Comme il est dit dans leur titre éponyme de 1991 : « No one can destroy this malevolent
Creation », en effet, tout porte à croire que rien ne peut mettre à bas
Malevolent Creation : ni le fait de se faire éjecter par un label ne misant plus sur le Death
Metal au milieu des 90’s, ni la mode du Death technique des années 2000 que les floridiens ont traversé sans coup férir, ni les relations houleuses avec les anciens membres éjectés (le batteur Gus Rios notamment), et encore moins le temps qui passe qui semble au contraire renforcer la motivation de Phil Fasciana, seul rescapé du line up d’origine.
Toutefois depuis le redoutable
The Will to Kill, la création malveillante s’est contenté du minimum syndical, proposant des albums corrects mais d’une qualité nettement inférieure à leurs tueries d’antan.
Dead Man’s
Path (2015) semble l’occasion idéale pour le quintet de remettre les pendules à l’heure.
Mis à part le retour de Justin Di Pinto derrière les fûts qui remplace Gus Rios (Fasciana l’accusait d’éditer ses pistes en studio pour masquer son incompétence, ce que ce dernier contestait avec vigueur, ambiance…), le quatuor Fasciana + Geraca (guitares), Blachowics (basse) et Hoffman (chant) reste le même, ce qui constitue un véritable exploit pour le combo, habitué à une valse incessante des musiciens autour de l’indéboulonnable Phil Fasciana. Un fait qui aide sans aucun doute à l’homogénéité supérieure de ce disque par rapport à
Invidious Domonion.
Dés l’instrumentale
Dead Man’s
Path en guise d’introduction, on comprend que les floridiens ont fait le bon choix en confiant le mixage et le mastering outre-atlantique à Dan
Swanö et son Unisound. Tout y sonne beaucoup plus large et puissant que sur la galette précédente, en particulier des arrangements guitares multipistes au top. Et que dire de l’énergie des rythmiques dégagée par Soul Razer !
Avec ce groupe vieux de quasiment trente ans qui signe son douzième album et qui a toujours gardé sa ligne de conduite, il est assez peu commode de détailler des titres de MC sans avoir l’impression de tomber dans la redite, mais les aficionados du groupe savent à quoi s’attendre dans les grandes lignes : principalement du Death / Thrash floridien basé sur des rythmiques implacables.
Malevolent Creation propose ici des réminiscences de la puissance de
The Will to Kill et de l’agressivité de
Envenomed, ces références sont très nettes sur le riffing Death / Thrash du dévastateur
Imperium (
Kill Force
Rising), doté également d’un solo de qualité : un titre jalon sur ce disque.
Blood of the
Fallen est l’exemple type des compos signées MC : deux ou trois riffs qui restent en tête, une batterie agressive, une rythmique lourde (accompagnée une fois sur deux d’un tapis de double grosse caisse) pour aérer l’ensemble, et le tour est joué. Ca a l’air simple n’est ce pas ? Peut-être ça l’est, mais toi, guitariste nouvelle génération capable de pondre cinquante notes à la seconde, tu n’as pas été capable de composer CE fameux riff marquant, le feeling ne s’apprend pas sur les tutoriaux que tu t’enfiles à longueur de journée !
Même si son chant ne semble pas aussi hargneux qu’auparavant, Brett Hoffmann quant à lui possède toujours son timbre semi-criard spécifique et connaît son taf mieux que personne, sa diction et son énergie sur 12the
Prophecy en attestent.
Fragmental Sanity, son riff de départ à la tierce, ses accélérations redoutables et ses leads tourbillonnantes est aussi un moment fort de l’album.
L’édition digipack contient deux titres bonus qui vont au delà du simple ajout de circonstance : l’étonnant Carnivorous
Misgivings avec des plans dissonants inhabituels, ce qui explique sans doute son éviction de l’album, et un ré-enregistrement de Dominated
Resurgency, relique issue du troisième album qui bénéficie enfin d’une production correcte.
Inoxydable,
Malevolent Creation se permet même avec
Dead Man’s
Path d’enterrer ses productions précédentes. Derrière les intouchables
Hate Eternal et
Nile, les floridiens proposent un millésime 2015 intéressant, et bien évidemment indispensable pour ses fans.
BG
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