à sa juste valeur mais l’on peut comprendre la réaction des fans de la première heure, les albums précédents à partir de
Renewal qui marquent le changement de vision du leader Petrozza dans des thèmes plus profonds et personnels en se démarquant de ses rivaux allemands ou américains.
Néanmoins pour réparer ce qui fut considérer comme une erreur par les adeptes de la formation teutonne, ils sortent deux ans plus tard l’album
Violent Revolution marquant le retour aux sources avec une veine plus directe et plus proche des premières compositions dans la pure tradition du Thrash
Metal allemand.
Personnellement, j’ai découvert
Kreator avec cet album dans une période clairement
Gothic Metal en explorant le genre dans toutes ces facettes et c’est en découvrant cet album riche en influences que je me suis ensuite penché sur les autres compositions pour découvrir le Thrash
Metal plus en profondeur. Certes très différents des albums précédents,
Endorama montre que l’on peut composer des titres extrêmes pour ensuite faire une musique plus profonde avec de nouvelles influences.
Cet album n’est pas un échec, il retranscrit mieux la destruction de l’être de la pensée kafkaïenne chère à Petrozza par une musique plus mélodique et déchirante.
La déchéance des rois ? Non, la grandeur des seigneurs du Thrash
Metal allemand.
C'est sur que ça ne ressemble pas à du Kreator pur jus, mais en ce qui me concerne, j'adore cet album, il me transporte ailleurs. Un album à écouter bien tranquille et en ne faisant que ça: écouter et analyser.
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