Littéralement revenu d’entre les morts,
Behemoth, dont le leader charismatique
Nergal fut atteint d’un cancer et sauvé grâce à une greffe de moelle osseuse, revint sur le devant de la scène, en écrasant toute la concurrence, avec le fabuleux et contre versé «
The Satanist ». Autant adulé que décrié, ce disque, très différent du triptyque «
Demigod/
The Apostasy/
Evangelion », puisait son inspiration à l’essence même de ses racines « black-metal », ralentissant la cadence rythmique, en simplifiant également ses structures et en développant plus les ambiances. «
The Satanist » fut très bien accueilli par la critique et par la majorité des fans, faisant franchir un palier supplémentaire aux Polonais, d’ailleurs, les concerts qui suivirent, appuyèrent en ce sens et, tous ceux qui ont assisté à un de leur concert (le set au Hellfest 2014 notamment), ne pourront me contredire, tant celui-ci était intense et intégrait parfaitement les nouveaux morceaux.
En cette fin d’année 2014, la dinde était sur le point de se faire farcir, mais le père Noël avait vraiment changé. En effet,
Behemoth a choisi cette période (le 1 novembre 2014 plus précisément) pour offrir (façon de parler) aux plus « diehard » de ses fans, un Ep intitulé «
Xiadz », et refermant 3 morceaux. Le premier, «
Xiadz » est issu des sessions d’enregistrement de «
The Satanist », «
Moonspell Rites » a, quant à lui, été réenregistré et « Towards The
Dying Sun We March », est issu des chutes de «
Evangelion ».
L’artwork est l’avenant de ce que «
The Satanist » proposait, avec une prédominance sombre et un côté blasphématoire très prononcé et, comme le disait
Nergal, la maladie ne l’avait aucunement rapproché de Dieu.
Xiadz, qui ouvre l’EP, est dans la droite lignée des titres les plus pesants de «
The Satanist ». Le morceau, d’obédience lourde et dont la dominance rythmique lorgne directement sur un tempo sinueux et lent, rehaussé d’une double pédale, aurait très bien pu figurer sur le dit album. Sur les deux autres compositions, ce tempo pachydermique sera de mise et met en exergue les atmosphères obscures et lugubres qui s’en dégagent. L’ambiance est sinistre au possible, auréolée d’une aura blasphématoire certaine, de laquelle émane une puissance brute et écrasante.
Dire que les évènements ont changé la perception musicale de
Nergal, délaissant la violence inhérente aux dernières offrandes de
Behemoth, n’est pas forcément justifié, surtout au regard de « Towards The
Dying Sun We March ». En effet, cette composition est issue des sessions d’enregistrement de «
Evangelion », époque où la formation polonaise était au paroxysme de sa brutalité, nous comprenons aisément les raisons de son éviction mais il est une évidence que le groupe envisageait déjà une nouvelle orientation musicale. Ce titre, comme «
Xiadz » est lourd à souhait, massif mais doté d’un riff assez convenu et, il en résulte quelques longueurs. La preuve que
Behemoth opérait un véritable retour aux sources avec «
The Satanist » réside dans «
Moonspell Rites », tiré de la démo « The
Winter Kingdom » (1993) et dépoussiéré pour l’occasion. Les riffs, le rythme, les atmosphères collent parfaitement à la nouvelle mouture de
Behemoth, renvoyant à leurs contradictions, tous ceux qui déclaraient que les polonais s’étaient reniés avec la sortie de «
The Satanist ».
Le seul véritable reproche que votre serviteur puisse adresser à l’encontre de cet EP est qu’il manque de variations rythmiques et, pas une seule explosion rapide ou frénétique blastée ne vient émailler ces 3 morceaux. Aussi et même si c’est une qualité, la musique de
Behemoth devient élitiste, ne s’adressant qu’à un public averti, tant la richesse de ses compositions nécessite de l’attention. Puis, et ce n’est que mon avis, le talent d’
Inferno est très sous exploité, il est vrai que le bougre excelle dans tous les types de tempos, mais lorsqu’on possède un tel batteur, d’énormes possibilités s’ouvrent en matière de composition, donc la nécessité dans l’insistance à se cantonner à une cadence lourde, peut se poser.
Il ne faut pas s’y méprendre, ce disque ne s’adressait qu’aux purs et durs et, aux collectionneurs invétérés puisque «
Xiadz » est sort dans une version ultra limité à 1000 exemplaires. Toutes celles et ceux que «
The Satanist » rebutaient, peuvent passer leur chemin car
Behemoth enfonce encore plus le clou. La musique des Polonais se développe au travers d’atmosphères toujours plus obscures, avec un côté satanique bien plus développé, renvoyant parfois, à des rites de messes noires (le break de «
Xiadz » par exemple). Aussi, «
Xiadz » présente des compositions qui nécessitent plusieurs écoutes assidues avant de s’entrouvrir, mais une fois cette masse homogène pénétrée, vous serez subjuguez par une magnificence noire et blasphématoire addictive.
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