Orchid

Paroles
ajouter une chronique/commentaire
Ajouter un fichier audio
18/20
Nom du groupe Opeth
Nom de l'album Orchid
Type Album
Date de parution 15 Mai 1995
Enregistré à Unisound Studio
Style MusicalDeath Progressif
Membres possèdant cet album601

Tracklist

1.
 In Mist She Was Standing
 14:08
2.
 Under the Weeping Moon
 09:53
3.
 Silhouette
 03:08
4.
 Forest of October
 13:05
5.
 The Twilight Is My Robe
 11:02
6.
 Requiem
 01:10
7.
 The Apostle in Triumph
 13:05

Bonus
8.
 Into the Frost of Winter (LP Edition)
 06:20

Durée totale : 01:11:51


Chronique @ eulmatt

27 Mars 2008
La légende naquit ainsi, dès les premières notes de In Mist She Was Standing. Ces jeunes Suédois du nom d’Opeth, menés par un leader déjà charismatique et tellement doué du haut de ses vingt ans, avait déjà conquis et enthousiasmé l’underground scandinave. Une chance leur était donc offerte, et les premières minutes d’Orchid n’ont sans doute jamais laissé entrevoir le moindre doute quant au potentiel incroyable de ce jeune groupe.

A croire que le génie peut avoir des origines un tant soit peu surnaturelles, voire divines. In Mist She Was Standing, quatorze minutes d’une incroyable démonstration artistique issue de nulle part. L’enchevêtrement de ces deux guitares jouant en plusieurs dimensions des mélopées d’une harmonie à pleurer, l’émotion brute sortant à chaque instant, balayant la colère, la tristesse, la beauté, la haine, la mort, la vie...

Dès à présent, on comprend la difficulté des observateurs de l’époque pour décrire cette révolution musicale. Dans quelle case ranger Opeth ? Les growls très caverneux de Mikael Akerfeldt et la puissance rythmique d’Opeth, basée sur une basse solide et une batterie s’appuyant sur un usage répété de la double pédale, ne laissent pas de doute quant à l’appartenance au death metal. Seulement voilà, comment appréhender ces parties soyeuses et ciselées de guitare, d’un lyrisme et d’une harmonie ne trouvant des équivalents que dans les plus beaux passages du heavy metal, voire dans la musique classique... et d’où vient donc cette drôle de propension à rallonger les morceaux, pour en faire de véritables pièces en plusieurs actes, agrémentées de pauses acoustiques renvoyant aux grandes heures du rock progressif ? Enfin à quelle ascendance doit renvoyer la beauté hors d’âge de ces soli amples et généreux, sinon à une forme intemporelle que ne renieraient pas les plus grands des seventies ?

Et quand bien même on voudrait déceler dans le premier morceau une forme de surenchère stylistique qui voudrait en mettre plein la vue, la suite rend cette hypothèse ridicule et irrecevable, tant la constance de son niveau et sa cohérence apparaissent évidents tout au long du disque.
Prenons donc cette longue séquence acoustique, lente et onirique, un brin angoissante, que l’on ne retrouverait que dans le meilleur de Pink Floyd, au milieu de Under the Weeping Moon, qui s’enchaîne de manière jouissive avec cette arrivée de la batterie et d’une guitare lancinante venant hanter un chant écorché... qui lui-même s’efface pour un épilogue en chant clair d’une beauté sans équivalent, le feeling des guitaristes faisant mouche à chaque note, aussi bien dans le jeu acoustique qu’en son saturé, qui vient s’élever doucement pour conclure dix minutes de rêve.

Et ces premiers instants de Forest of October, ce son de guitare si chaleureux et si solennel, qui rend une nouvelle fois le jeu complémentaire des deux guitaristes, tout en relief et en toucher, si prenant. Parcourons-le plus en détail, ce fameux morceau, tant il est symptomatique de l’univers d’Opeth. Outre son introduction flamboyante, on retrouve par la suite cette alternance équilibrée de passages virulents et compacts, balancés entre la lourdeur d’un death/doom puissant - et d’un côté glacial et cinglant qui n’est pas sans conférer au black metal - et de ces innombrables breaks acoustiques, opérant tels des respirations bienvenues, tout en renforçant la puissance sombre et angoissée de l’atmosphère. Puis vient soudain cette guitare plaintive, jouant langoureusement un solo lent et angoissé sorti tout droit du hard rock de vingt ans en arrière, qui amène avec brio l’enchaînement vers le second thème du morceau. Nouvel accès de colère noire, toujours rehaussée par des touches mélodiques lui conférant une beauté glaciale. Le travail de la basse y est d’ailleurs à souligner, venant judicieusement jouer un double rôle de rythmique et de lead mélodique lorsque les guitares s’évadent dans leurs effluves baroques. Et enfin, l’épilogue acoustique tout en toucher et en finesse, histoire de finir au fond du trou...

The Twilight Is My Robe reprend la même recette, sauf que sur le fond le morceau est moins nuancé et joue plus la carte de la colère que du désespoir. On y retrouve ainsi à la fois les parties les plus massives et les plus violentes du disque, mais aussi les breaks les plus rock, bref une approche progressive poussée encore plus loin, mais toujours avec le même bonheur. A noter ici les embryons de chant clair du plus bel effet sur la fin du morceau, lui conférant à la fois un côté mystique et laissant augurer un potentiel qu’Opeth exploitera plus tard avec plus de gourmandise.

Cinquième et dernière pièce finale, The Apostle in Triumph est peut-être le morceau le plus esthétique, le plus lourdement chargé en émotion. Et pour ce faire, on a droit à une démonstration époustouflante du savoir-faire des musiciens, ceux-ci parvenant à donner un corps et un relief incroyables à leur musique, les trois instruments à corde jouant par moments simultanément des lignes mélodiques complexes qui viennent s’imbriquer les unes dans les autres pour former un résultat d’une richesse incroyable, le tout étant épaulé par un jeu de batterie à la fois massif et très fin. C’est en fait ce qui deviendra la marque de fabrique des Suédois, ce qui explique aussi les vaines tentatives de catalogage de la musique d’Opeth. Death, Doom, Heavy, Black, Rock, Prog, Néo-classique, Jazz, tout y passera, et pourtant cette longue litanie n’est jamais parvenue à décrire ne serait-ce qu’un dixième de la richesse de la musique d’Opeth.

La légende est née grâce à cela. Comme sortis de nulle part, paraissant affranchis de toute influence trop marquée, les jeunes Suédois semblent être parvenus à créer un univers musical unique, caractérisé par l’utilisation de divers inspirations et courants musicaux, aidé par une technique individuelle bluffante. Et bien loin de tomber dans les travers que ses détracteurs stigmatisent par ignorance musicale ou par jalousie, Orchid n’est ni prétentieux, ni pompeux, ni désordonné.

La démonstration du génie d’Opeth prend corps immédiatement dans son premier album. Ambitieux comme aucun autre disque à l’époque, Opeth sait où il veut aller, avec conviction. Et les écoutes successives n’en sont que plus révélatrices : au-delà d’une forme sophistiquée, complexe et jamais vue, le fond de l’œuvre est bien plus riche et plus vaste encore, d’une richesse émotionnelle qui ne se laisse découvrir qu’avec le temps.

Ce premier chef-d’œuvre fait déjà rentrer Opeth dans la légende. Pour peu qu’il récidive sur un second album, ce qui n’est jamais le plus simple, il deviendra culte...

10 Commentaires

20 J'aime

Partager

vinscap33 - 19 Octobre 2009: Je me rappelle avoir découvert cet album sur les bancs de la faculté en même temps que la sortie de "My arms your hearse"... Très bon album. Mais pour moi Opeth a touché du doigt les étoiles sur "Still life" qui selon moi est leur point d'orgue!
Krokodebil - 23 Janvier 2011: Quel album, je le connaissais depuis longtemps mais je l'ai enfin en CD.
Très jolie chronique. Le final d'In Mist she Was Standing est superbe.
=XGV= - 30 Mai 2012: Bonne description de ce disque unique.

Cela dit, moi je serais légèrement moins enthousiaste. Leur style était unique, on est tous d'accord, mais je trouve qu'ils n'étaient pas encore au top et que leur recette était encore perfectible. Je dis ça surtout en comparant Orchid à Blackwater Park. Entre les deux, Opeth a gagné en maturité et l'alchimie entre les passages calmes et les passages brutaux bien mieux réussie.

Du reste, je ne crache pas sur leur premier opus, loin de là. Le premier titre à lui tout seul est une excellente démonstration de tout leur potentiel.
mechant - 20 Septembre 2018:

Je viens de réécouter cet album et effectivement il est fort bon. Au demeurant on pressent l'évolution à  venir et ce n ai pas encore l'opeth mature de Still life et Blackwater park. Le groupe démontre sur ce disque qu il  "en a sous la botte" mais il n a pas encore bien aiguisé ses outils.

 

    Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire

Chronique @ sargeist

31 Janvier 2006
Voilà le premier album du groupe suédois Opeth. Après diverses démos, le groupe a conquis Samoth d'Emperor qui décide de le faire découvrir à Mr Lee Barrett, patron de Candlelight records.
Contrat en poche, Michael Akerfeldt, à peine 20 ans, nous sort cet album que je qualifierais de phénoménal.

Déjà le logo et la pochette sont magnifiques, le booklet de toute beauté. L'album dure quelque 65 minutes pour 7 titres, donc des morceaux très longs.

La production est pleine et puissante, rend bien justice à la basse, et les guitares ont un grain de reverb' qui attache de suite.

Quant à la musique, grand dieu !!! Jamais le choix de deux guitaristes dans un groupe ne se justifie plus qu'ici, l'un jouant toujours un ton en-dessous de l'autre, voire même jouant autre chose, rendant à la musique une multiplicité plus qu'excitante. Et multiplicité il y a, profusions de mélodies géniales, de riffs entrainants, d'harmoniques à pleurer, de soli inspirés.

Tellement qu'on a l'impression qu'il y a plusieurs titres en un, ceux-ci n'obéissant à aucune règle de structure commune, ce qui rend le tout surprenant.

Ajoutez à cela de multiples breaks acoustiques, qui deviendront la marque de fabrique d'Opeth. Quant au bassiste, il n'est pas en reste, exploitant le meilleur de sa grande technicité.

Michael Akerfeldt hurle jusqu’à son dernier souffle dans les grunts, susurre en douceur dans les voix claires. On sent déjà son futur potentiel de vrai chanteur.

"In mist she was standing" se constitue de 14 minutes de pur génie, "Silhouette" est un instrumental au piano entrainant, "Forest of October" un désespoir sans fond, "Apostle in Triumph" une mélancolie sans espoir, mais avec toujours cette lueur de vie...
Je passe sur les autres titres, tous prodigieux. Toutes les émotions y passent.

Un très grand album, peut-être le meilleur, le début d'une légende...

Opeth rule...

4 Commentaires

12 J'aime

Partager
dorthal - 18 Avril 2010: Ce premier opus d'Opeth reflète bien leur envie première qui était de faire une musique la plus "evil" possible...

Effectivement, l'on retrouve une certaine noirceur, une noirceur assez coloré ceci dit, une noirceur sournoise^^

A l'image de leur pochette d'album, deux orchidée violette sur un fond noir...


Effectivement,
yannoz - 07 Mars 2012: Un magnifique album, mais pas très accèssible à toutes les cages à miel. Il faut le temps de l'écouter. Le titre " forest of october" à lui tout seul, vaut l'écoute de cet album. Comme tu le dis Sargeist, on sent déja la naissance d'une légende.
morbi - 19 Septembre 2012: Je découvre (enfin) ce groupe
largement reconnu avec ce premier album. Après plusieurs écoutes, je garde une impression mitigée. Il y a des instants de grâces dans cette musique mais cela est contre-balancé par le style progressif qui ne me convient pas du tout. Opeth joue une musique exigeante c'est certain. On est loin de la structure classique Intro/ Couplet /Refrain /Couplet /Refrain /Solo /Refrain ... et ça n'est pas plus mal ! Mais autant je ne suis pas contre être surpris de temps en temps, autant là, je suis complétement paumé avec une impression de perdre le fil au bout d'un moment. Bref, je ne doute pas des qualités énormes de cet album mais pour qui n'adhère pas au style progressif comme moi, c'est la frustration qui prend le pas ! Pour moi, c'est une impression d'énorme potentiel gâché par une construction que je trouve personnellement maladroite (jugement tout à fait subjectif j'en convient)
12/20
    Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire

Chronique @ mindkiller

30 Avril 2006
Rares sont les groupes à nous offrir un album aussi complexe et abouti pour un premier jet. En effet, Opeth nous démontre avec virtuosité son talent et son originalité dans un magnifique album.
Opeth nous ouvre ici son monde et son art, qualifié de Death Metal mélodique. La musique proposée varie du progressif à des passages empreints au Doom en passant par quelques ambiances bien distinctes au piano.

Les chansons sont longues et très bien construites techniquement, chacune d’une d’entre elles jongle entre guitare électrique, guitare acoustique, chant Death et voix claires.
Les riffs sont puissants et véritablement exploité en duels de guitares (Lindgren/Akerfeldt), les solos sont des moments de pure joie tant ils sont intenses et libres. Le rythme est assez changeant mais est parfaitement maîtrisé grâce à une batterie réglée à la perfection, avec alternance de double caisse et de passages calmes. Quant à la basse elle vient accentuer les passages tristes.

Parfois perdus dans des moments de solitude et de déprime, rythmés parfois par des moments de fureur et de violence, les deux moments s’y côtoient parfaitement et s’entrecroisent à la perfection, durant ces chansons interminables. C’est d’ailleurs un fait: les chansons expriment tellement de sentiments différents (romantisme, mélancolie, agressivité, puissance) que l’on pourrait décortiquer chaque chanson en plusieurs petites histoires variées où les tourments et la violence se mélangent parfaitement.
Créative et mature la musique s’accorde parfaitement aux textes tout aussi esthétiques, traitant d’endroits magnifiques où nos rêves viennent se réfugier, de mille lieux où la brume règne, des saisons, ou bien encore de la forêt, un élément si bien traité et parfaitement rendu, où notre âme s’évade.

Des morceaux comme "Forest Of October" et "In The Mist She Standing" sont des oeuvres en elles-même considérées, pour ma part, comme de véritable chefs-d’oeuvre de pureté d’émotions et de passion.
Quant aux deux interludes, « Silhouette » tout au piano et « Requiem » à la basse, guitare acoustique et aux percussions, ils peuvent paraître étranges à première vue dans un album de metal, mais apparaissent justement complètement justifiés dans un album d’Opeth. Ils sont les temps morts tantôt mélancoliques, tantôt festifs de l’album.

Un tel album dégage en vous un sentiment que vous ne retrouverez nulle part ailleurs, car Opeth a su imposer son style et conquérir les sommets rapidement. Doté d’un énorme potentiel, Opeth nous lâche ici un album réfléchi et technique qui amorce une carrière des plus prometteuses. La puissance vient ici surtout des musiciens tous excellents, ayant tous un talent à la hauteur de la musique. Les superlatifs ne manquent pas pour qualifier ce groupe qui, pour ma part, exprime ce que d’autres n’ont pas la volonté, je veux dire, le détachement et l’expression libre toujours nouvelle d’un album à l’autre. Chacun se fait sa propre idée, tant l’essence de leur art est compliquée à décrire et à retranscrire, mais d’une manière générale, il n’y a pas à hésiter, c’est un pur chef-d’œuvre.

0 Commentaire

5 J'aime

Partager
    Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire