Si le premier cadavre,
Heavy Metal Breakdown (1983), exhumé par ce fossoyeur fut de nature suffisante à nous laisser entrevoir quelques encourageants espoirs quant à l'avenir des allemands de
Grave Digger au sein d'une scène Heavy
Metal germanique encline à une vélocité très prononcé, le second
Witch Hunter, déterré à peine un an plus tard, sera, quant à lui, plus propices à une critique moins immédiatement élogieuse.
L'accusation est sérieuse et mérite d'être explicité.
Commençons donc, et ce afin d'exacerber plus précisément encore ce sentiment contrasté vis-à-vis d'une œuvre qui pourtant ne manque pas de qualités, par évoquer les vertus délicieusement plaisantes de ce manifeste.
Loin de se complaire dans la même anémie sonore que son ainé, ce nouveau plaidoyer nous propose de découvrir ses différentes nuances desservies, cette fois-ci, par une production sinon pleinement satisfaisante tout au moins suffisamment équilibré pour en discerner chaque trait de caractère.
Dans cette espace sonore aux contours mieux définis, les vociférations âpres et rugueuses d'un remarquable Chris Boltendahl offre toute leur mesure.
Musicalement, le groupe aura aussi énormément progressé dans la construction de morceau à l'efficacité plus convaincante, et ce même si certains manquant encore, à l'évidence, d'un certain charisme pour devenir des hymnes historiques. De plus l'aspect quelques peu espiègles d'une première œuvre aux propos parfois immature aura cédé la place à une expression plus adulte et maîtrisé. Tant et si bien que même la ballade énergique, Love is a Game, mais aussi School's
Out, reprise d'
Alice Cooper, sans exceller, n'alourdissent pas véritablement l'œuvre. Bien au contraire elles offrent une respiration salutaire au cœur d'une débauche aux apparence parfois confondante. Ainsi, soyons francs, des morceaux tels que
Witch Hunter,
Night Drifter (et son refrain aux similitudes troublantes avec le
Save Us d'
Helloween parus, bien plus tard, sur le Keeper of the
Seventh keys Part II), Get Ready for
Power ou encore Get Away,
Fight for
Freedom, malgré des différences évidentes, ne se démarquent pas suffisamment les uns des autres et donnent, à l'auditeur, l'étrange sentiment d'écouter autant de titres interchangeables à l'inspiration et à l'efficacité pas nécessairement indiscutable.
Au-delà de corriger bons nombres des fâcheuses erreurs d'un précurseur prometteur, ce nouveau manifeste s'alourdit donc de quelques défauts, non négligeable.
Grave Digger y est déjà coupable, de la récurrente défaillance regrettable de s'y adonner de manière un peu trop flagrante à un propos d'une linéarité bien trop souvent redondante en des titres aux rythmes souvent équivoques et d'une inaltérable célérité. De sorte que résultat de ce Heavy
Metal moins dispersé, débarrassé, notamment, de ces relents les plus visiblement Thrash, apparaîtra, pas nécessairement de manière pleinement justifiée d'ailleurs, comme très académique. Ce qu'il gagne donc en cohérence et en maturité, il le perd en nuance et en spontanéité.
Le travail mélodique, notamment des refrains, est, de surcroît, pas encore pleinement satisfaisant et ce même si, à l'évidence, le groupe aura fait quelques progrès dans le domaine.
Witch Hunter est donc une œuvre plus aboutie que son ainé et dont le résultat, paradoxalement, sera pourtant moins marquant. Sacrifiant son propos à un certain systématisme d'une vélocité presque de rigueur, ces titres moins charismatiques et influents, nous proposent donc d'errer en des plaines, certes, belles mais désespérément semblables.
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