Il est certaines rédactions qui vous font presque l’impression d’être un vieil historien grisonnant (ou chauve comme Max Gallo ça collera mieux à ma gueule…) , fouillant dans les pages d’histoires anciennes poussiéreuses et tentant modestement d’apporter son regard sur une époque que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître.
Dire que cet EP a un statut culte est un doux euphémisme, alors que les
Darkthrone,
Immortal et autres
Marduk n’avaient pas encore monopolisé la scène Black
Metal, la bande à Sakis (qui utilisait à l’époque le pseudo Necromayhem) proposait sa deuxième démo qui allait faire grand bruit dans les abysses underground du Black
Metal.
Rotting Christ avait pourtant débuté sa carrière sous la forme d’un groupe de Grind / Death mais prendra rapidement un virage décisif en suivant les traces de
Celtic Frost ou
Possessed ou
Bathory et en enregistrant une première démo
Satanas Tedeum (1989).
Passage to Arcturo (1991) est donc la deuxième réalisation de
Rotting Christ que l’ont peut qualifier de Black
Metal, cette pochette noir et blanc simultanément cosmique et blasphématoire est une parfaite approche pour appréhender la musique du combo.
Bien sûr comme beaucoup de groupes « à tendance Black
Metal » en ce début de des 90’s,
Rotting Christ est à la croisée des chemins du Black / Death et Thrash, les guitares de The
Old Spirit Coffin sont d’ailleurs franchement Thrash
Metal au niveau des structures, cela dit les vocaux écorchés de Sakis, un feeling parfois mélancolique et ce son étouffé très « catacombe » nous éloignent sensiblement des modèles genre
Dark Angel et
Slayer…
Le clavier de
Morbid (plus connu sous le nom
Magus Vampire Daoloth au sein de
Necromantia) fait son apparition sur The
Forest of N’Gai (non ce n’est pas un bois ou on organise des battues pour dessouder du gay…), apportant une dimension quasi mystique à ce long morceau à tiroirs. Le style des grecs est raffiné et subtile, plus en tout cas que ce qui est train d’émerger en Norvège à coups de linéaires interminables…
Certes comparé à ce que sort actuellement le moindre groupe de boutonneux avec un peu de matos, le son de
Passage to Arcturo paraît ridicule et la production bien maigre, mais cette production décharnée sied justement fort bien aux ambiance développées sur cette démo,
The Mystical Meeting délivre ainsi un Black / Death crasseux parfois limite au niveau de la mise en place mais qu’importe l’importance n’est pas forcément là, l’importance est dans le chant incantatoire de Sakis, dans ce break ou basse et clavier s’enchevêtrent, dans cette accélération centrale très
Possessed ou dans ces petits soli mélodiques laissant échapper quelques larsens pour plus d’authenticité.
Au delà d’une valeur intrinsèque qui pourrait paraître contestable, surtout en regard du superbe
Thy Mighty Contract qui suivra,
Passage to Arcturo possède une valeur historique incontestable et montre une volonté d’emprunter un chemin bien différent des différentes scènes Black en construction : la « raw » d’Amérique du Sud et d’Australie ou la « trémolos like » norvégienne. Hélas pour être précis et ne pas épargner cet objet culte d’une critique objective digne de ce nom,
Inside the Eye of Algond est un peu longue et répétitive et diminue à mon sens l’intensité générale de cet EP.
Quoi qu’il en soit
Rotting Christ a définitivement trouvé sa voix et
Passage to Arcturo avec ses imperfections mais aussi son contenu diablement intéressant et novateur, n’est qu’un avant goût du superbe premier album à paraître par la suite. Avec les multiples rééditions de ce disque, se le procurer doit être encore relativement facile, bande de veinards…
BG
Rotting christ est le pionnier de la scène bm grecque, malgré la présence d'autres formations comme Varathron ou Zemial, ce groupe a posé ses bases en premier et fut davantage prolifique. Alors qu'ils concrétisaient lentement la rupture artisitique sur Satanas Tedeum, l'Ep Passage to Arcturo, malgré ses imperfections techniques à l'allure trop rétrograde aujoud'hui, ce que tu as très justement souligné, est un disque carrément novateur. Sur ce dernier, le groupe parvient à distiller une atmosphère blasphématoire et un concept occulte encore à l'état embryonnaire en scandinavie et se place dans la droite lignée des tous grands de la première vague. Tout en préservant ses influences thrash encore fort marquées, il fut l'un des acteurs principaux de cette métamorphose progressive et conçut deux ans après le chef d'oeuvre Thy Mighty Contract, marque éternelle de la domination d'un groupe majeur de cette période. D'autant plus que leur musique se voulait déjà atypique et les clones de ce groupe ne furent pas légions.
Enfin, RC, jusqu'à Non Serviam, c'est culte et intouchable. J'attends avec impatience la kro de TMC. Bon boulot en tout cas.
J'aime Rotting Christ jusqu'à Triarchy of the Lost Lovers, je trouve la suite un peu moins marquante, bien qu'acceptable. En revanche le dernier Theogonia est un très bon disque.
Effectivement, ici il s'agit avant tout d'un disque historique: sa seule écoute suffirait presque à comprendre l'alchimie qui a lentement donné naissance à la forme définitive du black metal: chant d'outretombe avec ce qu'il faut de morbidité, son provenant des catacombes, et mélange d'influences thrash/death au niveau du riffing, que vient contrebalancer la volonté de lourdeur et de mysticisme (emploi judicieux de claviers sommaires).
Au delà de l'aspect historique, c'est avant tout un brouillon nécessaire à la réalisation du chef d'oeuvre de cette première période, Thy Mighty Contract.
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