L’exercice de l’album de reprises est parfois difficile, souvent risqué. Mais force est d’admettre que des groupes comme
Metallica, Guns N’ Roses ou
Exhumed ont réussi à faire de ce type de disque un réel produit attractif et non un simple attrape-couillon pour fan de base crédule.
Helloween, ayant déjà une très longue et glorieuse carrière derrière lui, s’est donc permis ce luxe (si pitoyable en début de carrière), ce rafraîchissement consistant à reprendre des titres paradoxaux lorsque l’on compare avec la musique qu’ils pratiquent habituellement.
En apéritif, un traditionnel mais toujours efficace
Scorpions pour rapidement passer à l’entrée constituée de Jethro Tull et Abba. Le plat de résistance se voudra ambitieux, avec, entre autres, du
Faith No More accompagné d’un soupçon de Beatles pour finir sur un dessert un poil indigeste en la présence de Cream (hehe, jeu de mots) et
Babe Ruth.
Bon, et si nous placions une analyse musicale sur ce menu ?
Assez logiquement, le titre d’ouverture, reprise de
Scorpions ("He's A Woman, She's A Man") est l’un des plus puissants et efficaces, et si la surprise n’est pas grande, mis à part une double pédale plus omniprésente que chez leurs compères aussi teutons, le tout se reconnait facilement et passe comme une lettre à la poste.
Mais un album de reprises est réellement intéressant uniquement lorsque le groupe se frottant aux reprises y intègre une interprétation personnelle, transformant les morceaux, voire transcendant les originaux afin de totalement se les approprier.
C’est le cas de l’étonnant mais absolument époustouflant "Hocus Pocus" du groupe inconnu Focus, totalement instrumental (si l’on fait abstraction des délires vocaux, très symptomatiques de l’esprit d’
Helloween soit dit en passant, entre chaque partie instrumentale). Sur cette chanson, on ressent une envie des Allemands de proposer une version personnelle, d’insuffler de la créativité dans des compositions ne sortant pourtant pas de leur plume, comme le démontrent toutes ces interventions délirantes, allant de la flute de pan à des sonorités festives dignes de lendemains de soirées, entre les solos déchirants de guitare, de basse et de batterie (blast, descente de toms, beat).
"
Metal Jukebox" vaut le coup uniquement pour ce titre à mon humble avis, contrairement au soporifique, inutile et plat (oui, je ne l’aime pas) "White Room" de Cream, plombant quelque peu l’atmosphère si particulière qu’avait instaurée
Helloween en cette fin de disque.
Si Cream reste un précurseur dans le monde du rock, la version des Allemands pêche notamment à cause d’un Andy Derris s’évertuant à vouloir décrocher des notes aiguës qui ne le représentent pas et qui rendent son chant irritant ici, plus encore sur ces riffs relativement traditionnels.
A l’inverse, le "
Locomotive Breath" de Jethro Tull passe admirablement bien, grâce à un Andy Deris cette fois en totale adéquation avec son sujet et surtout un refrain facile à retenir et un Uli Kusch multipliant les roulements afin d’offrir une dose supplémentaire de technique pour un titre logiquement simpliste.
Beaucoup pourront revenir sur la reprise de Abba "
Lay All Your Love on Me", également reprise par Tobias Sammet avec
Avantasia (et de plus de manière largement meilleure !) qui, si elle est bonne, manque un brin de folie, particulièrement lorsque l’on imagine le décalage entre les Allemands et les Suédois (celle de Tobias étant bien plus ambitieuse et osée !). Ici, tout paraît trop lisse, trop propre et l’on a finalement à faire simplement à une reprise jouée avec des instruments metal !
Quant à
Faith No More, également relativement loin de l’univers sonore des joyeux lurons,
Helloween nous gratifie d’une reprise originale et personnelle, sans pour autant être transcendante mais reste sympathique grâce aux nombreux claviers parsemant le titre.
"
Metal Jukebox" indispensable ? Non, pas si on le compare aux covers albums des groupes susnommés mais néanmoins un disque que l’on prendra plaisir à écouter pour les fans du groupe…quand nous ne trouvons rien d’autre sous la main !
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