«
Plus on s’élève et plus dure sera la chute. »
Voilà un proverbe témoin du triste chemin qu’ont choisi d’emprunter les suédois.
Et pourtant, il fût un temps où l’on voyait en
Therion un joyau rare, un de ceux capables de s’imposer comme un maitre de scène, une puissance indétrônable. Rares sont ceux qui parvinrent à toucher du doigt l’excellence qu’avait atteint le groupe avec un double album si magistral qu’on osait alors en faire appel à la notion de perfection. Ainsi, «
Lemuria » et «
Sirius B » faisaient briller un groupe au sommet de son art. Mais ils annonçaient aussi sa longue et sûre descente vers des jours moins heureux. Si
Therion, avec "
Gothic Kabbalah", parvenait à maintenir un très haut niveau, il n’était toutefois pas capable d’apprendre à voler. Avec «
Sitra Ahra », le groupe montrait déjà de sérieux signes de faiblesse. Le voilà désormais à six pieds sous terre…
D’emblée et avant même de se plonger dans l’écoute de l’album, il convient de se demander où cherche à en venir le groupe. Certes le concept de l’album de reprises n’est pas nouveau, mais on ne manquera pas de souligner l’apparente originalité du choix. Mais lorsque l'on met le disque dans le lecteur, il devient plus juste de parler d’incongruité, d’absurdité. « Poupée de cire, poupée de son » ouvre l’album dans une atmosphère lourde et ratée. Les similitudes entre la voix de Lori Lewis et celle de la Castafiore sont troublantes. On croirait rêver, tant sa piètre prestation contraste avec
Lemuria et des titres magnifiques comme « An arrow from the sun ». Les riffs sont fades et ennuyeux, et l’on en vient déjà à compter les secondes qui passent, la seule satisfaction du morceau arrivant quand enfin, Lori la ferme.
Nous voici désormais imprégnés de boue jusqu’au cou et condamnés à écouter ces titres plus mauvais les uns que les autres. Il ne s’agit pas là d’un raté, doux euphémisme, mais bel et bien d’un carnage, d’un massacre. C’est dans des douces immondices tels que « Une fleur dans le cœur » ou « Mon amour, mon ami » que l’absurdité de ces reprises se fait pleinement ressentir. Ridicules à souhait, sans la moindre trace de créativité et à peine au ras de pâquerettes techniquement, on n’est pas loin de se fracasser la tête contre un mur. En donnant à son album le nom d’un célèbre recueil de poésie, le groupe revisite ainsi l’idéal baudelairien. De la boue,
Therion n’en fait pas de l’or, mais bien de la merde. Baudelaire comme Gainsbourg doivent se retourner dans leur tombe.
Ainsi, les titres oscillent entre le risible dans « Polichinelle » et le ridicule dans «
Lilith ». Toutefois, on découvre dans ce foutoir un titre bien au-dessus des autres, presque moyen. Si le chant s’apparente parfois plus à du fourchelangue qu’à autre chose, on retrouve avec «
Dis-moi poupée » un soupçon de technicité dans un court solo de guitare relativement banal mais réussi, qui vient apporter à nos oreilles un (court) instant de répit. On croirait entendre ici une reprise presque réussie. Rassurez-vous,
Therion relance les hostilités avec le pitoyable «
Lilith », transpirant la mollesse et puant l’arrogance, car autoproduire un album pour tourner en ridicule la chanson française (logique que
Nuclear Blast n’ait pas voulu être de la partie) relève plus d’une certaine forme d’orgueil plutôt que d’un audacieux pari.
Toutefois, on ne pourra pas contester l’équilibre certain et l’unité formée par l’album. Au terme d’une deuxième partie aussi mauvaise que la première, la fin se rapproche inexorablement. Les derniers méfaits se font entendre. Et
Therion ne fait pas les choses à moitié. Comble du l’ironie, le groupe a même prévu un bis pour un public qui en redemande. On aura même la possibilité de se sustenter avec de petites douceurs généreusement offertes par la maison qui viendront clore le spectacle. Bien entendu, on aurait allègrement préféré crever de faim plutôt que de manger ces sucettes empoisonnées…
« La France monsieur ! La France ! » Louis de Funès
Dans sa quête d’exotisme vers des terres dont il espérait faire revivre à lui tout seul une époque révolue,
Therion n’aura su que tomber dans les affres de la médiocrité. A l’instar de tant d’autres grands du métal, les suédois auraient sans doute mieux fait d’entreprendre une quête de renouvellement plutôt que de se perdre dans des contrées semées d’embûches.
Therion s’ôte ainsi son charisme et sa notoriété. Si vraiment, dans leur orgueil, les suédois voyaient en la France d’autrefois la postérité, alors peut être auraient-ils dû lire Montaigne qui disait que « Sur le plus haut trône du monde, on n’est jamais assis que sur son cul ».
A méditer...
7/20
Déjà, les reprises, faut accrocher et j'aime pas trop-trop. Ah mais on me dit dans l'oreillette que c'est un alboume ENTIER de reprises ?! Mince, flûte et cornegidouille : la pilule devient un peu grosse à avaler pour ma pomme. Voyons tout de même (ah bah oué, j'aime Therion tout de même, nom de bleu !) :
Moui bon, l'orchestration est bien therion-esque, la puissance est là (merci la rythmique de m'sieur Johnsson) et Lori Lewis utilise à merveille son organe (raison de sa présence depuis lurette, autant rentabiliser à chaque album...).
Le choix des titres ? Boaf, j'avoue que je m'en tape un peu, considérant que c'est le trip de Mastermind-sson, il aurait aussi bien pu reprendre le générique de Récré A2 ou la Digue du cul que ça ferait pas de différence à mes yeux. Il a envie, il a les moyens de le faire, il le fait. Quant à aimer...ça...Bon, chuis pas hostile aux french sixties hein, y'a une certaine insouciance, une légèreté (naïveté ?) dans les compos qui fait du bien par où que ça passe...des fois.
Là où, justement, Therion arrive avec ses beaux sabots de symphonic-thrash-prog-wtf-metal et fait disparaître cette fraîcheur pour la remplacer par...heu...par quoi au juste ? Ah oui : par du son. LEUR son, en fait. "Hé mais Dugland, c'est des reprises ! STFU n00b !" Oui, merci Marc-Hubert pour l'info, mais en l'espèce, je trouve que ça transforme les originaux pas tant que ça, et que ça fleure un peu trop le prétexte commercial pour faire poireauter les gens. Même si Kabbale-man kiffe grave Hugues Aufray et Richard Anthony, hein, l'un n'empêche pas l'autre : si on me file le beurre et l'argent du beurre, je vais quand même demander le cul de la crémière, on sait jamais.
Nan, je crois que le pire à mes yeux, c'est les images. A croire qu'ils ont foutu tout le pognon dans la prod. Quels sont les réflexions über-philosophico-mystico-lémuriennes qui ont fait croire que le top pour coller à des trucs sixties français était de fourguer des clips farcis de pouffes gothiko-kikoolol à gros nibards qui fricotent avec de sous-bikers vaguement métalleux dans un troquet qui sent bon le mélange contre-nature de 8.6° et de Twilight ? De la décadence ?? Mouais ptet...pour mon neveu alors (oui, il aime bien les vampires, mais plutôt quand ils se baladent en 95C) !
Bref, pas une réussite pour ma part, mais pas totalement "à chier"(TM)...Donc : 2 bleus, 2 rouges. Christopher, tu restes, mais vraiment parce que c'est toi, Manoukian voulait te virer.
M'enfin bon...
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