Le couperet tombe ! Inéluctable ! Tranchant ! Incroyable ! Irrévocable !
Michael Kiske est viré, avec plus ou moins une envie irréductible de la part du chanteur d’aller visiter de nouveaux horizons, le
Power metal ne lui apportant plus ce qu’il désire.
Helloween, prince (
Gamma Ray avait déjà pris du galon) du heavy speed européen, sans sa voix d’or, sans son charismatique et unique chanteur, ayant provoqué mathématiquement autant de chefs-d’œuvres (deux) que de bides (deux) mais ayant surtout permis l’éclosion définitive de tout un genre, en évoluant dans un univers encore complètement vierge.
Dès lors, comment imaginer un successeur, même si bon nombre le désirait dans l’ombre, sans oser perpétuer l’éventualité?
Le gouffre semblait atteint avec
Chameleon, plaçant des citrouilles en proie à des démons créatifs. Non pas que l’album souffrait d’un manque d’idées, au contraire, il ne parvenait pas à trouver de cohésion entre les riffs, l’apparition anachronique de cuivres et surtout d’un tempo revu à la baisse. Et Kiske, malgré son chant, ne parvenait à presque rien sauver des cendres brûlantes sur lesquelles le groupe fondait son cercueil.
Mais, lui parti, Weikath pensa faire un énorme ménage, en recrutant à la fois Uli Kusch (batterie) et surtout la perle rare en la présence d’Andy Deris.
Sorti de nulle part, venant des tréfonds de l’underground (chanteur de Kymela, dont aucun album n’a vu la lumière du jour), le beau blond se voit transposé en haut de l’affiche, avec une pression médiatique et critique accablante sur les épaules. A l’instar de
Blaze Bayley à la même époque, le groupe aura tenté un énorme coup de poker en optant pour un chant radicalement différent, mais on ne peut plus délectable.
Master of the Rings tombe donc du ciel, dans une fosse affamée aux crocs acérés, prêt à saigner définitivement des Allemands plus ou moins anxieux quant à la réaction des fans.
Mais, quelle ne fut pas la surprise à l’écoute de l’opus! Un son cristallin, largement plus puissant et brut que sur les deux précédents opus, une énergie et une rapidité retrouvées et surtout… ce chant… Deris… ! À croire qu’
Helloween avait le nez fin pour les chanteurs talentueux.
A la différence de son homologue passé, la voix d’Andy semble directement taillée dans le roc, sans fioritures, ni excès, simplement une puissance naturelle et colossale qui vous écrase et vous broie le crâne. Les capacités apparaissent comme quasi-illimitées, tant le nouveau venu est capable du plus agressif ("
Sole Survivor") comme du très mélodique et aigu (le magnifique "
Why ?").
D’entrée, avec "
Sole Survivor", Kusch démontre que lui non plus ne désire pas faire de figuration, et la paire Weikath – Grapow balance des riffs incisifs et jouissifs, sur un coulis de cris agressifs. Une double pédale lourde et oppressante offre un tempo ravageur, ne délaissant pourtant jamais la mélodie, notamment sur le refrain. De même, il se dégage à nouveau un sentiment d’unicité dans le son, de cohérence et d’entendre, à l’image des débuts, quelque chose de neuf et frais, particulièrement grâce à un vocaliste exceptionnel à la voix unique.
"
Perfect Gentleman" rallie le fan de la première heure avec un humour caractéristique, et surtout un aspect débridé et décadent qui sied à merveille à Deris, semblant maître en matière de dérision dans ses parties vocales. Les mélodies, sans être téléphonées, sont légères et accrocheuses, et ne peuvent que décrocher un inévitable sourire pour un groupe renaissant tel le phénix. Renvoyant à la période du célèbre gardien, l’ultime "Still We Go", par son riff et ses effets, ne peut que matérialiser dans nos têtes "A Little Time", mais avec un aspect plus lourd, plus dur et moderne malgré un refrain des plus mélodiques et assimilables. Encore une fois, Andy laisse filtrer un talent immense, passant d’un refrain suave à des envolées aiguës pour revenir à un couplet brut de décoffrage. Et ces solos… s’entremêlant, s’enlaçant, merveilleuse conclusion d’un opus que personne n’attendait à ce niveau.
Un niveau à plusieurs caractéristiques, parfois novateur, dont "
Why ?" semble l’instigateur.
Un aspect très mélodique, mais qui, sans jamais tomber dans la pop d’antan, est sublimé par le chant et surtout des claviers prenant la forme de nappes. Le refrain voit Andy s’envoler vers les cieux, d’une manière très particulière, non pas dans des aigus surhumains, privilégiant la beauté à la technique, le naturel au superficiel. Un refrain qui ne vous quitte plus, qui s’installe, qui s’ancre, à pleurer. Angélique. Et ce solo, qui aura inspiré bon nombre de groupes, mélodique mais sans une déboule de notes, qui deviendra la marque de fabrique d’
Edguy. Un aspect très mélodique que "Mr.Ego" transperce encore plus profondément, avec plus de maîtrise, moins de féerie mais surtout plus de tension. Le riff s’étire, infiniment, jouant avec les effets, nos nerfs et nos tripes. Le long break instrumental est superbe, latent, même si on peut regretter un Deris ayant parfois un peu de mal à disposer ses placements vocaux si particuliers, qui deviendront la particularité du
Helloween actuel.
Mais, outre quelques menus détails,
Master of the Rings frappe un énorme coup dans la fourmilière usée des citrouilles, et sonne comme un renouveau certain et empli de promesses qui, s’il ne trouvera pas une suite convaincante avec
The Time of the Oath, se verra transcender sur
Better Than Raw. Le renouveau était en marche, le talent aussi, l’inspiration suivant le pas… peut-être le second album le plus important de leur carrière, à défaut d’être le meilleur…
Je trouve la première moitié de l'album excellente, avec d'ailleurs tous les titres que tu mets en avant dans ton texte. A partir de "The Game Is on" et surtout "Secret Alibi", le niveau baisse sensiblement à mon goût et je trouve même que le groupe propose des titres plus prôches du marché US que du métal européen (par exemple "Take me home"). Surprenant à défaut d'être convaincant.
Après plusieurs nouvelles écoutes, je reviens un peu sur mon post précédent : ce skeud me plait de plus en plus! J'y trouve même des points communs au niveau des guitares et refrains avec le 2éme Keeper. Sans atteindre les mêmes hauteurs, je me dois de reconsidérer ma position et de dire que ce disque est bon.
Je ne suis pas un spécialiste du groupe, mais j'aime beaucoup ce nouveau line up d'Helloween, avec de superbes morceaux plus heavy métal que power mélodique ( c'est mon avis ) Mon album préféré jusqu'a présent.
18/20
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