Evergrey est l'un de ces groupes reconnaissables entre mille, oeuvrant dans un heavy extrêmement empathique avec une petite touche de prog, et cette formation révèle au fur et à mesure de ses sorties une facette différente de son potentiel (plus ou moins exploité il est vrai). En 2006, après un Inner
Circle au son extrêmement mécanique, restant en retrait face au grandement réputé
Recreation Day,
Monday Morning Apocalypse déboule avec un nom des plus satyrique et un artwork assez peu communicatif... Mais intéressons-nous plutôt au contenu car nous parlons d'
Evergrey, un groupe qui nous livre toujours des albums de qualité, aux faiblesses plus ou moins prononcées...
Dès les premières écoutes, on constate que la formation a exploité le filon agressif de son jeu, misant sur les riffs heavy et les rythmiques nerveuses, c'est principalement le cas dans le titre éponyme, petit bijou de seulement 3 minutes. S'ouvrant sur un riff simple mais qui tire tout de suite dans le mille, il s'articule autour d'un refrain étrangement décontracté dont la simple écoute donne à l'auditeur un sourire assuré. On reprochera le fait, reproche que l'on pourra appliquer pour l'album dans son intégralité, que chaque piste présente plus de travail au niveau de son refrain... Ce fait est particulièrement flagrant dans des titres comme
Lost, In Remembrace ou At
Loss For Words. Malgré le fait que les mélodies fassent directement mouche, les lignes vocales sur les couplets, ou le pont, paraissent répéter inlassablement les mêmes notes, il n'est d'ailleurs pas rare que plusieurs couplets de différents titres présentent des similitudes déconcertantes (In Remembrace, At
Loss For Words, ne parlons pas du pauvrissime The Curtain
Fall)...
Fatalement, cette pauvreté mélodique pourra également s'appliquer aux riffs dangereusement similaires. En effet, en comparant ceux de Monday
Morning,
Apocalypse, The Curtain
Fall et I Should, le schéma reste le même (noir, noir, contretemps, contretemps, contretemps...), non pas que l'écoute en devienne désagréable, mais nous parlons d'
Evergrey, créateur de bien des chefs d'oeuvres d'inspiration..
Si nous poursuivons la tâche ingrate de dénicher les faiblesses de cet effort, nous pourrons évoquer le fait qu'
Evergrey se soit montré moins expressif qu'à l'accoutumée. Il y a bien ce sublime « Still In The Water », à la noirceur extrême, porté par la voix pleine de détresse de Tom, « I Should » dont on ignorera le précédent reproche pour savourer ce refrain nostalgique, ou le mélancolique « The
Dark I Walk You
Through », très inspiré. Le reste des titres se contente de refrains ravageurs, de riffs destructeurs, de sublimes parties vocales en oubliant malheureusement ce que l'on aime chez
Evergrey...
Si on ne chipote pas, l'auditeur amateur devrait amplement trouver son bonheur, car l'album reste d'excellente facture, il y a toujours ces structures imprévisibles et ces refrains qui font mouche, sans parler de cette guitare plus mordante qu'à l'accoutumée (un peu moins inspirée aussi...). L'écoute de « Unspeakable » en dit d'ailleurs long sur ce léger changement de recette, si l'on fait abstraction du manque flagrant d'émotion, on se retrouve avec un titre à la rythmique headbangante, plein de relief, aux couplets nerveux et au refrain mémorable. Dans cette veine, on pourra citer « At
Loss For Words » où Tom s'en donne à cœur joie en nous montrant la facette la plus agressive de sa voix.
En plus d'être entraînant et imaginatif, l'album se propose de nous livrer une panoplie de titre très différents, bien sûr, en ignorant les certaines similitudes assez gênantes, toutes les pistes se suivent de façon fluide et chaque chanson nous propose son moment d'anthologie. On pourra citer ces aigus improbables sur «
Lost », ce solo extrêmement malsain sur « Still In The Water », ou ces choeurs blasés sur « In
Remembrance ». Comme toujours,
Evergrey est gage de qualité, pas de perfection.
Bien sûr, après analyse, on pourra se dire que
Monday Morning Apocalypse est un de ces albums qui ont divisés les fans (aux côtés de
Torn,
Glorious Collision...), mais on ne peut se cacher que la formation nous livre encore une fois un travail honorable. Certes on reprochera une facilité par des titres plus formatés ou des lignes vocales parfois peu inspirées sans parler de ces guitares quelques fois redondantes, mais on saluera le fait que le groupe ait ouvert sa musique à un auditoire plus large.
Plus facile d'accès, l'album est conçu pour faire directement mouche, et dans cet objectif,
Evergrey a parfaitement rempli son contrat.
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