1999 : un jeune groupe décide de mettre définitivement le monde à ses pieds.
Edguy, originaire de Fulda, petite bourgade allemande, ayant grandi avec les mythiques
Helloween,
Gamma Ray et autres
Blind Guardian passe à la vitesse supérieure pour aller au moins aussi haut que leurs illustres prédécesseurs.
Suite à un "
Vain Glory Opera" hautement mélodique et symphonique, très puissant et heavy ayant fait rapidement parler de lui, la bande à Tobias Sammet (qui a abandonné la basse au profit de Tobias Exxel pour se focaliser sur le chant et les claviers) met le feu aux poudres et se catapulte littéralement vers des sommets d’où personne ne sera plus capable de les déloger avec ce "
Theater of Salvation" culte, symbole unique et nostalgique de la grandeur et la démesure speed dont Tobias et Jens Ludwig (guitare, qui composait également beaucoup aux débuts du groupe) étaient alors férus.
Un metal très mélodique, enthousiaste, touché par le doigt divin (que de beauté !) et surtout par le génie créatif que la jeunesse ne peut encore totalement contrôler, apportant ce surplus de spontanéité faisant toujours défaut par la suite.
Dès l’intro grandiloquente au piano et aux chœurs de "
The Healing Vision", on rentre de plein pied dans un album beau, gracieux et magique, avant de se prendre une baffe sévèrement méchante avec un "
Babylon" indispensable des concerts encore dix ans après sa sortie. Ultra speed (mon dieu que Félix est bon, des roulements de fou, simplement !), un chanteur s’inscrivant en fils spirituel de
Michael Kiske, possédant puissance, coffre et voix aiguë ainsi que des riffs souvent simples mais incroyablement inspirés. Toujours l’accélération au bon moment, le break là où on ne s’y attend pas (celui de "
Babylon" est une perle), des refrains qui rentrent dans notre crâne pour ne jamais en ressortir (la spécialité de Toby !) et des solos très mélodiques mais jouissifs.
La dernière note de ce morceau d’ouverture de Tobias restera dans les annales du groupe, une performance incroyable en termes de technique.
"
Theater of Salvation" est un nid de tubes en puissance, taillés pour la scène et les stades. "The Headless Game" représente probablement le meilleur hymne des Teutons. Un riff d’ouverture inégalable (et parfaitement identifiable), un refrain repris en chœur indispensable et assimilable, une batterie changeant sans cesse de rythme, deux parties solos splendides. Un tube en puissance je vous dis, un hymne de heavy metal. Le son met d’ailleurs parfaitement en valeur les nombreux éléments de la musique, très clair et puissant, sans tomber dans le brouillon comme ce fut le cas sur les albums précédents. Les abondantes orchestrations sont parfaitement audibles et la clarté du son renforce indéniablement la puissance globale, n’ayant pas pris une ride en dix ans (comparé à celle de "
Mandrake" je trouve !).
Ecoutez la ballade "
Land Of The Miracle" et sa fin en canon et vous comprendrez. Une multitude de pistes de chant se chevauchant dans une symphonie emphatique sans jamais qu’il y en ait trop pour nos oreilles touchées par tant de sensibilité et de musicalité (la ligne de piano est magnifique !).
Outre les autres tueries speed présentes ("
Wake Up The
King", "Falling
Down", le démentiel "The Unbeliever"), il faut évoquer "Holy Shadows", un des premiers titres hard rock d’
Edguy, mais mixé d’une manière heavy (ils n’avaient pas encore les moyens de prendre le temps de mixer les morceaux indépendamment !), au gros refrain mais à la simplicité plus marquée. En revanche, "Arrows Fly" marque par son intro moderne, digne d’un Maiden typique des grands jours (époque "Powerslave" ou "Somewhere In Time"), son tempo une nouvelle fois élevé mais également pour son refrain plus original et moins évident, une petite marque de créativité en plus.
Car, il faut avouer, en toute honnêteté, que
Edguy était alors largement au-dessus de la masse true metal qui lui aura tout de même permis d’exploser. Que ce soit
Hammerfall, Sonata Artica ou
Iron Savior,
Edguy se distinguait par un talent accru et une ambition musicale inégalée (
Hammerfall n’a presque jamais évolué en quinze ans, toujours la même recette…).
A l’écoute du majestueux titre donnant son nom à l’album, long de près de treize minutes, on remarque que
Edguy passait vraiment très près de l’exploit artistique.
S’ouvrant sur un chœur religieux donnant le sentiment d’appartenir à une messe, les orchestrations deviennent très vite la base de ce titre à tiroirs d’une richesse exemplaire. De plus, si l’on peut penser que de nombreux choristes soient venus épauler Tobias en studio, il n’en est rien. C’est uniquement lui qui, en superposant des dizaines et des dizaines de pistes de chant sensiblement décalées, provoque cette puissance et cette atmosphère grandiose. Et puis, parvenir à pondre un refrain si chantant et reconnaissable dans une si longue chanson tient du miracle, un peu comme
Nightwish qui, s’ils avaient explosé plus tôt, n’auraient pas manqué de devenir pour beaucoup la référence d’
Edguy tant la musique semble sur la même longueur d’onde, flirtant presque avec l'opéra (sur ce titre en tout cas).
Divisée en plusieurs parties, cette ode au metal dans ce qu’il a de plus beau et de plus noble côtoie autant le speed que le mid, notamment sur le premier break (5min40 !) angélique et solennel, une œuvre d’art ! Avant de s’accélérer et de retrouver un humour caractéristique malgré des paroles plus engagées que d’habitude ("
Heaven can wait !
NOW I'm living !
Heaven can wait forevermore.
Heaven can wait ! I am to live like I want to also before I'll die") concernant la liberté d’expression et l’influence de la religion sur nos actes, en témoigne paradoxalement la forte ambiance religieuse du morceau.
Une merveille qui ne semble jamais finir, repartant sans cesse sur de nouvelles bases alors que l’on croit voir venir la fin. Magique.
Je n’en dirais pas plus sur ce morceau, c’est déjà peut-être trop… Un album marquant donc l’apogée speed d’
Edguy, le symbole d’une jeunesse et d’une fougue à jamais disparues (avec ses qualités et ses défauts) avant que les rythmes ne deviennent plus lourds et heavy sur la réédition de "
The Savage Poetry" et "
Mandrake". Un indispensable du style… Tout est dit !
...
Excellent album de power mélodique, ce n'est pas celui qui me fera connaitre Edguy, c'est Mandrake.
Je préfère d'un rien le précédent mais j'adore 2 morceaux sur cet album: The Unbeliever que n'aurait pas renié Maiden et l'épique Theater of Salvation.
17/20
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