Depuis sa résurrection en 2009 et la publication du très bon « Death...The
Brutal Way »,
Asphyx poursuit son chemin, en propageant son « death/doom old school » si caractéristique dont il est désormais le garant, depuis la retraite de
Bolt Thrower. « Deathammer », sorti il y a 4 ans (presque une éternité),
Asphyx décide d’ouvrir à nouveau la fosse commune, en jetant en pâture à la face de ce monde en décrépitude, son dernier méfait, intitulé «
Incoming Death », toujours produit par Dan
Swanö et imagé par Axel Herman.
En préambule, il est à noter que l’imposant Stefan Hürskens, remplace Bob Bagchus derrière les fûts, ce dernier ne pouvant plus assumer le rythme des tournées et préférant se consacrer à
Soulburn. Il faut souligner également que Martin Van Drunen a quitté les rangs de
Hail Of
Bullet, laissant peut être présager d’une présence plus importante du groupe sur le devant de la scène, ceci étant à mettre au conditionnel.
«
Candiru », qui introduit «
Incoming Death », ne fait pas dans la dentelle (ni dans la poésie) et attaque sans que les présentations d’usage ne soit faites. La thématique du titre tourne autour d’un poisson qui vit dans le fleuve Amazone et qui est capable de suivre l’urine de celui qui s’est oublier dans les eaux, afin de rentrer et de se fixer dans son urètre à l’aide de petits crochets, pour lui sucer le sang jusqu’à la dernière goutte. Côté musicale, ce morceau met une véritable rossée à l’auditeur, profitant de l’occasion pour l’attraper à la gorge pour ne relâcher son étreinte qu’aux tous derniers instants de l’œuvre. Cette composition « up-tempo » plante le décor et prouve qu’
Asphyx reste fidèle à ces principes et à ces préceptes, poursuivant dans l’entaille ouverte par « Deathammer », prenant la même recette, avec, cependant, un dosage légèrement différent car, il s’avère que «
Incoming Death » est moins rythmé que son prédécesseur.
Mais
Asphyx n’a nullement besoin de garder le pied au plancher pour annihiler tout sur son passage. Les titres d’obédience mid-tempo, majoritaires sur cet opus, comme « Wardroid », « Forerunners Of The
Apocalypse » ou «
Division Brandenburg » et les énormes accords dont seuls les bataves ont le secret (« Wardroid », « The Grand
Denial » ou « Wildland
Fire ») finissent d’achever l’entreprise de destruction massive, entamer par la formation.
Et même si
Asphyx ralentit la cadence, faisant honneur à leurs racines « doom », les hollandais continue d’être une source de douleur intense mais tellement jouissive, jetez donc vos cages à miel à « It Comes From The Skies », « The Grand
Denial » ou « « Subterra
Incognita » et vous me direz si vous n’avez pas mal aux gencives et aux cervicales, cette impression d’être au beau milieu d’un champ de bataille est bien perceptible, votre serviteur entend même les balles sifflées au-dessus de sa tête. Ce riffing pachydermique ajoute à l’atmosphère macabre de l’ensemble avec comme point d’orgue « Death : The Only
Immortal », une sorte de marche funèbre morbide, qui conclut cet album de manière totalement sinistre.
Nonobstant cette intelligence d’écriture, qui ne laisse aucune place à la lassitude, la force du groupe réside incontestablement dans l’art du riffing, notamment mis en exergue sur les morceaux les plus lents, trouvant son paroxysme sur « Wardroid », ce titre rappelant l’écrasant « As The Magma Mammoth Rises » et laissant pantois les deathters aguerris, qui en ont pourtant vu d’autres. A ce morceau, il faut ajouter « Wildland
Fire », qui brille par son alternance rythmique et qui est d’une efficacité redoutable. Ces deux compositions sortent de la masse, qui est pourtant qualitativement élevée.
La production de Dan
Swanö est également optimale, rehaussant l’ambiance poisseuse qui émane des compositions de «
Incoming Death ». Aussi, et c’est une habitude, Martin Van Drunen est encore une fois à son apogée, personnalisant à lui seul, le propos de la formation, lui conférant une identité remarquable. Les musiciens sont aussi au diapason, Stefan Hürskens suppléant parfaitement le fondateur Bob Bagchus.
Les points faibles ? Et bien, très peu et, si votre serviteur se veut tatillon, il dirait que « The Feeder » est assez convenu et générique, faisant presque office de remplissage. Je dirai également qu’
Asphyx fait du
Asphyx, mais il faut bien reconnaître, qu’en matière de recyclage, le combo en connait un rayon.
«
Incoming Death » est à ranger aux côtés des meilleurs œuvres de
Asphyx. Cet opus ne souffre quasiment d’aucune faiblesse, faisant preuve d’une grande efficacité et d’une forte addictivité. Après un bref survol de la zone sinistrée, il faut se rendre à l’évidence, «
Incoming Death » n’a laissé aucun survivant.
Par contre je ne suis pas fan de Wardroid non plus que je trouve nettement en dessous du reste de la galette. Comme quoi les gouts et les couleurs
Pas de remplissage particulier, chaque titre a son propre feeling et le son râpeux et chaud à la fois magnifie tout ce magma sonore.
Le changement de batteur n'est finalement pas pénalisant, n'y trouvant rien à redire face au jeu du remplaçant.
Cohérent, entraînant et implacable (la paire "Division Brandebourg"/"Wardroid"), Asphyx confirme la baffe de Deathammer, et règne sur le OSDM européen.
Un bon 17/20.
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