Déjà relégué aux pauvres Pro Media Studios avec l’ingénieur du son Mark Pinske pour les sessions de
Stillborn, en lieu et place des Morrisound Studios jugés trop onéreux par son écurie Roadrunner,
Malevolent Creation trouve plus précisément la porte de sortie peu après la parution de son troisième album, évincé tout comme
Immolation,
Gorguts et
Sorrow, faute à la politique opportuniste de son label ayant trouvé une nouvelle poule aux œufs d’or avec l’essor de
Fear Factory ou
Machine Head. Le groupe de Floride subit par ailleurs ses inévitables mouvements de line-up, affrontant non seulement le départ du redoutable batteur Alex Marquez, mais aussi celui de son chanteur emblématique Brett Hoffmann, au timbre éraillé si particulier.
L’infatigable leader Phil Fasciana ne se laisse toutefois pas démonter, dégotant un sacré batteur en la personne de Dave Culross, tandis que
Jason Blachowicz s’empare du micro en plus de la basse.
Malevolent Creation signe enfin un contrat de moindre envergure avec l’écurie Pavement Records (et SystemShock pour l'
Europe), comme nombre de ses confères subissant à l'époque les effets liés au recul du deathmetal, pour citer
Vader relégué chez
Croon / SystemShock ou
Nocturnus chez Moribound Records.
La bonne capture du quatrième album
Eternal, aux
Criteria et Innerface Studios, permet le retour du deathmetal fracassant de notre bulldozer nord américain, mal loti sur son précédent enregistrement faute au manque de mordant de ses guitares et à la relative confusion du mixage. Le groupe s’exprime avec davantage de rage et de lourdeur, les rythmiques retrouvant leur impact façon 38 tonnes de la période
Retribution, à l’image du puissant titre d’ouverture No
Salvation et du tout aussi écrasant
Unearthly. Le ton global devient en outre plus radical & tapageur, le jeu de Dave Culross s’emballant régulièrement dans des parties en blast-beats, pour citer ses frappes impitoyables sur
Infernal Desire ou Living in Fear. Enfin, si les beuglements gutturaux de
Jason Blachowicz contrastent quant à eux avec le chant plus écorché de Brett Hoffmann, ils manquent en revanche de finesse et de variation, entrainant par ailleurs la perte non négligeable d’un pan de la personnalité initiale de
Malevolent Creation.
Avec une hargne intacte, même retrouvée,
Malevolent Creation revient ainsi avec un monolithe deathmetal puissant et convaincant, sans toutefois renouer avec le génie de ses débuts si marquants. En cette année 1995, relégués sur un label de second plan et privés du chant charismatique de leur ancien frontman, Phil Fasciana et ses acolytes subissent par ailleurs les conséquences de la baisse de popularité de la scène deathmetal au profit des scènes power US, revival black ou progressives émergeantes, mais gardent imperturbablement la tête haute, lâchant sans concession ce deathmetal d’une intensité et d’une authenticité toujours aussi notoires.
Fabien.
Merci pour ta chronique intéressante, concise et percutante comme à ton habitude. Dommage cependant que tu n'aies pas évoqué la controverse autour du titre "They Breed", aspect du disque contribuant au même titre que d'autres, à définir la personnalité unique de ce dernier, et plus largement celle de Malevolent Creation incarnée par son artisan historique Phil Fasciana. A mon sens, les paroles et leur teneur tiennent une place très importante dans la personnalité intrinsèque d'un album, et s'avèrent être indispensables à l'exercice de l'appréciation et de la critique d'un album.
Certes. Ceci dit, cet album de M.C. que j'avais acquis en 1995 à sa sortie (tout comme les trois précédents) reste l'un des CD avec le livret le plus pauvre que je possède dans ma discothèque. Ce dernier ouvert correspond à deux pages blanches ! Heureusement qu'Internet est venu à notre secours avec ses bases encyclopédiques qui se sont progressivement enrichies, et que les rééditions d'albums soient majoritairement plus complètes. ++ FABIEN.
Quelle controverse ? Je ne suis pas au courant (je viens de lire les paroles du morceau "they breed" et j'imagine que c'est la dernière phrase "you fucking niggers", qui d'ailleurs n'est pas imprimée dans le livret, qui en est à l'origine).En revanche ce que je sais c'est qu'en 1997 Phil Fasciana (guitare) a viré (après lui avoir cassé la figure) Jason Blachowicz (chant/basse) parce qu'il portait un maillot du Ku Klux Klan (le bassiste sera réintégré dans Malevolent Creation en 2005).Par conséquent si vous avez des informations supplémentaires je suis preneur.
@ Fabien : Merci pour ta réponse.
@ grogwy : Il n'y a pas que la dernière phrase de "They Breed" qui est controversée, tout le morceau est une déclaration de haine contre une certaine partie de la population américaine, rien que le titre tend à les réduire à leur seule capacité de reproduction.. L'histoire de Malevolent Creation est en effet marquée par des dérapages et des déclarations fracassantes de Phil Fasciana sur le même sujet notamment en interview.
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