Le début discographique d’
Evergrey coïncide avec l’essor des pointures du metal actuel, groupes ayant renouvelés le style de manière beaucoup plus professionnelle et diversifiée. De nombreux groupe de heavy se sont ainsi démarqués grâce à leur créativité apportant des touches symphoniques et mélodiques novatrices à leurs compositions (
Nightwish,
Stratovarius,
Symphony X). Le revival du post black metal/ death metal propose, quant à lui, des sonorités de plus en plus mélodiques et empreinte des rythmiques propres au Heavy traditionnel.
C’est en 98, qu’atterrit «
The Dark Discovery » dans les bacs, au milieu de bon nombre de skeuds majeurs sortis la même année. Mélange d’un
Power Metal progressif lourd et mid tempo teinté de consonances gothiques, il bénéficie d’un son particulièrement sombre et une interprétation réalisée avec une voix lyrique probablement là ou tout le monde attendait des growls… Ce chant, de surcroit, ne ressemble en rien aux vocalises aiguës des formations contemporaines mais se veut plus grave et solennel, se mariant parfaitement avec l’ambiance obscure de l’album… un groupe différent prenant des risques payants puisqu’il attire l’attention sur lui et s’exporte au delà des frontières suédoises.
Comme vous connaissez la suite je ne passerai pas en revue la discographie du groupe, mais il convient d’admettre que chaque sortie divise la communauté, critique du son, du contenu… et toujours l’étrange sensation d’avoir un bon album mais avec un potentiel qui demande qu’à être d’avantage exploité…
Evergrey a eu la chance de bénéficier d’une promotion très efficace, d’artworks soignés et d’une stratégie de vente élaborée lors de chaque sortie… « Monday Mourning
Apocalypse » qui montre un changement peut être un peu trop radical et vient ternir quelque peu un avenir si prometteur. Les concerts se raréfient, du moins en France…
Torn ne parvient pas à intéresser les foules, trop peu de promotion, malgré un potentiel toujours présent.
«
Glorious Collision » devait être le testament d’
Evergrey : issu après bon nombre de problèmes internes, il condamne deux membres originels d’accoucher douloureusement du dernier chapitre chargé d’achever la discographie. Critiqué à cause d’un son et d’un mixage approximatif, «
Glorious Collisions » possède des compositions de qualité, originales et abouties. Un dernier effort en forme de
Requiem sublime : le groupe peut s’éteindre dignement…
Mais en 2014, le groupe ressuscite et propose ce «
Hymn For The Broken », neuvième album. L’artwork peut paraître assez déconcertant pour un groupe de gothic, mais là encore demeure la singularité du groupe.
Tom S Englund s’est entouré de certains de ses anciens compères, ceux qui avaient permis au groupe d’exploser pendant la période "
The Inner Circle ». H. Danhage, et
Jonas Ekdhal, partis formés
Death Destruction, sont de retour ! Le groupe s’est attribué les services de J.Hansen, derrière les manettes et ça se sent, le son possède un équilibre jamais égalé et s’avère encore plus percutant par rapport aux anciennes réalisations.
La première écoute révèle une véritable pépite, un chef d’œuvre, une œuvre monstrueuse et inspirée, une parfaite symbiose entre le passé et… le divin.
Après une introduction qui nous plonge à la fois dans le chaos d’un soulèvement mais aussi les espoirs de lendemains meilleurs. L’intensité du combat menace d’imploser le fort intérieur déjà en proie à ses conflits intrinsèques et au doute qui perdurent depuis plusieurs albums déjà…la lutte reprend donc et s’étale sur 11 titres massifs.
«
King Of
Error » se voit la lourde tâche d’ouvrir l’album et d’assurer la promotion pour que vous puissiez patienter en attendant la sortie de l’album. Du grand art, progressif à souhait, arborant un apparat simple mais efficace. Un titre montrant qu’
Evergrey a quasiment réussi l’impossible, à savoir rendre accessible ses compositions, les sublimer par des arrangements divins et les rendre terriblement attrayantes. Un titre novateur dans la longue carrière du groupe.
La force de cet album est de nous emmener loin dans l’émotion, en utilisant certains sentiers déjà empruntés antérieurement mais peut être de manière moins intense… «
A New Dawn » peut être le mélange parfait entre certaines compositions présentes sur « Thorn » mais peut aussi nous marquer par l’aspect électronique et moderne propre au morceau « Ambassador » ainsi que sur d’autres compositions jadis expérimentées sur l’album «
The Inner Circle ». Encore une composition qui va droit au but tout en possédant une richesse émotionnelle rarement égalée par le passé.
L’album est très équilibré, homogène, divin dans la palette d’émotions particulières que possède chaque chapitre et qu’il convient d’appréhender. Les titres s’enchainent, matérialisant le conflit intérieur dont il était déjà question depuis les premiers méfaits du groupe, avec la mélancolie en l’infiniment obscur en toile de fond.
De nouvelles sonorité beaucoup plus rock/gothique font aussi leur apparition sur ce «
Hymn Of The Broken », le divin « Archaic
Rage » en fait justement partie, de par son riff d’introduction et son interprétation, il frise l’excellence grâce au travail d’orfèvre de R Zander, apportant cette profondeur.
La supériorité de cet album réside sur le talent vocal de Tom apportant un Lyrisme et une justesse sublimé par la majesté des chœurs Les mélodies sont inoubliables, amenées avec beaucoup d’intelligence et de précision par l’harmonisation et l’articulation des différents instruments. Rien ne semble avoir été laissé au hasard…
Le ciel semble se dégager au fur et à mesure de l’album, «
Barricade » semble être le morceau le plus positif, malgré un aspect musical martial, il apparait aussi très aéré et permet de faire ressortir la qualité du songwritting.
The le titre éponyme de l’album est un régal nous inflige le coup de grâce… et vient couronner
Evergrey comme souverain absolu.
« Missing You » est intemporel, Englund vient juste poser sa voix sur une structure musicale très dépouillée. Une échappatoire nécessaire qui saura heurter votre sensibilité et ébranler votre fort intérieur…
« The Grand
Collapse » l’une des pièce maîtresse de l’album, progressif, parfait, complexe, extrêmement sombre et essayer de le décrire serait une hérésie… allongez vous et osez accomplir cette transcendance qui ne laissera pas l’intégrité de votre instance moïque stable très longtemps…
Cet album captivant s’achève par « The
Aftermath », titre possédant une couleur très particulière… Un morceau que l’on pourrait presque choisir pour clore son propre chapitre…
Il est vrai que l’album peut s’avérer déroutant pour ceux qui attendaient quelque chose de plus agressif et rapide, pour ne pas dire à la mode,
Evergrey a choisi l’authenticité. On ne doit donc rien attendre d’un groupe de cette envergure, c’est lui qui dicte la loi et vous emmène là où il le souhaite. Faisant de tous les styles et de ses expériences passées une véritable alchimie servant sa cause sombre, il nous propose cet album dantesque et envoûtant. La perfection semble désormais de ce monde et sera bientôt entre vos mains, je l’espère… pour moi la sortie de l’année et une véritable claque. Quand on possède 14 ans de règne sans partage …
Je partage totalement l'avis tranché d'Eternalis, le succès de ce groupe est une injustice, ou plutôt l'insuccès. Les talents de composition et d'execution sont phénomenaux. Découvert après "The storm within", d'ou mon post tardif, je suis subjugué par l'écriture musicale. Ce qui peut être agaçant avec Evergrey, c'est qu'il y a toujours un truc qui me passionne dans chacun de leur morceau. Ce peut être une ligne de chant, un riff de guitare, quelques notes aériennes de clavier et bien sûr le bastonnage de la paire rythmique sans faille. Alors oui cet exceptionnel album est injustement renommé. J'ai hésité pour le 19. Le temps me l'impose...
C'est incroyable de voir qu'apres 5 ans ce disque fascine encore autant. Moi en tout cas il me fascine encore autant. Je te conseille également TRES TRES fortement le dernier album, The Atlantic qui est tout aussi extrordinaire que ce Hymns For The Broken. The Storm Within est un peu coincé entre deux feux a mon sens. Pas un mauvais disque, juste un peu innabouti par moments.
superbe album !!!
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