Evergrey est à mon sens un groupe remarquable. La bande à Tom Englund a, avec des groupes comme Nevermore, réussi à renouveler le genre Heavy
Metal/
Power au sens large engoncé dans ses clichés antédiluviens sans le dénaturer. Armé d'une solide artillerie de riffs saccadés Meshuggesques ainsi qu'un sens de la mélodie triste et belle frôlant parfois un certain aspect gothique,
Evergrey a réussi à servir un cocktail innovant, attractif et racé tout en respectant les basiques du
Metal. Le joyau "
In Search of Truth" en atteste.
Evergrey explose à la face du monde avec ce troisième album superbement maitrisé.
Après un "
Recreation Day" dans la lignée de son auguste prédécesseur,
Evergrey retourne vite en studio, cette fois sans Andy LaRocque et son célèbre Los Angered. Il en résulte cet "
The Inner Circle", un autre concept album, cette fois basé sur les religions et l'asservissement résultant de celles ci inévitablement chez certains disciples auprès de maîtres pas toujours très propres.
Ce qui marque d'entrée au niveau de la production, c'est ce son moins puissant mais paradoxalement plus clinique, moins spontané que l'album précédent. Ca sent les multiples prises afin de polir encore et encore les chansons, au détriment du groove. Les quelques pistes d'enregistrement superflues le prouve. On notera également un son de batterie très faible ne faisant pas honneur aux capacités du nouveau batteur
Jonas Ekdahl. On aime ou on deteste, mais mieux vaut ne pas juger un album uniquement sur ces détails.
Venons en aux chansons justement. Alors que le morceau d'entrée s'inscrit parfaitement dans la tradition
Evergrey, original et entrainant, le second titre, "Ambassador", malgré une mise en place musicale parfaite et une relative complexité appréciable, marque moins à cause d'un refrain trop simpliste et trop conventionnel. Les lignes mélodiques semblent moins recherchés. Il en est malheureusement ainsi de la quasi totalité de la seconde moitié de l'album, de "The
Essence Of Conviction" au franchement faible "
Faith Restored", sans oublier l'ennuyeux instrumental de fin.
Evergrey a simplement oublié l'inspiration en route, oublié de vraiment travailler ses mélodies, ses refrains, ses ponts. La technique ne fait pas tout,
Evergrey semble avoir cherché une certaine facilité.
Le groupe ne manquait pourtant pas de certaines ressources. "Harmless Wishes" et son superbe couplet, "Waking Up
Blind" et ses douces lignes vocales, ces titres plutôt calmes et lents restent bien en tête. La tonalité générale de l'album est d'ailleurs bien plus calme que les précédents opus, influencant certainement un peu mon appréciation générale. Ces titres sont sublimés par la voix unique de Tom, cette voix, élément moteur du son
Evergrey. On retient aussi le bon "
More Than
Ever" et son riff bien trouvé, ainsi que l'excellent "In
The Wake Of The Weary", ou les rares interventions vocales de Carina, la compagne de Tom, sont plaisantes et bien placées. Quand aux autres musiciens, le guitariste Henrik Danhage et ses soli fins en tête, rien à dire, c'est du solide. Mention au clavier Rikard Zander et ses discrètes lignes de clavier judicieuses, qui s'en sort avec brio sans en faire des tonnes.
Dans le rayon des (petites) remontrances (encore), et d'un strict aspect musical, on peut noter un abus de riffs saccadés parfois stériles et ne collant pas toujours à la mélodie des morceaux. On sent là le travail de studio scindé qui donne parfois ce genre de résultat. On peut aussi déplorer ces quelques effets peu pertinents sur la voix chaude et grave de Tom, qui n'en avait pas besoin, ainsi que ces textes déclamés censés être le fil conducteur du disque mais qui n'apporte finalement rien à l'ambiance générale. Je trouve même que ca "coupe" l'élan des compositions, rélèguant la musique en fond sonore.
Au final, ce "Inner
Circle" est moins convaincant que ses deux remarquables prédécesseurs, la faute certainement à une certaine précipitation. Je doute que sortir deux albums en moins d'un an soit profitable à la musique fine d'
Evergrey. Du travail néanmoins supérieure à la médiocre masse Heavy Metallique actuelle, c'est certain.
Evergrey possède au moins une identité propre, lui. Mais ici, il devait faire mieux. Un bilan mitigé donc.
On se consolera quelque peu avec l'édition digipack, qui contient trois morceaux de "
Recreation Day" enregistré en acoustique dans plusieurs FNAC francaises en 2003. Superbes versions sensibles qui démontrent que décidemment,
Evergrey possède plusieurs cordes à son arc. A eux de faire fructifier ces talents.
Excellents: "Harmless Wishes", "In
The Wake Of The Weary"...
Très faibles: "
Faith Restored", "When The Walls Go
Down"...
12/20
En fait, je trouve cet album asez proche de recreation day, qui me semblent tous deux à part dans la discographie d'Evergrey( ce sont aussi mes albums préférés).
Cependant, on ne va pas se fâcher sur la dernière piste, qui aurait peut être été sympa si elle n'avait pas duré aussi longtemps. enfin, Sinon, je suis sur le dernier, et j'ai encore d mal à me faire mon avis ^^
Mais cet album reste pour moi le melleur!!! 18/20
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