Pour cette chronique, explorons encore une fois ces abymes insondables des temps jadis. Feuilletons encore ensemble les pages de ce grand livre d'histoire afin d'y lire quelques vérités cruciales sur un genre dont les adeptes les plus versatiles sont désormais très enclins à crier au génie devant une énième prouesse évolutionniste, et finalement peu à chercher à en comprendre les origines. Le présent et le futur étant évidemment nettement plus séduisant que ce passé trouble et obscure dans lequel certains adeptes ne veulent plus chercher de réponses.
Faisons donc cet effort consistant à nous immerger et pour nous replonger dans cet autrefois si didactique parcourons donc ces feuillets nous narrant le parcours de l'un des plus anciens groupes de Death
Metal néerlandais,
Asphyx.
En compulsant les chapitres initiaux du premier tome, ceux contant ces instants où ces bataves naquirent, difficile de ne pas constater à quel point ces débuts furent chaotiques et mouvementés. Narrer tous les événements de cette genèse serait sans doute long mais évoquons, tout de même, l'épisode de ce premier album avorté pour des raisons financières. Daryl Turner, le directeur de la maison de disque anglaise (C.M.F.T.) avec laquelle le groupe travaillait pour sortir ce fameux premier opus, fut contraint de cesser toutes activités alors qu'
Asphyx était en pleine session d'enregistrement. L’œuvre qui devait en découler est donc fortement compromise. Elle ne verra d'ailleurs pas le jour (du moins pas dans l'immédiat et il faudra attendre 1996 pour l'entendre (
Embrace the Death)). Le studio accepte néanmoins de fournir une copie non-mixée de ce disque à Bob Bagchus et à ses comparses. Une version que la formation enverra à divers labels afin de concrétiser ses desseins. Finalement signé par
Century Media Records, un premier opus baptisé
The Rack composé, presque essentiellement, de nouveaux morceaux, finira par sortir.
Après un épisode aussi extravagant, il serait commode de penser qu'enregistrer un second effort allait forcément être plus simple. Erreur. Entre les musiciens de ce projet, la cohésion s'est fortement détériorée et, alors qu'il faut donner un digne successeur à cet excellent premier album, les dissensions sont nombreuses et multiples. A tels points d'ailleurs qu'il se murmure que l'illustre Martin Van Drunen, déjà partis vers d'autres horizons, devait ici être remplacé par le bassiste Ron Van Der Pol. Un choix que
Century Media Records n'entérinera pas, sans doute conscient de l'impact du timbre du vocaliste qui œuvra sur
The Rack dans l'identité musicale très particulière du groupe. C'est donc bel et bien l'ex-membre de
Pestilence qui, de ses intonations si singulièrement déchirées et écorchées, sera la voix de ce "dernier sur terre".
Mais outre cette partition vocale toujours aussi admirablement insolite, cet album à d'autres qualités.
Asphyx y poursuit, par exemple, sur cette voie consistant à travailler les attributs spécifiques de son Death
Metal très personnel. Pour ce faire il use de divers éléments probants afin de donner un vrai tempérament et un vrai relief à chacun de ces titres (nappes succinctes de claviers sobres, breaks lents…). Le groupe continue aussi, et surtout, d'intégrer à sa musique ces désormais fameux passages lourds aux climats sombres dont les caractéristiques sont empruntées au
Doom. Le résultat atteint d'ailleurs ici une somptueuse perfection (M.S Bismarck, le superbe The
Krusher au démarrage admirablement pesant,
Last One on Earth, ou encore, par exemple, The Incarnation of
Lust).
La pochette de cet opus est, quant à elle, à l'égale de son contenu: sublime et ténébreuse. Elle nous offre, en effet, l'inoubliable vision de cet ecclésiaste, les mains dans le dos, portant une croix démesurée autour de son cou. Le visage de ce prêtre est terreux. Ses yeux sont diaphanes. Ce mort si expressif résulte du coup de crayon d'Axel Hermann.
Last One on Earth, deuxième album des Hollandais d'
Asphyx, est donc une œuvre magnifique. Elle dévoile toute les succulentes saveurs d'un "
Metal de la mort" très personnel que la voix de martin Van Drunen, ainsi que ces éléments inspirés par le
Doom, transcendent.
Pffff j'ai du mal à rentrer dans l'ambiance de cette galette d'Asphyx! Après un The Rack super, celui là est beaucoup plus difficile d'accès, il faut que je le bouffe sans modération...
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