Heritage

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16/20
Nom du groupe Opeth
Nom de l'album Heritage
Type Album
Date de parution 20 Septembre 2011
Enregistré à Atlantis Studios
Style MusicalDeath Progressif
Membres possèdant cet album423

Tracklist

DVD (COLLECTOR EDITION)

- Heritage (5.1 Surround Mix)
- The Making of Heritage: A Documentary
1.
 Heritage
 02:05
2.
 The Devil's Orchard
 06:40
3.
 I Feel the Dark
 06:40
4.
 Slither
 04:03
5.
 Nepenthe
 05:40
6.
 Haxprocess
 06:58
7.
 Famine
 08:32
8.
 The Lines in My Hand
 03:49
9.
 Folklore
 08:19
10.
 Marrow of the Earth
 04:19
11.
 Pyre
 05:32
12.
 Face in the Snow
 04:04

Durée totale : 01:06:41

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Opeth


Chronique @ Krokodebil

22 Septembre 2011

Une indéniable réussite qui sent bon le vieux prog et l'audace musicale sans bornes !

La rentrée 2011 sera progressive ou ne sera pas. Dream Theater, Dir En Grey, ici Opeth, mais encore (plus tôt dans l'été il est vrai) Yes et d'autres formations issues du rock progressif ont livré leurs nouvelles œuvres. Dans la sphère metal, les plus attendues étaient évidemment celles du combo suédois et de Dream Theater. Mais si les deux ont en commun d'être des albums composés avec un nouveau line-up pour les deux groupes (nouveau batteur pour Dream Theater, en remplacement du membre pilier et actionnaire Mike Portnoy, nouveau claviériste pour Opeth, en remplacement de Per Wiberg - j'y reviendrai), ils prennent des directions différentes, Dream Theater affirmant vouloir durcir quelque peu le ton ("Stronger than ever with their most powerful album yet" nous affirme la tagline), tandis qu'Opeth délaisse son côté metal extrême pour nous livrer un album entièrement clair et calme, pratiquement dénué de violence et de metal.

A quoi ressemble donc ce dixième album du groupe de Mikael Akerfeldt ? Déjà, la pochette, qui était connue depuis quelques mois, a fait couler beaucoup d'encre : délibérément old-school, très typée rock progressif des années 60-70, des Moody Blues (In Search of the Lost Chord), aux pochettes bariolées et surchargées de groupes aussi mythiques que King Crimson, Asia ou Yes. Image très composée dont le centre est un pommier et les fruits les têtes des membres du groupe, le public a été très critique vis à vis de l'humour douteux du dessin, puisque la tête de Per tombe de l'arbre comme un fruit pourri. Amusé, un brin cynique, le leader du groupe commente et adoucit cette vision en précisant qu'une fleur pousse là où était la pomme, symbole du son successeur. Quant aux racines, elles symbolisent selon lui le passé du groupe et son côté "death metal" : faut-il y voir là l'affirmation d'un trait définitivement tiré sur la violence vocale au sein d'Opeth ? Peut-être.

Puisque j'évoque le successeur de Wiberg, nommons-le : il s'agit de Joakin Svalberg, musicien de studio et de scène ayant notamment travaillé avec le guitar hero Yngwie Malmsteen, célèbre perfectionniste. Akerfeldt ajoute même ironiquement que Svalberg leur a été indiqué par Wiberg avant de quitter le groupe. Sur l'album, il joue du piano sur la chanson éponyme qui ouvre le disque, mais Wiberg a enregistré avec le groupe la plupart des parties de clavier d'Heritage avant son départ.

Mais venons-en à la musique elle-même. L'album, comme son nom l'indique, est pensé de manière tout à fait old school, dans le sens où il est introduit par un titre instrumental et conclut par un autre instrumental, respectivement "Heritage" et "Marrow of the Earth", rien de plus classique. L'ensemble possède donc un début dirigé vers une fin et le disque fonctionne en système clos et indépendant, parfait album de transition pour un groupe sur le point d'achever une énorme évolution stylistique de sa musique. "Heritage" est donc un titre pianistique de sensibilité jazzy - et non classique / romantique comme sur son unique prédécesseur dans la carrière d'Opeth, à savoir "Silhouette" sur le premier album Orchid. Enregistré au plus près de l’instrument, dans les mythiques studios Atlantis de Stockholm (les studios d’Abba (!), où Opeth a notamment enregistré la bonus track de Ghost Reveries, une reprise du « Soldier of Fortune » de Deep Purple), la prise de son de ce morceau est assez fantastique, puisqu’à sonner finalement très live, elle rend toute la percussion de son instrument principal (on oublie assez souvent que le piano est un instrument à cordes frappées). C’est surtout flagrant sur la voix grave du morceau, la plus basse, on peut même percevoir quelques sons parasites légers sur la deuxième partie du titre en tendant l’oreille. Plus anecdotique est selon moi le titre qui conclut l’album, titre où se mêlent une guitare acoustique et une guitare électrique qui alternent contrepoints et harmonies avant d’être rejointes par la batterie. Un joli morceau aux sonorités vaguement hispanisantes qui rappelle quelque peu l’ « Epilogue » de My Arms, Your Hearse, l’autre album « construit » du groupe.

Outre ces deux titres instrumentaux, l’album est d’une grande richesse musicale et instrumentale, en parfaite cohérence avec son titre. Notons qu’en anglais, « Heritage » est un mot moins courant que par exemple « Legacy » pour désigner l’héritage. Il est ici à prendre dans un sens très littéraire, presque spirituel, d’inspiration poétique et en hommage à ses influences. Elles ont pour noms quelques-uns des plus grands groupes de rock progressif que la Terre ait portés, à savoir (liste non exhaustive): Jethro Tull (notamment sur « Famine »), Van Der Graaf Generator (« I Feel the Dark ») ou King Crimson (« I Feel the Dark », « Folklore », mais surtout « Nepenthe »). Mais il serait vain de limiter cette merveille à ce seul trait et, toutes ces influences, si elles restent perceptibles, n’en sont pas moins totalement digérées et intégrées au nouveau son du groupe.

D’autre part, toute trace de metal n’a évidemment pas disparu purement et simplement de la musique du groupe. Même sur Damnation, l’autre album « clair » d’Opeth – et déjà produit par le Steven Wilson de Porcupine Tree, présent également sur Heritage – on en trouvait trace dans le final démentiel de « Closure ». Ici, le metal s’invite de loin en loin, que ce soit au détour d’un riff (le début de « The Devil’s Orchard », le milieu de « I Feel the Dark », les ponts de « Famine »), ou tout au long d’un morceau plus nerveux (« Slither » et « The Lines in my Hand »). Ces deux derniers morceaux sont les deux seuls brûlots de heavy metal de l’album. Le premier officiant dans un speed très efficace et mélodique, parfaitement inattendu de la part d’Opeth, mais relevé au pied levé. Un morceau tout à fait entêtant, avec une bonne dose de psychédélisme derrière – un peu à la Uriah Heep de la grande époque, notamment dans l’aspect lyrique-épique du délire. A noter que la fin se pare de ses plus beaux atours folk, histoire de rappeler chez qui on est. Le second, plus complexe, mélange allègrement des sonorités heavy à un folk acide et agressif, plus dans la lignée de ce que le groupe nous a proposé par le passé. La ligne de basse, tortueuse et grasse à souhait, est imparable, tandis que la guitare est merveilleusement lumineuse. Un morceau au groove insidieux, où Akerfeldt livre un chant remarquablement paisible d’un ton inhabituellement grave (et encore plus sidérant sur « Folklore). Il a fait des progrès en chant clair, et cet album en est la plus belle preuve. Plus généralement, la section rythmique incroyablement touffue, solide et technique, garde les stigmates les plus forts de l’ère metal du groupe, même si on y trouve toujours les sensibilités jazzy qui en ont fait son succès depuis Still Life. Morceaux remarquables de ce point de vue, j’ai nommés « The Devil’s Orchard » et « Famine », absolument imparables.

Ceci étant dit, l’autre grande source d’inspiration d’Heritage, de l’aveu même du frontman, c’est la musique folklorique. Elle se présente sous deux aspects principaux dans l’album : le premier, ce qu’Akerfeldt désigne comme la musique folklorique suédoise, et là, je ne m’y connais vraiment pas assez pour en parler avec précision. Tout au plus je vous renvoie au titre bonus de Watershed, « Den ständiga resan », une reprise de la folkeuse Marie Fredriksson. Toutefois, les parties acoustiques de l’album sont parmi les plus belles et les plus impressionnantes que le groupe nous ait livrées depuis Morningrise. Il suffit d’écouter les ritournelles superbes de « I Feel the Dark » ou de l’évocatrice « Folklore » pour s’en convaincre, voire même les ponts galopants du premier de ces deux titres. Le second aspect folk de cet album est incarné par un des deux guests de Heritage, l’immense percussionniste Alex Acuña, dont Martin Mendez est fan. Le bonhomme a tout de même joué avec Elvis, comme le rappelle avec émerveillement Akerfeldt, et confère à « Famine », peut-être le titre le plus complexe de l’album, des accents orientaux assez sidérants, tandis que le flûtiste Björn J:son Lindh (qui a pour sa part joué avec Mike Oldfield) l’envoie sur des dimensions musicales totalement délirantes et, il faut le dire, assez inquiétantes du point de vue de l’ambiance suggérée.
Album totalement déroutant, jouant presque systématiquement du décrochage, Heritage propose donc bien plus que « seulement » 10 morceaux, puisque la plupart d’entre eux sont des titres à tiroirs, à la construction particulièrement alambiquée. On pourrait gloser indéfiniment sur la césure violente de « I Feel the Dark » qui laisse une nappe de claviers ténébreuse (VDGG n’est vraiment pas loin) envahir nos oreilles avant que des riffs menaçants ne se superposent, de même sur les incessants changements de tempo sur « The Devil’s Orchard » ou sur « Famine » qui passe allègrement d’une ballade mélancolique à un titre violent et torturé. De ce côté-ci, « Nepenthe » n’est pas en reste non plus.

En fin de compte, des « longs » morceaux de l’album, ceux dont la progression est peut-être la plus évidente à suivre sont la superbe ballade « Haxprocess » et le non moins fabuleux « Folklore » et son final époustouflant et très chargé en émotion. Dans les deux cas, la basse galopante de Mendez fait des merveilles. J’en profite pour faire mon seul reproche véritable à l’album : en effet, bien que « Marrow of the Earth » soit un titre sympathique, je trouve qu’il eût été encore plus fort de conclure sur « Folklore », quitte à réserver le rang de bonus track à l’instrumental. Mais ce n’est que mon humble avis. En outre, à la richesse et au faste instrumental déployé tout au long du disque, impeccablement mixé par Wilson, ajoutez un fourmillement de petits détails et de samples, le plus souvent des bruitages discrets, des bribes de discussions, des murmures, des rires distants, qui achèvent d’en faire un objet tout à fait extraordinaire (non que ce soit là quelque chose d’absolument inédit, loin s’en faut, mais cela ajoute au mystère de cet album si ésotérique dans son iconographie et dans ses textes).

Enfin, car il faut bien que j’achève cette recension fleuve, je voudrais ajouter quelques lignes pour me démarquer de ce que j’ai entendu et lu sur l’album. Certes, il marque une évolution nette et un parti-pris qui laissera de côté une partie des fans du groupe peut-être moins sensible à ce côté éminemment progressif et très old school. Mais contrairement à beaucoup de personnes, je ne me résoudrai pas à voir dans Heritage une rupture nette avec les précédents albums du groupe. Je trouve, en effet, que le mouvement était amorcé depuis Ghost Reveries et ses sonorités très « chaudes », suaves, qui étincellent ici. Ainsi Heritage est-il pour moi le parfait album de transition après Watershed, dont il possède beaucoup d’aspects (notamment dans les claviers de Per Wiberg qui évoquent « Wilson Omega » ou « The Lotus Eater », ainsi que dans le simple fait que les growls s’étaient déjà fortement raréfiés sur Watershed). J'ajoute que le groupe pousse l'audace jusqu'à s'autociter pratiquement, puisque certaines lignes de guitare ou de basse d'Heritage présentent des similarités troublantes ("I Feel the Dark" / "Folklore" dans leur première partie notamment), ce qui fera dire aux détracteurs que le groupe est en panne d'inspiration et se répète, là où d'autres (comme moi) insisteront sur la cohérence et la subtilité de l'ensemble, remarquablement pensé. Vous l’aurez compris, à part une minuscule réserve sur la conclusion de l’album, Heritage m’aura absolument séduit, pour ne pas dire bouleversé, de par sa grande richesse, son audace inépuisable, et sa densité musicale très surprenante. Affaire à suivre, et sur scène si possible.

NB : J. Svalberg n’est pour le moment pas un membre officiel à part entière du groupe, mais c’est en bonne voie. Les anecdotes sur l’enregistrement du disque ou sur la pochette sont tirées des différentes interviews que j’ai pu lire sur le sujet, notamment celle du numéro d’été de Rock Hard, écrit par Morgan Rivalin, et dont je recommande la lecture en complément d’information sur cet album.

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Iko_O - 01 Décembre 2011: Cet album est pour moi une pure merveille!
D'une richesse musicale incroyable, plongeant l'auditeur dans les entrailles du progressif!
Un retour aux sources musicales et aux premières inspirations de Mike Akerfeldt, un peu à la manière d'un Pain Of Salvation, tout en restant très personnel.

Le travail de composition effectué est, je le redis encore, d'une pure merveille, la production suit bien derrière, nous livrant un album qui selon moi fait parti des meilleurs d'Opeth. Certes peu dans la lignée de ce qu'on a pu entendre, mais très surprenant et certainement pas décevant!

Voici peut-être un tournant musical, qui plait ou ne plait pas à certain, mais qui ne manque pas d'audace c'est évident.

Chronique magnifique également, on sent que cet album à été "inspirant".

Le 19 est de rigueur pour moi également!
Krokodebil - 02 Décembre 2011: Merci ! :)
samolice - 06 Juin 2012: Relu ta chro 6 mois aprés une première lecture. Vraiment un excellent travail!
Au plaisir.
SvartalyS - 27 Août 2013: Bonne chronique! Mais, pour ma part, c'est une grande déception, à vrai dire ma toute première déception dans la discographie d'Opeth! Je me souviens, quand j'avais écouté quelques extraits (même pas 3 extraits maxi), je me suis dit : bon, ça à l'air de ressembler un peu à Damnation, ça va être (normalement) un bon album. Et là, stupéfaction, peu après avoir acheté le fameux disque tant attendu, je commence à l'écouter, puis les morceaux passent, défilent, et rien ne se passe, la magie n'opère pas. Maintenant, je comprends pourquoi Opeth a appelé ce CD, "Heritage", car l'ancien Opeth est mort et il ne refera plus surface, à mon avis. Maintenant, nous sommes confrontés tous, à un nouvel Opeth, venu tout droit des années 70, et qui manque cruellement d'énergie (pas de growls, de grunts de notre ami Akerfeldt), mais toujours aussi inventif, car il ne manque toujours pas d'inspiration (enfin un bon point, me direz-vous). Bref, c'est un peu décevant!
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Chronique @ CaitiffChoir

03 Octobre 2011

Peut-on vraiment parler de changement ? Non, mais plutôt d’une évolution progressive..

Voici donc sans attendre la présentation du dixième album studio de nos Suédois prodiges, baptisé sobrement Héritage. Sachez qu’avant même sa sortie, cet album avait de quoi faire peur aux adorateurs d’Opeth. Åkerfeldt, génie musical et leader du groupe avait en effet annoncé par interview que leur futur album se verrait privé de chant /parties death. Révélation difficile à accepter pour tous ceux qui ont été envoutés par des compositions aussi magnifiques que Forest of October ou encore Blackwater Park. Il suffit de regarder la pochette d’Héritage pour comprendre, typique du rock des 70 dont Åkerfeldt raffole. L’évolution est en marche !

L’album s’ouvre donc sur une intro mélancolique au clavier, qui apporte son petit effet en remplissant convenablement son rôle d’intro. S’ensuit alors "The Devil’s Orchard", morceau disponible depuis quelques mois sur le MySpace du groupe, qui annonce tout de suite la couleur de l’album. Cette piste assez déroutante lors de la première écoute est assez éloignée de ce qu’a pu nous proposer le groupe jusqu’à présent, même si, en écoutant plus attentivement, on peut en effet distinguer des sonorités présentes dans Watershed avec Hessian Peel, voire même Ghost Reveries dans Harlequin Forest lors des parties acoustiques. Autant vous prévenir, si vous avez déjà du mal à « comprendre » cette première piste, la suite risque de s’avérer difficile à digérer et à apprécier.

Le chant étant la principale crainte de cet album, je propose de s’y attarder tout de suite. Si vous espériez entendre un chant guttural type Bloodbath dont seul Åkerfeldt possède le secret, ça ne sera pour cette fois-ci, et il en est de même pour ceux qui s’attendaient à un Damnation bis (lui aussi controversé). Le chant d’Akerfeldt ici est clair de la première minute à la dernière, mais est tout de même plus technique que sur Damnation. La chanson "The Lines in My Hand" le montre parfaitement, malgré sa faible durée, lorsque les instruments s’emballent en fin de piste. Ainsi, ce « nouveau » chant s’incorpore parfaitement au mélange instrumental, donnant une saveur particulière au nouvel album de la bande de Stockholm.

Composé de 10 titres, Héritage a également de quoi rompre avec les habitudes, surtout avec les débuts du groupe, faisant penser à la pièce maîtresse de Morningrise, j’ai nommé "Black Rose Immortal", trônant au milieu de l’album du haut de ses 20 minutes. Cependant, avec un petit calcul rapide, pour environ 1 heure de musique à laquelle on soustrait 8 minutes d’intro-outro, on obtient une petite moyenne de 6 minutes par piste, ce qui n’est pas rien non plus.

D’ailleurs je vous rassure tout de suite, ces 6 minutes sont amplement suffisantes pour qu’Opeth ait le temps de nous montrer le talent de ses membres. Un talent jusqu’ici jamais utilisé de la sorte. Les ambiances sombres et glaçantes des premières productions laissent leurs place à un son prog’-rock aux accents parfois Jazzy semblant venir tout droit d’une autre planète. Pour résumer correctement la chose, je serais tenté de dire que même si le son change, la musique reste semblable. On retrouve toujours cette continuité particulière dans les compositions d’Opeth, donnant l’impression qu’un découpage en plusieurs titres n’aurait presque aucun sens. Les pistes s’enchainent de manière cohérente, formant ainsi un tout homogène. Le temps s’écoule, et arrive alors "Folklore", dernier véritable morceau de l’album, ou le terme de clou du spectacle serait très approprié. Une telle osmose musicale me donne des frissons du début à la fin, lorsque les premières notes se laissent entendre. S’ensuit alors "Marrow of the Earth", outro à la guitare marquant ainsi les dernières secondes d’ Héritage.

Au final, les premières écoutes se révèlent assez déstabilisantes et il est difficile d'y trouver ses marques. Bien qu’Héritage s’éloigne des racines ayant permis à Opeth de siéger parmi les plus grands noms du Metal suédois, et Metal tout court, c’est un nouveau chapitre qui s’inscrit dans la carrière d’Opeth, repoussant encore ses limites créatrices au travers de cet Héritage.

Le pari était risqué, et l’album attendu au tournant. Que l’on aime ou que l’on n'aime pas, on ne peut qu’admirer la sincérité qui se dégage de cet album. Opeth choisit son propre chemin, évolue selon ses propres choix, et nous le prouve avec Héritage, d’une authenticité à toute épreuve.

Peut-on vraiment parler de changement ? Non, mais plutôt d’une évolution progressive au fil de l’édifice musical qu’a construit Opeth.

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CaitiffChoir - 03 Octobre 2011: Oui!
Je me suis embrouillé,je confondrais avec Harlequin Forest.....

Merci du détail,je suis assez content de moi pour un premier essai écrit^^

J'ai également ajouté le clip de The Dévil's Orchard,qui montre un peu un visuel de l'album....Vraiment s'pace le clip;)
CaitiffChoir - 04 Octobre 2011: Merci bien,vraiment dommage pour le clip,il est vraiment représentatif de l'album,c'est à dire complétement barré et très réussit héhé.

Fouillez les sites de vidéo,il y a moyen de le trouver facile,ou encore le site roadrunner....
ryan5 - 14 Octobre 2011: Yes it will be interesting to see if they will revert back to DM, and personally i think they will. Mikael was interview on a radio show here in Aus, and he said (and I quote) " i can play heavy stuff as much as i want. . . im just tired of it" Really, it's a step in their progression as a band. I thought, at first look, that Heritage would be like damnation. In some ways yes (i,e softness) and it is totally different.
jps62 - 27 Octobre 2011: opeth n'est plus l'opeth que j'appreciais avec ses mix de style.cet album est un tres bon album de "folk-rock". reste un ou deux morceaux aux relents deep purpulien.
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Chronique @ skalf

03 Octobre 2011

Cet album montre que la musique d’Opeth n’a pas de frontières

Il n’est nul besoin de présenter une nouvelle fois ce groupe majeur du Metal suédois et leur Death Metal Progressif. Formé au début des années ’90, Opeth a véritablement su apporter un nouveau souffle au Death Metal, celui de l’expérimentation et le fait d’apporter énormément d’influences à ce style. L’apogée de cette démarche apparait évidemment avec Blackwater Park, sorti en 2001. En 20 ans de carrière, ces Suédois ont donc étonnamment marqué la scène Metal.

Courant 2011, Opeth a déclaré que ses influences actuelles s’éloignaient du Metal mais qu'elles se rapprochaient plus du Rock Progressif des années '70. Les fans étaient avertis, ce serait le deuxième album du groupe qui allait prendre une tournure plus calme que ses autres productions. De la même façon qu’ils l’avaient fait avec Damnation ? Non. On peut d’ores et déjà affirmer que cet album est une véritable parenthèse dans la carrière du groupe, car c’est un tout nouveau genre musical qui en ressort. Mais c’est un album qui ne fera évidemment pas l’unanimité.

Une remarque sur la couverture de l’album : à première vue, c’est déjà totalement différent par rapport à ce que nous a offert Opeth auparavant, et au premier regard, beaucoup l’ont trouvé laide. Mais en examinant plus en détail, la pochette ressemble véritablement à une œuvre d’art picturale authentique. Toute une histoire se cache derrière ces étranges significations et fait directement écho au titre. A chacun de créer sa propre signification.

Première écoute de l’album, la première chanson éponyme est une intro. Et d’emblée, c’est déjà une surprise ! Du piano, seul. Une introduction très calme de deux minutes, splendide et aux tonalités mélancoliques façon musique classique. Une intro très surprenante, on ne s’y attend vraiment pas de la part d’Opeth.
Vient ensuite "The Devil’s Orchard", et nouvelle surprise. La batterie est typique d’Opeth, le phrasé de guitare un peu moins. Mais la grosse surprise qui suivra durant tout l’album, c’est le son. Le groupe a complètement exclu la distorsion des guitares, et à la place, elles ont ce qu’on appelle le Fuzz ou l’Overdrive, des effets habituellement utilisés pour le Rock. Le rythme possède de forts accents Jazz. La voix de Mikael Åkerfeldt est une nouvelle fois splendide et ses parties chant également, mais on s’en rend compte, ses hurlement et ses growls ne seront pas de la partie pour cette fois. Enfin, l’orgue synthétique, ingrédient typique d’Opeth, répond présent et se fond particulièrement bien dans la musique, comme d’habitude. Après cette chanson, on est évidemment déçu que le côté Death Metal ait disparu. Mais on se rend compte que même si Opeth s’aventure dans un style lointain par rapport à ses habitudes, ça tient la route et malgré le calme dominant, on attend la suite.

"I Feel The Dark" suit juste après, avec des ambiances un peu mystérieuses, voire assez planantes. On pense alors que tout l’album sera dans cette veine, et bien non ! Nouvelle grosse surprise, "Slither". A l’écoute de cette chanson, on se demande quelle mouche a piqué nos amis suédois car, mis à part la partie chant, Opeth n’a jamais rien tenté de tel ! La batterie offre un rythme assez dansant et rapide, les riffs de guitare ont une sonorité très spéciale. Cette chanson est sans doute la plus surprenante et la plus insolite qu’Opeth ait imaginée en 20 ans de carrière.

Toutes les chansons qui suivent nous surprennent à chaque fois, elles nous portent par leur beauté et offrent des passages instrumentaux un peu déjantés ("Nepenthe", "Famine"), des passages silencieux où les instruments acoustiques dominent ("Haxprocess"), d’autres passages où on ne reconnait Opeth qu’à peu de choses ("The Lines In My Hand", "Folklore") et une chanson instrumentale pour clôturer le tout, qui sonnerait presque Post-Rock ("Marrow Of The Earth").

En résumé, ne vous attendez pas à écouter un Opeth de l’époque de Blackwater Park, ni de Watershed ou même de Damnation. Cet album montre que la musique d’Opeth n’a pas de frontières, ils ont le pouvoir de la mener où ils veulent. C’est l’expérimentation de multiples influences qui fonde cette œuvre. Bien sûr, il ne plaira pas à tout le monde, particulièrement aux amateurs de Metal Extrême. Mais les fans ouverts musicalement verront sans doute du bon dans cet album.
Pour conclure, on peut affirmer une nouvelle fois que ce nouvel opus est une véritable parenthèse musicale dans une carrière mouvementée. Ce n’est pas la première fois qu’Opeth nous surprend, et ce ne sera sans doute pas la dernière.

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skalf - 03 Octobre 2011: Merci !
Par rapport à ta remarque, je pense qu'ils font ici la même chose qu'avec "Damnation", c'est à dire un album dans l'inhabituel par rapport à leur musique et dans l’expérimentation pour la mener encore plus loin. Après, peut-être que je me trompe et que leurs intentions sont d'arrêter le Death. On verra bien.
Kalamazoo - 07 Octobre 2011: D’abord merci pour vos chroniques respectives c'est du haut de gamme et surtout utile à la compréhension d'un tel album.Je l'avoue je n'ai écouté que les 10 premières minutes et je me suis dis "oula il va falloir du calme du temps et une position adéquat pour apprécier cet album".

Ayant l'ensemble de leur discographie j’attendais un tel album depuis les deux derniers en fait .

Sur le point de non retour je pencherai du côté de Krokodebil .Exit le death comme un parallèle avec Anathema et leur carrière .Anathema a eu énormément de mal à assumé ce virage et on a failli les perdre .

Quand à Opeth pour ma part j'y vois une naissance vu l'ampleur de l’évolution les capacités techniques l’énorme potentiel à puiser dans l'histoire et offrir un renouveau

Je vais caler mon fauteuil club préparer un bon whisky envoyer femme et enfants au park ouvrir mon esprit et me délecter de ce nectar musical

Encore merci pour le travail de chacun et vous souhaite un bon voyage musical
skalf - 07 Octobre 2011: Merci Kalamazoo !
Finalement, d'un certain point de vue, tout est possible avec un groupe comme Opeth. Je pense donc qu'ils sont capables de nous surprendre encore. En conclusion, on verra bien à l'avenir comment ils créent leur musique et à quel style ils veulent s'accrocher. Quoi qu'il en soit, je serais toujours là pour écouter !
Kalamazoo - 12 Octobre 2011: J'en reviens pas de la richesse de cet album autant dans les compos que dans la production .

L'utilisation de l'espace et du volume stereo . Je viens de le commander avec le dvd A 5.1

Ma plus belle sortie de l'année tout style confondu

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Chronique @ ConfusedMind

03 Octobre 2011

Au premier abord déroutant, Heritage recele de grandes richesses

En voilà un album surprenant, qui saura faire parler de lui, en bien ou en mal.

Il faut l'admettre, nombre d'inconditionnels d'Opeth risquent d'être déconcertés par ce dixième opus. Mikael Akerfeldt a bien mis les choses à plat : depuis quelques années, le death metal, qui a toujours été une composante essentielle du groupe, ne l'intéresse plus. Force est de constater qu'effectivement, le chant clair s'est fait de plus en plus présent au fil de l'évolution du groupe (au détriment du growl), particulièrement dans l'album précédent, Watershed.

C'est donc tout naturellement qu'Heritage ne comporte plus rien de death, à l'instar de Damnation, l'album qui suivait le très intense Deliverance. Mais ils n'ont pourtant rien à voir. Damnation était un album très mélancolique, épuré, avec une beauté telle qu'elle vous caressait dès la première écoute.
Heritage est, quant à lui, empreint de mystère, d'ambiances souvent difficiles à saisir.

Mais venons en au fait: l'album est-il une réussite ou bien une déception ? Chacun aura sa vision des choses, car l'ambiance complexe évoquera des sentiments différents selon la personne (c'est peut-être cela, le véritable changement par rapport au reste de la discographie).

Pour ma part, je n'irai pas par 4 chemins : je n'attendais pas mieux.
Effectivement, on perd ce qui était jusqu'à maintenant l'éternelle force du groupe, c'est-à-dire son ambivalence, ses riffs furieux soutenus par un des meilleurs growlers, entrecoupés par de subtils breaks acoustiques beaux à en pleurer.
Mais à quel bénéfice ? Ne l'oublions pas, chaque album d'Opeth vise à une chose précise, nous faire voyager.
Et encore une fois, les Suédois ont ici complètement réussi leur pari, dès lors qu'on admet l'absence de death metal et qu'on accepte de s'envoler dans une ambiance très rock prog façon 7O's.

A la suite des écoutes, chaque passage déroutant au premier abord, se révèle à vous, pour dévoiler une espèce de beauté mystique et orientale omniprésente qu'on ne connaissait pas alors dans les autres albums. Chaque parole de Mikael augmente encore cette impression de mystère. L'émotion dégagée par le chant est plus forte que jamais.
Jazz, prog et folk, voire passages très groovy (saluons le feeling d'Akesson dans de splendides solos comme celui de Nepenthe) se mêlent une fois de plus pour le plaisir de nos tympans, mais le cocktail est différent, bien plus délicieux encore qu'une redite des albums précédents : il faut bien se l'avouer, les incessants changements de rythme et alternances entre gros riffs et breaks acoustiques, très surprenants quand on découvre le groupe, ne seraient plus aussi jouissifs sur un dixième album, qui saurait difficilement égaler ses prédécesseurs sur ce plan.

La force d'Opeth, c'est d'avoir toujours su se renouveler et rester sincère dans sa musique, une sincérité qui est ici plus évidente que jamais : c'est un véritable hommage aux groupes que chérit Akerfeldt. Personnellement pour ne citer que quelques exemples, j'ai beaucoup pensé à Pink Floyd pour l'ambiance planante, King Crimson pour le couple basse/batterie absolument remarquable (comme d'habitude me direz-vous), Led Zeppelin dans le jeu de guitare, Iron Maiden notamment sur Slither (la chanson headbangante de l'album), Jethro Tull sur Famine : solo de flûte surprenant, soutenu par un riff lourd qui évoque Black Sabbath.

Bref, le groupe multiplie les clins d'oeil tout en s'appropriant le tout, c'est une alternance magique entre hypnose, voyage en Orient, mélancolie, et explosions d'émotions, comme pour ne citer qu'un exemple, le final magistral de The Devil's Orchard. Nombreux sont les passages qui m'ont laissé presque de marbre à la première écoute, et qui sont pourtant magnifiques.

Vous l'aurez compris, j'ai été conquis par cet album, mais je ne veux pas détailler chacune des chansons, qui m'évoquent des univers fantastiques impossibles à décrire. Les musiciens, grâce à un feeling exceptionnel, parviennent brillamment à émouvoir l'auditeur.

17/20

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Tfaaon - 07 Octobre 2011: euh juste, pourquoi tu mets une vid de "A fair Judgement" pour une chro sur Heritage ?
ConfusedMind - 10 Octobre 2011: Hum, bonne question ^^
A vrai dire c'est ma première chronique, et j'ai foiré en cochant cette vidéo je pensais pas qu'elle apparaitrait juste en dessous de la chronique, mais dans la section vidéos relatives au groupe. Je suis parfois un boulet.
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Chronique @ elfiremi

08 Octobre 2011

Un groupe qui revisite ses racines avec génie...

19/20

Ce billet se doit d'être clair et direct en affichant ostensiblement sa ligne directrice: Heritage est un coup de génie de la part d'Opeth (je rejoins en cela Krokodebil). Je sais, ce n'est pas ce qui est affiché ça et là, les chroniques parlant au mieux d'un bon album, au pire d'une trahison infâme digne de Brutus poignardant son César de père au sénat. Mon hypothèse de départ: ils se trompent, parce qu'ils ignorent d'emblée le programme que s'est fixé Opeth, un programme qui faisait pourtant office de titre. Ce dernier album interroge l'idée d'héritage musical, ce qui suscite un son, un style, et une ambiance. La question de l'héritage, c'est savoir d'où l'on vient, ainsi que ce qu'on laisse. Si l'on étudie le mélange Opeth, on peut isoler entre autres un précipité qu'est l'école floridienne de death metal (Death, Damnation, Possessed...). Mais tout à la fois, Opeth, ce n'est pas que du death, c'est aussi tout un héritage progressif revendiqué qui court de King Crimson jusqu'à Pink Floyd, en passant d'une certaine manière par Yes. C'est là la piste qu'a choisie Åkerfeldt, et sa petite bande: interroger ce passé, lui rendre hommage, sans le plagier. Voilà d'où on est parti, et lorsqu'on y revient, voilà ce qu'on peut en faire.

Non, ce n'est pas un album des Floyd, même s'il y a quelque chose du Live at Pompeii dans cette histoire. C'est une reprise du passé, non un copier-coller. Heritage revisite son patrimoine d'origine, pour mieux comprendre où Opeth en est. Certes, Svalberg (qui remplace à présent Wiberg) a opté pour un son de clavier qu'on pourrait rapprocher de celui de Wright chez Floyd. Il évoque très clairement l'orgue des 70', et participe à l'ambiance d'un album enregistré dans un studio où jadis Abba traîna ses guêtres. Mais ce retour 40 ans en arrière n'est ni une trahison, ni un joli plagiat de groupes pré-existants. Ce qui obsède Heritage, c'est cette question du passé, et surtout, ce que l'on fait de ce passé. En témoigne le titre Nepenthe: d'un côté, les népenthès désignent une espèce de plante carnivore, capable de digérer des vertébrés; d'un autre côté, c'est aussi et surtout le nom de la boisson que Pâris, dans la mythologie grecque, donna à boire à Hélène, afin qu'elle puisse oublier son pays natal, l'endroit d'où elle vient. La question de l'origine est omniprésente donc, à commencer par l'artwork qui évoque l'origine édénique et son arbre de la connaissance. Heritage célèbre à sa manière le temps qui passe, la perte de quelque chose dont on demeure nostalgique. « Summer is gone » entonne le génial « Slither », « Nothing is the same » lui répond « The lines of My Hand », tandis que « Face in the snow » regrette dans son refrain d'être trop loin de chez soi pour pouvoir encore rentrer... L'amère nostalgie donc, mais aussi la perte de repères dans un monde où Dieu est mort (The Devil's Orchard), et dans lequel reste l'unique choix de ne plus croire en rien. Et c'est ce qu'évoque l'orientation musicale de l'album.

L'ouverture mérite en cela déjà un mot. Elle évoque les jardins sous la pluie comme les Gnossiennes de Satie, et tout à la fois la basse jazz qui apparaît au bout d'une minute nous berce dans cette tendre mélopée qui annonce la tonalité de l'album. Cette mélancolie insufflera à l'album une dimension unique et profonde. Dans une de ses nouvelles, Maupassant disait à travers la voix d'un de ses protagonistes, que la rivière est bien plus dangereuse que l'océan, car ses courants vicieux et tortueux ne sont pas toujours visibles depuis la surface. Calme en apparence, assassine lorsqu'on s'y aventure. Heritage pourrait être placé sous cette ascendance: pas de growls (les trve s'en remettront), pas de déferlements, mais des arpèges acoustiques et ensorceleurs qui, comme dans « Häxprocess », font baigner rapidement votre regard dans le vide. Tout se passe de manière continue, sans choc réel, et l'on chemine d'un courant calme, jusqu'au siphon cauchemardesque où dorment les démons, si présents dans les paroles. Pas de death, c'est vrai, et on peut le regretter, mais Damnation l'avait déjà fait et Opeth n'en est pas mort! Quitte à m'attirer les foudres des puristes, je trouve que, même si c'est Steve Wilson himself (Porcupine Tree) qui mixe une nouvelle fois le projet comme pour Damnation, cet album se détache du rock progressif parfois monotone de Damnation (très influencé par Porcupine pour le coup!). Il n'y a qu'à écouter « Folklore » pour s'en assurer...

En somme, tout comme le père du protagoniste du film Big Fish de Tim Burton ré-invente son passé, sublime ses souvenirs au point qu'ils en deviennent réels, Opeth vient de réveiller son héritage des 70'. Que les déçus retournent à Bloodbath, et arrêtent de nous pomper l'air (ou le sang)!

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samolice - 10 Octobre 2011: Ouais et apparemment Akerfeltd n'est pas très content de son départ si l'on en juge par la pochette de l'album...

Sinon, j'ai relu toute la chronique et, ça y'est, j'ai tout compris. Champagne!
raistlin - 11 Octobre 2011: Chouette chronique pour un album phénoménal même si leur côté death risque de me manquer si ils n'y reviennent jamais même en live. Un titre comme Famine ça me file des frissons et le reste de l'album est fabuleux aussi. J'aime bien ta comparaison avec le père de Big Fish un des nombreux chef d'oeuvres de mon réalisateur préféré.
elfiremi - 11 Octobre 2011: Merci Raistlin! Mais qu'est-ce qui te fait dire qu'il ne reviendront pas à des éléments plus death?
En tout cas, c'est clair que Famine est un petit bijou comme seulement Opeth sait le faire!
Concernant Tim Burton, c'est vrai que c'est un génie, sauf depuis qu'il ne travaille plus avec des décors studios, et qu'il est tombé dans la froide image de synthèse comme dans Alice au pays des merveilles... D'ailleurs, depuis Charlie et la chocolaterie, il n'est pas au top notre Tim (je sais pas ce que tu penses de Nine, et de Sweeny Todd, mais moi je n'ai pas été très convaincu...).
raistlin - 17 Octobre 2011: J'ai lu pas mal de commentaires sur ce site disant que Mike abandonne définitivement le death, qu'il n'écoute plus de métal depuis des années et que la nouvelle tournée ne contient pas un seul titre hurlé. J'ai trouvé Sweeney Todd sympa et Nine jamais entendu parler tu m'intrigue là. Ma plus grande déception de Tim Burton ça a été La planète des singes et mes préférés y en a trop pour faire mon choix.
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Chronique @ Tfaaon

09 Octobre 2011

Un très bel album, servi par une production exceptionnelle. En espérant que vous aimez le prog' !

« Ce que j’aime avec la musique d’Opeth, c’est qu’elle allie des moments d’intense brutalité à des moments d’incroyable beauté. » Steven Wilson, producteur de The Drapery Falls.

Voilà ce que déclarait le leader de Porcupine Tree sur ce groupe si particulier lorsqu’il produisait le double Deliverance / Damnation des Suédois.
La force ou le charme d’Opeth a en effet toujours résidé dans le talent certain de Mike Akerfeldt, la tête pensante du groupe, à mêler death metal, marqué par l’influence de Morbid Angel, et mélodies exquises dignes d’un Pink Floyd ou d’un Led Zeppelin.

Seulement voilà, avec ce nouvel album, Mike a décidé d’amputer la musique d’Opeth d’une partie de ce qui a contribué à faire son succès et sa singularité dans le monde du metal. Un choix risqué, très risqué, qu’on pouvait lire dans les avis de certains fans sur les forums, se sentant trahis, un peu comme les fans de Metallica ayant craché sur ces « vendus » qui, eux, composèrent une ballade sur son fameux Black Album.

Pourtant, comment ne pas admirer le courage artistique de ce Suédois (je rappelle, ou apprends à ceux qui ne connaissent pas bien Opeth, que Mike est le compositeur de la majeure partie de la musique d’Opeth. D’où l’emploi du singulier.), prêt à renier son passé de headbanger pour avancer musicalement et ne pas se répéter, et aussi garder du plaisir à jouer de la musique ? (Mike affirmait ne plus écouter de metal depuis déjà longtemps).

Ainsi, The Drapery Falls ne comporte pas de growls gutturaux, ni de riffs dissonants, ni de gros breaks à se frapper la tête contre les murs...

The Drapery Falls est prog... Prog old school plus précisément.

En effet, à l’écoute de la galette, on pense beaucoup à Pink Floyd, Frank Zappa, Yes ou encore King Crimson. L’évocation de ce dernier groupe est loin d’être dénuée de sens, puisque Steven Wilson est un fan invétéré du roi cramoisi, et c’est sans doute pour cela que la production de l’album fleure bon le vieux prog des 70’s.

L’album s’ouvre sur un très bel instrumental au piano portant le titre de l’album. Les belles lignes jouées par Joakim Svalberh, nouveau claviériste d'Opeth, nous envoûtent tout le long de la chanson, et font commencer l’album avec une touche énigmatique et classieuse.
Et ensuite défile tout au long de cet album une succession de très belles chansons extrêmement bien produites et ayant chacune un climat bien particulier … De l’alambiquée "The Devil’s Orchard", avec son clip on ne peut plus prog et délirant, à la sobre mais délicate ballade instrumentale "Marrow of the Earth", Mike et sa bande explorent une multitude d’univers sonores et musicaux, expérimentent tous azimuts pour produire une musique racée et unique... On peut ainsi évoquer "Famine" avec ses percussions et instruments qui vous font voyager autour du globe. Et, aussi incroyable que cela puisse paraître, on reconnaît la patte Opeth, malgré l’énorme changement de cap musical du groupe ! En effet, les arpèges sont toujours aussi délicats, la voix de Mike est toujours aussi belle et le tout est toujours aussi réussi, à l’instar de "I Feel the Dark", qui aurait tout à fait pu se trouver sur Damnation, l’autre album sans metal d’Opeth.

On constate également qu’après tant d’années, le goût d’Opeth pour la répétition de leurs bonnes (voire excellentes) idées n’a pas disparu.
Ainsi, les détracteurs de l’album relèveront sans doute que dès la première chanson, The Drapery Falls, la ligne de piano se répète et cela se retrouve tout au long de l’album. (la fin de Slither, une bonne partie de Nepenthe...).
Pour ma part, ce tic de composition d’Opeth ne m’a jamais vraiment dérangé, à part quand ça devenait maladif, façon The Drapery Falls sur l’album Blackwater Park (Il est d’ailleurs révélateur qu’Opeth n’en joue souvent que le premier couplet en live). Je ne considère donc pas cela comme un défaut, puisque les idées répétées valent toujours le coup.

L’album forme un ensemble très compact et cohérent d’un point de vue musical, faisant qu’on peut difficilement isoler une chanson pour souligner sa moindre valeur par rapport aux autres. Hélas, on est face à la même difficulté pour chercher une ou plusieurs chansons qui sortiraient du lot...
Eh oui, contrairement à un Blackwater Park ou à un Ghost Reveries, où on pouvait facilement retenir Bleak, Blackwater Park, Baying of the Hounds ou encore Reverie / Harlequin Forest comme de purs chefs-d’œuvre, on ne trouve rien de tel sur The Drapery Falls, et c’est là sans doute son premier défaut à mes yeux (et à mes oreilles, surtout). Par opposition, un point positif que j’estime nécessaire d’évoquer est la qualité des solos de cet album. Ils sont tous très bons et révèlent à quel point Mike et Fred sont d’excellents solistes.

De manière plus globale, l’instrumental est toujours aussi professionnel chez Opeth, et la performance de chaque musicien est excellente (mon coup de cœur allant tout de même à Martin Mendez, qui semble améliorer son jeu de basse à chaque album). Comme on pouvait s’y attendre, Per Wiberg, jouant sur tout l'album à l'exception de la chanson "The Drapery Falls", signe ici sa dernière et plus intéressante contribution, puisque les claviers n’ont jamais été aussi présents dans la musique d’Opeth.

En conclusion, je dirais de manière très prévisible que cet album va effectivement diviser les fans. Il y aura ceux qui adhèreront à ce changement, ravi qu’Opeth se mette à faire du neuf avec du vieux prog’ et nous livre le plus audacieux album de sa déjà longue carrière. Et il y aura ceux qui regrettent l’amputation du metal de la musique d’Opeth, sur cet album comme en concert (la tournée actuelle d’Opeth ne comprend aucune chanson avec du growl). Personnellement, bien que très admiratif de cet énorme coup de bluff, auréolé de succès avec cet excellent album, je reste nostalgique des ambiances plombées qu’Opeth nous a livrées au cours de ses 20 premières années de carrière et espère qu’elles feront un jour leur retour.

Ps : Ainsi, bien que ça ait peu de sens, je ne mets « que » 16 à The Drapery Falls, auquel je rajouterai deux points pour la démarche artistique qu’implique cet album.

pps : je joins à cette chronique le clip de The Devil's Orchard. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il est déroutant. A voir absolument si vous en avez marre des clips MTV !

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raistlin - 11 Octobre 2011: Au moins me voilà prévenu pour le concert à Lausanne fin novembre et je vais peut être réussir à amener avec moi quelques amis allergiques au death du coup.
Tfaaon - 11 Octobre 2011: voilà . ;)
et les setlists restent super stylées.
pour ce qui est des ambiances plombées, on est quand même loin du riff d'intro de "The Leper Affinity",ou "Heir Apparent" tu avoueras !
hexate - 11 Octobre 2011: @Tfaaon Je voulais juste souligner que cet album ne mérite pas le tafoin qui en découle, d'ailleurs je ne vais plus en dire un mot.
raistlin - 23 Octobre 2011: Je ne disais pas que l'album ne manque pas d'ambiances plombées mais que ces dernières ne me manquent pas à moi sur cet opus tellement l'album est de qualité.
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Commentaire @ vinscap33

03 Octobre 2011

Vous dites changement...?

Fan de ce gigantesque groupe qu'est Opeth, et ce, depuis leur deuxième album Morningrise, je situe leur apogée (même s'il reste un très grand groupe!) lors de la sortie de Still Life. Je sais que beaucoup ne seront pas d'accord avec moi, mais Blackwater Park n'en était qu'une plus pâle copie... Cet album m'avait à l'époque totalement transporté. Les suivants n'étant que copies plus ou moins altérées...

Opeth a toujours évolué, proposant des choses différentes à chaque fois. Avec plus ou moins de succès. Mais lorsque l'on vous dit qu'un disque du combo suédois est en préparation, sans aucune tendance death, vous vous dites forcément qu'un deuxième Damnation est sur le point d'arriver. Et bien non! On sentait montait lors des derniers albums une certaine pointe de 70's... mais là, nous remontons carrément le temps! Cet Heritage est beau! Cet Heritage est ambitieux! Cet Heritage est labyrinthique!

A la première écoute, on se fait littéralement chier... mais au fil du temps, si nous prenons la peine de prêter une oreille attentive (le port du casque est ici fortement conseillé!), nous découvrons un nouvel univers d'Opeth. Chaque morceau, chaque mouvement est finement ciselé. Une multitude de petites subtilités se glisse à vos oreilles au fil des écoutes, pour s'insinuer et ne plus en sortir.

Je trouve qu'avec cet album, Opeth amorce un virage très dangereux, mais de fort belle manière. Je ne prendrai pas la peine de décrire chaque morceau, car ce disque à lui seul est à prendre comme un seul et unique morceau!

Là où beaucoup de groupes splittent pour recommencer quelque chose de différent sous un autre nom, Opeth a su effectuer cela naturellement. Il est effectivement loin le temps des longs morceaux où alternaient brutalité et mélancolie. Désormais, place à une musique plus typée années 70, mais ô combien recherchée. Juste un dernier mot sur le son que je trouve parfaitement adapté à cette évolution.

Cette chronique n'a pour unique but de donner l'envie de s'y plonger. Elle invite aussi et surtout à s'armer de patience pour découvrir une oeuvre qui fera, malgré tout, des déçus.
Bonne zic et bon voyage.
La claque!

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MassMetal - 03 Octobre 2011: C'est rarement qu'on voit des Mini Chroniques comme ça mais ça me plaît ! Je trouve que c'est très pertinent, très bien foutu pour tout dire, et je viens de passé une bonne journée !

Merci !
maidenchouk - 03 Octobre 2011: Petite chronique, certes, mais extrêmement bien foutue!
Bien joué!
blackiss - 08 Fevrier 2012: Perso, je préfère les petite chronique, on tourne pas autour du pot, et surtout moins de gaspillage de temp à lire. Bon, pour revenir à l'album, effectivement c'est très différent, si on compare avec le vieux stock. Donc un disque très soft, très prog, très 70's.
MyLilith - 16 Avril 2012: J'adore cet album... mais en espérant qu'il ne ferme pas la porte au Metal pour toujours..
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