A l’heure où
Edguy défie la chronique avec son dernier opus "
Tinnitus Sanctus", il est bon de se rappeler comment tout a commencé, comment la légende a débuté, comment un grand groupe est né.
Edguy ne sera pas de ces groupes réalisant un premier album de folie et partant sur les routes pendant cinq ans avant de proposer un second opus. Non, la bande à Tobias Sammet, alors chanteur, bassiste, claviériste et compositeur (rien que ça ! et accessoirement âgé de…quatorze ans !) aura pris le temps de se trouver avant d’exploser, et ainsi de posséder à ce moment un line-up stable n’ayant pas bougé depuis (c’est quasi-historique dans la scène metal actuelle !) onze ans.
Mais revenons à nos moutons,
Edguy, sous la houlette de Tobias et ayant réussi à recruter des musiciens aussi jeunes que lui avec Jens Ludwig et Dirk Sauer aux grattes (deux potes d’école !) et Dominik Storch à la batterie par annonce, produit lui-même ce disque, voyant l’indifférence des maisons de disques à l’égard du groupe.
Après une première cassette introuvable sur "
Children of Steel", rapidement suivie de "
Evil Minded", les gosses de Fulda sont presque surpris de voir que rien ne se passe. La jeunesse aidant, ils décident de prendre le taureau par les cornes et, pleins de confiance et de naïveté, produisent un album qui leur permettra de décocher un deal avec AFM (futur très grand label allemand qui doit vénérer
Edguy encore aujourd’hui !) : "
The Savage Poetry".
Ressortie (sans retouches) à grande échelle en 2000 avec les morceaux rejoués, la version de 1995 vaut son pesant d’or pour le caractère culte qu’elle contient.
Entendez bien, le niveau musical est plus bas que terre (quoique…), Tobias y chante comme un adolescent, c'est-à-dire sans voix et en criant pour atteindre des notes et le son sent bon le garage.
Mais, finalement, je ne peux qu’être admiratif en voyant les morceaux qu’il avait composés à cet âge (quatorze ans, la maturité d’écriture y est énorme pour cet âge !!).
Tout commence sur l’intro de basse de "Hallowed" qui pose un refrain pas trop mal agencé, qui trouvera toute sa vigueur cinq ans plus tard. Tobias y a une voix criarde, mais son timbre se distingue parfaitement.
Mais c’est "Misguiding Your
Life" et "Key To
My Fate" qui impressionnent (toutes proportions gardées) car Jens y développe déjà du tapping, la double pédale y est à l’honneur (bien qu’elle ne soit pas régulière, Dominik n’ayant jamais été adroit dans ce domaine) et les quelques lignes de piano disséminées un peu n’importe comment (il faut l’avouer), montrant néanmoins une certaine volonté d’élaboration musicale.
"
Sand Of Time", jolie ballade, au piano sur-mixé fait vraiment sourire, notamment la fin, d’une niaiserie absolue. Qu’il est bon le temps de la jeunesse.
Pour ceux connaissant la version rejouée, "
Eyes Of The
Tyrant" et "
Frozen Candle" ont de quoi surprendre tant elles ont été compliquées. Initialement, EOTT est bien plus courte (huit minutes tout de même), les claviers évoquent Europe assez nettement et seule la partie solo (étrangement, d’habitude c’est l’inverse !) est reconnaissable car unique. Cet assemblement de solo, de break puis de guitare acoustique (de basse ici) est simplement magnifique (putain quatorze ans !).
Il est également amusant de remarquer que l’influence d’
Helloween ne se fait pas tant ressentir sur cette démo (certains riffs sont presque plus trash, sur "
Frozen Candle" particulièrement!), alors que les albums à venir les nommeront comme les descendants spirituels des précurseurs du style.
Une écoute nostalgique, rafraîchissante et empreinte d’un je ne sais quoi de mélancolie à une époque où la joie et la candeur de la jeunesse se sont définitivement envolées.
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