Si tout se jouait au mérite,
Testament serait assurément sacré roi du thrash metal actuel. S’accrochant avec vigueur tout au long des années 90, pour finir en apothéose avec l’incroyable
The Gathering, Chuck Billy et Eric Petterson peuvent se targuer non seulement d’être le seul des monstres sacrés américains à avoir braver la tempête de la sorte, mais également d’avoir déclenché le signal du renouveau du thrash dans ses plus beaux atours dès 1999.
Les années ont passé, et désormais, même les vieux collègues historiques de la Bay
Area (
Exodus,
Death Angel) sont réapparus au sommet de leur forme. Le successeur de
The Gathering étant annoncé depuis bien (trop ?) longtemps, un strapontin au premier rang avait été toutefois soigneusement réservé pour
Testament. On connaît la suite, les péripéties qui ont amené à ces presque dix ans stériles passés, puis enfin,
The Formation of Damnation naquit.
Habitué des line-up mouvants sur les derniers albums, le duo s’est attaché cette fois-ci à reconstituer le noyau historique autour d’Alex Skolnick à la guitare et de Greg Christian à la basse. A la batterie, on trouve Paul Bostaph, l’un des trois plus fameux mercenaires batteurs de Californie avec
Gene Hoglan et Dave Lombardo.
Premières impressions après tant d’attente fébrile ?
Pour commencer par le début, on dira que le disque met un certain temps à prendre sa vitesse de croisière. Après une jolie intro qui annonce le riff-thème principal de
More Than Meets
The Eye, on entre dans le vif du sujet. Chuck Billy a toujours ce timbre si appréciable, le tout ronronne gentiment sur un tempo plutôt moyen, mais sorti de la redondance volontariste de son riff, le morceau laisse une impression mitigée. Cela ne s’arrange pas vraiment avec The
Evil Has Landed, toujours calé sur du mid-tempo. Bien carré, bien fini, soigné dans ses transitions, le heavy-thrash catchy de
Testament se déguste facilement mais manque un poil d’allant. Bien loin d’apparaître comme une évolution logique de l’album précédent, ce début de disque paraît inspiré d’un héritage plus lointain. Sauf que le titre suivant, Formation Of
Damnation, remet –enfin- les pendules à l’heure. On retrouve le chant plus guttural de Chuck, venant s’appuyer sur une compo bien plus virulente. Bostaph semble enfin se lâcher, et le premier headbanging est de la partie. Rien non plus de révolutionnaire, notamment dans la partie centrale du morceau où le matraquage plus lent ne fait pas dans l’original. Sauf que l’accélération finale vient juste à point pour conclure quand même un bon moment de plaisir. Gros morceau que ce titre.
La montée d’adrénaline se fait salement doucher par le morceau suivant, sans doute le plus insipide du disque. Là encore, pas de faute de goût particulière, mais ce thrash déjà entendu, assez poussif et au refrain pas accrocheur pour deux sous n’a pas le supplément d’âme que l’on espère, malgré de jolis soli et une rythmique volontaire.
Testament semble enfin trouver sa vitesse de croisière à partir de The Persecuted
Won’t Forget, plus varié et incisif, que ce soit au niveau des guitares, du chant ou du tempo. Henchman, malgré sa rythmique « tagada-tagada » un peu éculée, recèle une belle énergie qui se révèle à mi-morceau. Même Killing Season, plus mou du genou, passe relativement bien grâce à des lignes guitaristiques pertinentes, donnant un côté rock n’roll très agréable. Après un
Afterlife très quelconque et un poil soporifique, le très catchy F.E.A.R vient à point pour relancer la machine.
Pas d’envolées supersoniques ici, mais son petit riff sautillant bien épaulé par de bonnes parties de double du père Bostaph, alternant avec un refrain bien accrocheur, donne un joli relief au morceau.
Le tout se finit par un morceau assez mélancolique et finalement plutôt sombre, Leave Me Forever, qui tranche assez nettement avec l’esprit global du disque.
Vous aurez compris à mes nombreux bémols que
The Formation of Damnation ne m’a pas procuré les mêmes frissons que le dernier
Exodus, par exemple. Etais-je trop naïf en croyant que
Testament allait nous refaire le coup de
The Gathering ?
Toujours est-il que Chuck Billy et sa bande sont rentrés dans le rang. Il s’agit premier rang, tout de même, et le fameux strapontin leur revient malgré tout. L’album est de qualité, proposant un thrash plutôt mid-tempo bien ficelé, accrocheur, à la production irréprochable (tout de même), qui ravira les fans du genre. Mais personnellement j’y vois une légère régression par rapport à
The Gathering,
The Formation of Damnation apparaissant moins moderne et peut-être plus poussif, allant chercher des inspirations dans la vieille discographie du groupe (et c'est une réussite à ce niveau),alors que son prédécesseur semblait définitivement tourné vers l’avenir.
Et sans réel grief envers
Testament, je ne peux qu’exprimer une pointe de déception et d’amertume toute personnelle, qui reste quand même anecdotique à l'heure du bilan.
Je considère que l'album commence formidablement bien mais baisse en qualité au fur et à mesure des morceaux. En outre, ces derniers ont tendance à se ressembler d'où un sentiment mitigé.
En revanche, je veux crier haut etfort combien j'admire Alex Skolnick.
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