Un anniversaire, ça se fête !
Décidés à ne pas rater leurs 25 ans comme ça avait été le cas pour les 20 ans, les lutins allemands érigés sous le symbole du
Joker ont mis les petits plats dans les grands pour offrir aux fans un objet de collection bichonné.
Là où beaucoup de groupes sortent des best-of pour terminer un contrat avec un label ou simplement avoir une sortie à promouvoir avant une tournée,
Edguy a décidé de multiplier les plaisirs avec le bien nommé "
Monuments".
Déjà, il faut saluer la qualité du sublime packaging de l’édition « artbook », en dimension vinyle, composé de cinq disques et d’une multitude de photographies de toutes les époques, y compris celle où ils n’étaient encore que des adolescents. Le groupe n’ayant subi que deux changements de line up dans son histoire (le départ de Dominik Storch pour Felix Bohnke et l’arrivée de Tobias Eggi Exxel à la basse pour soulager Tobi Sammet), le dernier remontant à 1999, l’évolution des membres est sympathique et montre avant tout un groupe s’étant toujours vu comme une bande d’amis ayant grandi ensemble, découvert le succès ensemble et assumé leur nouveau statut ensemble. Une telle stabilité est une rareté sur la scène actuelle et cette galerie de photos le rappelle clairement. On ajoute l’un des plus beaux artwork du groupe (si ce n’est le plus beau), avec l’inévitable figure de proue et de multiples rappels aux autres pochettes disséminés un peu partout (je vous laisse chercher les indices...) et déjà, l’objet est un plaisir pour les yeux.
Passons maintenant au contenu, et là aussi,
Edguy n’a pas fait les choses à moitié, même si on pourra regretter certains aspects. Vingt-huit titres en tout, cinq inédits spécialement composés pour l’occasion et une vieillerie de l’époque de "
Kingdom of Madness" ressorti pour l’occasion. A cela s’ajoute le fameux live in Sao Paulo de la tournée "
Hellfire Club" dont on retrouve le début sur le dvd "
Superheroes" et qui trouve ici enfin sa version définitive, lui qui avait été victime de problèmes techniques lors de sa création (ce qui est d’ailleurs expliqué dans "
Superheroes"). Pour finir, la version cinq disques comprend également la version audio du live. On ne peut pas dire que les allemands lésinent sur la quantité !
Je ne reviendrais pas sur le choix des morceaux choisis, étant globalement d’accord avec chacun d’eux. Tout le monde pourra dire que son titre favori n’est pas présent ou qu’un long titre aurait pu prendre la place de ceux présents mais nous rentrons plus dans des affaires de gout. Il faut en revanche saluer d’avoir placés certains morceaux peu joués (ou pas du tout) en live afin de leur faire un nouvel éclairage, notamment des titres comme "9-2-9", "
Holy Water", "Judas at the Opera", "Spook in the
Attic" ou encore "Key to my
Fate".
Évoquons plutôt les inédits. Loin de n’être que des faire-valoir pour avoir le droit de coller un sticker « Inédits inclus » sur le boitier, ils sont une façon de voir
Edguy en 2017 et des hypothétiques pistes pour l’avenir. "Ravenblack", premier extrait dévoilé, se veut sensiblement dark et aurait très bien pu faire partie du prochain
Avantasia dans sa dimension plus épique. Le riff principal est lourd, le rythme pesant et la ligne vocale relativement théâtrale, avant un refrain dans la pure tradition, démultiplié par des chœurs et l’envie de le chanter haut et fort. Efficacité maximum sur un break rentre-dedans où Felix fait parler la poudre et alourdi encore le ton.
Pas forcément le titre le plus évident pour ouvrir un best-of anniversaire ni le plus représentatif de nos joyeux lurons par sa tonalité sombre. "Wrestle the
Devil" se veut lui carrément hard rock et on sera surpris de remarquer dans les crédits qu’il a été écrit de la main conjointe des deux Tobias (une première pour Eggi) et de Sascha Paeth, toujours fidèle derrière les manettes. Un hard mélodique loin des débuts mais familier de ce que peut produire désormais le groupe. Ce qui change en revanche, c’est le côté tranchant du son, particulièrement de la caisse claire et de la grosse caisse, conférant un aspect moderne là où les albums récents du groupe avaient souvent une production « ronde » et chaleureuse.
Pas encore de réelles surprises pour ceux deux titres dévoilés avant la sortie...elles arrivent avec les trois autres bombes inédites ! Dans l’ordre, "Open Sesame" dans un registre très moderne et américanisant, surmonté d’un riff puissant et acéré, se démarque par les lignes vocales s’éloignant complètement du power allemand typique, pour le bonheur de certains et la déception d’autres. On reconnait bien sur aisément le magicien Sammet, particulièrement sur un refrain qui va clairement faire un malheur en live s’il est joué. Evoquant les affres de la jeunesse sur le business, la tentation du succès et de vendre son âme pour réussir, Tobias continu sur la lancée de "
Sabre & Torch" avec ce thème qui semble lui être devenu de plus en plus cher avec le temps. "Landmarks" continu de tout détruire mais nous ramène cette fois complètement en arrière puisque nous voici revenu à un véritable speed mélodique comme
Edguy n’en fait plus depuis un paquet de temps. Composé avec Jens, le groupe s’offre une cure de jouvence avec un refrain beau et fédérateur, un tempo rapide et des leads mélodiques à n’en plus finir tout le long du titre, surprenant même sur un riff ultra puissant en plein milieu du break, juste avant le solo, qui pourrait lui aussi faire un sacré effet sur scène. On se croirait revenu à l’époque de "
The Savage Poetry" !
Quant à "The Mountaineer", que dire si ce n’est qu’il est le meilleur des cinq nouveaux titres et qu’il est, pour la première fois de l’histoire du groupe, composé non seulement par Dirk Sauer mais également sans la participation de Tobias. Le vocaliste consentirait-il à lâcher du lest sur la création ?
Mélodique à souhait, lui aussi basé sur un lead, il est la preuve que les autres musiciens regorgent également de créativité et que leurs racines ne sont pas si disparues que cela. Le refrain est une petite merveille qui donnerait le sourire à un fan de doom (pari tenu ?) et la partie solo est un véritable archétype du genre. On regrettera simplement que le titre soit si court et trouve sa fin de façon si abrupte...
Quelques mots désormais sur le dvd. Bien que la tournée de "
Hellfire Club" soit mémorable et un immense pas en avant dans la carrière du groupe, on pourrait regretter que le groupe n’ait pas choisi d’incorporer ce « vieux » concert avec un autre plus récent de la tournée "Space Police – Defenders of the
Crown". Le live est bon, la setlist nickelle pour l’époque et l’ambiance est, Brésil oblige, bouillante mais il aurait été intéressant de confronter deux époques différentes, surtout qu’il se place finalement juste avant le dvd officiel "Fuck*** with
Fire" enregistré sur la tournée de "
Rocket Ride". On trouve également l’intégralité des clips en bonus mais il aurait été sympathique d’avoir quelques images de tournées, de voyages...le matériel accumulé avec les années devant être colossal. On ressort donc du dvd avec une légère impression de facilité, comme s’il n’avait pas été complètement pris au sérieux, même si Tobias Sammet a déjà dit plus d’une fois que le temps à consacrer aux vidéos ou à la création d’un dvd l’épuisait et qu’il préférait se consacrer à la scène et à l’écriture. Reste qu’il laisse un arrière-gout d’inachevé.
Vous l’aurez compris,
Monuments est un best-of qui, malgré tout, vaut le coup autant pour ses inédits loin d’être de vulgaires face B (ils sont meilleurs que pas mal de morceaux des derniers opus), son dvd et son packaging plus que soigné.
Un anniversaire, ça se fête et on y met les moyens. Maintenant, on espère que les rendez-vous scéniques bruleront les planches afin de prouver que 25 ans, c’est bien, mais 25 ans de plus, c’est mieux !
Je n'étais pas partant pour choper ce best-of, je me demande si je ne vais pas me raviser, merci pour la description :)
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