En 1995,
Therion sortait
Lepaca Kliffoth, album à la fois hommage au Into the
Pandemonium de
Celtic Frost et de transition : la dominance death metal a été respectueusement enterrée pour laisser la place à d’autres mélodies heavy traditionnel, d’autres accords néo-classiques, ensemble bien dosé qui affirmera a posteriori cet opus comme pionnier du genre Symphonic
Metal. Un an après, le groupe s’attelle à un ouvrage d’une autre ampleur. Sous l’impulsion de son leader Christofer Johnsson, féru de musique classique et rêvant de réaliser enfin une œuvre grandiloquente digne de ses thématiques occultes (dont les paroles lui sont, soit dit en passant, toujours « susurrées à l’oreille » par le fondateur de l’Ordre du
Dragon Rouge, Thomas Karlson), et fort du soutien financier de
Nuclear Blast, le combo suédois va en effet donner une plus large place aux claviers et aux chœurs d’opéra, au point de les rendre prépondérants, sur son cinquième album studio ; entreprise pour le moins risquée sachant qu’en ce début d’année 1996, peu de groupes de
Metal se sont alors aventurés dans cette voie. Chez
Therion, l’expérimentation est reine.
Tandis que
Jonas Mellberg, ancien guitariste d’Unamited, a rejoint le line-up, seront recrutés pour l’occasion pas moins d’une quinzaine de vocalistes, soit deux chœurs professionnels et quelques invités. Parmi ces derniers, deux d’entre eux se chargeront également d’ajouter aux compositions des accords néo-classiques, en plus de ceux des claviers de Chris et de
Jonas, avec leurs propres synthés et un grand piano. De plus, on remarquera la présence du musicien Dan
Swanö, déjà bien connu de la scène underground suédoise, entre autres en tant que fondateur d’Edge of Sanity et
Nightingale. Tout ce beau petit monde réuni autour de « la Bête » suédoise dans les locaux des studios Impuls à Hambourg va donc participer pendant près de deux mois à l’élaboration (comprendre : l’enregistrement) d’un ouvrage ambitieux, une expression musicale ésotérique mêlant l’esprit de divers mythes antiques sumériens, égyptiens ou hébraïques pour évoquer (dans tous les sens du terme) la grandeur et la splendeur de
Theli, le dragon céleste. Les éléments constituant son essence seront fusionnés (comprendre : mixés) par Jan Peter Genkel au Central Sound Studio, toujours dans la même grande ville allemande.
Les cuivres, les cordes et le grand piano lèvent doucement le rideau avec l’ouverture “
Preludium ” puis la batterie et les guitares arrivent, agressives, et gagnent en vitesse dès le début de “ To Mega
Therion ”, entrée en matière diablement efficace, portée par des chœurs majestueux et la voix scandée de Chris, qui décidément n’est pas encore près d’abandonner le chant rauque caractéristique du vocaliste de
Celtic Frost – ce sera chose faite à partir de l’album suivant.
Therion a posé son univers et on se laisse alors transporté sans soucis par l’occulte “ Cults of the
Shadow ”, morceau presque progressif recelant lui aussi de belles variations rythmiques et vocales. L’influence orientale dans la musique du groupe se fera davantage sentir avec l’égyptien “ In the
Desert of Set ”, débutant sur de belles notes acoustiques et un tempo d’abord lent alors que les ténors commencent à entonner le nom du dieu à tête de chacal
Seth, dont le « tableau » de Peter Grøn illustre la pochette de
Theli (comment ça, cet artwork est moche ?!?), avant que la magie déjà présente sur les deux précédentes chansons n’opère à nouveau dans la suite de ce morceau à la fin très épique.
Cependant, malgré la richesse exemplaire de pratiquement toutes les pistes, on pourra regretter quelques défauts persistants durant cette grande fresque rituelle. D’abord, plusieurs longueurs et répétitions du côté des chœurs ou dans les mélodies pendant la deuxième partie du disque s’avèrent relativement superflues, en particulier dans le milieu du titre mid-tempo “
Nightside of
Eden ” ou durant “ The
Siren of the Woods ”, certes une bien belle ballade chantée en akkadien, qui sera d’ailleurs le second single du groupe, mais presque une intruse par rapport aux autres pistes. Disons qu'elle préfigure ce que seront les futures productions de
Therion.
Ensuite, nos oreilles ont droit aux effets d’une production approximative qui rend plusieurs breaks et ponts difficiles tel “ Interludium ”, par exemple ; eh oui ! malgré le budget colossal qu'a reçu
Therion de la part de
Nuclear Blast pour cet opus, le tout sonne parfois trop brut, c'est un comble ! Est-il possible que les membres du groupe ont voulu jouer sur une forte distorsion des guitares électriques et des dissonances des claviers, du grand piano et de la batterie, tout ceci afin de densifier l’aspect sombre de leur chansons ? Hypothèse vérifiée en partie à l’écoute de l’invocation du démon hébreux de la séduction (“ Invocation of
Naamah ”, alias
Lilith), autre magnifique morceau de bravoure doté de riffs speed ponctuels proches du Death
Metal et sonnant donc comme une petite réminiscence de Symphony Masses : Ho Drakon Ho Megas, de même que sur l’apothéose concluant l’album, l’instrumental “ Postludium ”.
Toujours est-il que
Theli demeure une excellente pièce qui fut encensée, à juste titre, par la critique à sa sortie. Album révélateur du combo suédois qui s’écoulera en dizaines de milliers d’exemplaires dès les premiers mois de sa sortie, ce sera aussi la dernière œuvre à comporter des riffs typés
Metal extrême. En effet, avec
Vovin,
Therion évoluera une fois de plus, se traçant une autre voie, plus épurée, atmosphérique et orientée heavy metal traditionnel, mais tout aussi riche et réussie, usant avec brio de grands orchestres au complet pour affiner encore davantage sa musique.
---------------------------
...Et la Bête apparut en pleine lumière.
16/20
The siren of the woods est une de mes chansons préférées de Therion:)
J'aime beaucoup ce groupe!
pour moi le meilleur du groupe !
Dommage que la pochette soit si vilaine elle ne rend pas hommage à la subtilité du groupe .
crois tu vraiment que THELI est un album violent ???
L'album THELI est une oeuvre majeure du METAL quand je le réécoute et le compare avec les autres opus de THERION et les autres grands groupes du METAL SYMPHONIQUE. C'est puissant, mélodique, mystique, envoutant et consistant. c'est le CD charnière du groupe qui evoluera plus dans l'OPERA symphonque par la suite et que je place parmi les tous meilleurs compositeurs et musiciens de l'univers Heavy Metal tous genres confondus.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire