Les Etats-Unis depuis des lustres se plaisent à tout faire pour maintenir les apparences. Photo de famille annuelle oblige, on découvre une juxtaposition d’individualités communiant dans le botox et le silicone, un chien de race, une villa avec piscine, des voisins charmants, une start-up en plein essor, une Porsche dans le garage, la messe tous les dimanches, un régime équilibré à base de légumineuses, et fruits secs, le culte du sport, ni tabac ni alcool ni viande, et même lorsque daddy pète ça sent bon. En SOM une vie de carte postale commandée sur
Amazon, référence
666, parfois même tout simplement héritée des colons européens (W.A.S.P.). Derrière ce sourire de façade, le constat est sans appel : le pourrissement né de l’hypocrisie et du mensonge permanent de cette non-existence ne cesse de gagner du terrain ravageant tel un cancer toutes les relations, le corps, le cœur et bientôt l’âme. Subtilisant avidement le pourquoi et le comment par le combien, imitant comme un geai moqueur le cri du billet de 100 dollars, l’être humain est enfin devenu une marchandise comme les autres quel que soit son rang social et son domaine de compétences. Lorsqu’un beau jour le miroir se brise. Le choix devient très simple c’est la corde, digne et silencieuse, ou les hurlements de bête suivi d’un règlement de comptes au fusil de chasse.
The Crimson Idol, noble et résigné tel un requiem, signait la première forme de sortie, une auto destruction conceptuelle et artistique qui atteignait des sommets de grâce. La
WASP & Co alors au zénith de son art tirait sa révérence avec retenue.
Kill Fuck
Die est son opposé : une chute bruyante et vertigineuse, résultat d’une somme de bouleversements incontrôlables à l’origine d’une rage de vivre peu commune. Les clients de la
WASP & Co furent pris à la gorge, la
Nation incluse ; ces posers qui réclamaient leur ration comme une meute de bâtards jappe après sa pâté journalière. Le gouffre est immense et la plaie encore mal refermée. Paradoxe à la fois instinctif et réfléchi, K.F.D. est une revanche ultime proche de la tuerie de masse. Alors salope toujours d’attaque ?
Evidemment toi derrière ton écran qui a craché allègrement sur ce méfait, tu sais mieux que personne quels sont les bons, et les mauvais albums de
WASP. Et oui tu as une histoire avec eux, mais avec
Kill Fuck
Die tu n’as rien. En même temps, rien que l’objet, digipack gadget avec sa porte de frigo ouvrante, pauvre en qualité et en visuel, est repoussant ; les salauds ils ont bien travaillé leur produit. Impossible de trouver une image autre que la déception à laquelle te raccrocher, alors tu le rejettes. Tu me dégoûtes profondément, et je te mets au coin, allez, petit saligot, je ne veux plus te voir. Maintenant que nous sommes entre personnes à l’écoute les unes des autres, prenons un instant pour nous replonger dans cette époque ténébreuse. Chris et Blackie se séparent assez brutalement en 1989. En réalité une tierce personne a sciemment planté un fer rougeoyant entre les deux ; les ego, la came et l’alcool ont fait le reste. Cette personne, c’est
Lita Ford, elle emporte le morceau, enfin Chris, au nez et à la barbe de Blackie, qui enrage tout ce qu’il peut. L’idylle entre les deux tourtereaux va tourner au fiasco en moins de 5 ans dont 2 de mariage, laissant Chris sur le carreau, amer et furieux. Blackie pendant ce temps reste aussi discret sur ses relations qu’efficace sur ses compos, mais bon tout Blackie qu’il est, il n’en possède pas moins un petit cœur notre rocker. Foulé au pied le palpitant par la plus tendre des garces, qui lâche le géant pour un…e autre nana. Elles ne manquent pas de suite dans les idées surtout lorsqu’on refuse de se marier avec. Et après tu la ramènes parce que tu ne comprends pas le pourquoi du comment de K.F.D. Tu combines la rage de l’un avec le désespoir de l’autre et tu obtiens une magnifique arme de destruction massive.
Kill Fuck
Die a filé de l’urticaire et la gerbe a une grande partie de l’auditoire, objectif réussi en réalité, car ce méfait n’a pas été conçu pour être aimé, à moins d’être masochiste ou vrillé à un point tel que même la psychiatrie déclarera forfait. K.F.D., comme son nom l’indique, a été forgé dans la haine d’au-truie, il a pour but d’ordonner, de dégoûter et enfin d’annihiler, et je trouve qu’il atteint la cible en plein dans le mille. On peut a minima lui reconnaître la prise de risque, le caractère déviant, la malveillance qui l’anime, ce qu’aucun autre album de
WASP n’exprime à ce point. C’est un album écrit la plume et le mediator trempés dans le vitriol, qui ne s’embarrasse d’aucun ornement. C’est crade, noir et volontairement malsain. Il manifeste une radicalité industrielle peu commune pour un groupe de heavy, pas très éloigné de The Downward Spiral. Le metal a cédé sa place à une mécanique implacable aux sonorités synthétiques et glaciales. Tous les instruments semblent avoir été passés à la moulinette, leur ôtant toute chaleur, et rondeur pour les retailler en fusils d’assaut. La voix de Blackie n’échappe pas à la sentence, on lui retrouve une hargne caractéristique mais le timbre n’a jamais été à ce point déshumanisé et crépusculaire. La vie semble avoir quitté le groupe. C’est une marée noire qui vient engluer et noircir vos derniers souvenirs. Les morceaux
Kill Fuck
Die, Killahead et Little Death alignent branlée sur branlée et demeurent un défouloir cathartique aussi basique qu’une baston d’ivrognes dans un bar après la clôture. Le point fort de cet opus, direct et violent, reste le soin apporté au développement d’atmosphères angoissantes comme sur
Kill Your Pretty Face et The Horror, ou l’attente confine au supplice pour les voir enfin décollés. Ces deux titres acquièrent une dimension exceptionnelle en concert. Mention spéciale aux titres My
Tortured Eyes et U qui agitent le spectre sonore du vieux
WASP pour mieux le piétiner à coups de distorsions indus profondément nihilistes. Les deux géants, à nouveau sur la même longueur d’ondes, ont apporté chacun leur contribution : Chris a amené une bonne partie des riffs, et Blackie s’est éclaté sur les paroles et la production, secondé par Mikey Davis, pour accoucher d’un putain de pavé dans la gueule d’une société nécrosée.
En définitive K.F.D. sonne la fin de la récré, les cadavres sont sortis des frigos et exposés à la vue de tous. Pour Blackie et Chris, la vengeance n’est pas qu’un plat qui se mange froid, elle se doit d’être directe, publique et brutale. Alors mesdames, la prochaine fois que vous aurez la bonne idée de blesser l’orgueil de mâles sans être foutues de les achever, ne vous étonnez pas de recevoir une humiliation publique en retour. F.O.A.D. !!!
Merci pour la chro. J'ai rententé ma chance avec ce disque une bonne dizaine d'années après ma dernière écoute mais non, rien à faire, je ne trouve pas grand chose pour me faire plaisir. Même le chant de Blackie dont je suis un immense fan depuis ses débuts avec Wasp ne me touche pas ici. Tant pis pour moi :-)
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