Après le dévastateur
Endgame ayant mit tous les rivaux de
Megadeth au tapis il y a 2 ans, après les tournées qui ont suivis afin de promouvoir l’album (en compagnie de
Slayer lors du Canadian et European
Carnage Tour) et d’en fêter un autre (tournée des 20 ans de
Rust In Peace), sans parler des concerts du Big Four, Mustaine nous revient afin de publier le testament d’un groupe ayant révolutionné le Thrash
Metal en 28 ans. Enfin, ce testament reste à voir, cela ne reste qu’une rumeur, même si la pochette se veut assez significative…
Mais la grande surprise vient effectivement du Line-up, Dave Ellefson est revenu ! Le co-fondateur de
Megadeth, en froid avec Mustaine du fait que celui-ci ne lui aurait pas donné tous les royalties qui lui venait de droit. S’en suivit un procès et un arrangement à l’amiable… C’est effectivement avec un grand étonnement que l’on apprend la chose. Autre bonne nouvelle, le reste du line-up n‘a pas changé, Chris Broderick est donc toujours à son poste pour nous livrer de véritables envolées que peu de personnes arrivent à réaliser avec l’aisance qui le caractérise. Et dernière chose, Mustaine s’est fait opérer d’une sténose spinale (dut à ses séances de headbanguing de hautes voltiges), le rongeant depuis quelques années.
Th1rt3en, quel nom imaginatif pour un treizième album ! Le chiffre 13, nombre maudit pour les uns, porte-bonheur pour les autres, référence faites au vendredi 13 (pas le film) où les Templiers furent arrêtés en France par Philippe le Bel et par le pape Clément V. Surtout célèbre pour la prétendue malédiction lancé par Geoffroy de Charnay et Jacques de Molay lors de leur mise à mort sur le bucher, ce dernier maudit le roi et le pape, et un an plus tard, le chef du clergé et le roi de France moururent… Sans compter la crucifixion du Christ qui se fit un vendredi 13, juste après la scène du repas où ceux-ci étaient en tout ; 13... Bon trêve d’histoire, la véritable raison évoquée par Mustaine est bien celle-ci : « J'ai commencé à jouer de la guitare à 13 ans et c'est notre 13e album et je suis né le 13. Aussitôt que j'ai dit que j'allais l'appeler 13, j'ai commencé à remarquer le 13 partout. Ils n'ont jamais eu l'habitude d'avoir un 13e étage dans les hôtels mais maintenant ils l'ont de nouveau. »
Bon passons à cette pochette réalisé par John Lorenzi (qui avait déjà réalisé celle de
United Abomination et
Endgame) où l’on a enfin droit à Vic… de dos, entouré de 13 cierges allumées, marchant sans doute vers sa tombe. Et c’est justement à cela que l’on a droit lorsque l’on ouvre le livret, un Vic dans son cercueil où se tiennent à ses cotés tous les membres de
Megadeth vêtus de costumes noirs synonyme de deuil ; l’enterrement de
Megadeth à la tombe no. 13…
Bref tout est centralisé sur le 13, treize cierges autour de Vic, le titre de l’album, la place de l’opus dans la discographie, le nombre de titres,… Tiens en parlant de ça, Mustaine est devenu un adepte du recyclage, et oui le rouquin est devenu écolo. Si vous avez en votre possession l’album
Youthanasia remixé réalisé en 2002, vous devriez connaître, par exemple,
Millenium Of The
Blind et New World Order apparaissant dans celui-ci en tant que démo. Sans compter
Sudden Death écrit pour Guitar Hero :
Youthanasia of Rock et
Never Dead pour le jeu du même nom, ainsi que Black
Swan sortit dans la version limité de
United Abomination uniquement réservée aux membres des fan-clubs.
Donc, cet album peut être considéré comme un « best of » de toute l’épopée du groupe, certains riffs ont même été piochés dans des vieux cartons datant de 20 ans,… Ne faisons pas durer le suspense plus longtemps, cet album n‘équivaut pas
Endgame, ce qui ne veut pas forcément dire qu‘il est mauvais pour autant…
Car rien que l’écoute du premier titre nous rassure quand aux attentions du groupe, un titre rapide, déchainé, frénétique, empilant des solos incroyables à une vitesse folle :
Sudden Death. Le titre particulièrement évocateur envoi la sauce dès le début et le fait bien, Broderick et Mustaine s’éclatent comme des fous avec leur instrument, sans compter cette voix n’ayant pas changé d’un poil depuis
Endgame. Mais pour ceux ayant acheté la chanson dès sa sortie remarqueront quelque chose de flagrant : le son.
Et oui,
Megadeth s’est séparé d’Andy Sneap pour engager à la place ; Johnny K (
Machine Head, Disturbed). Résultat : Un son davantage moderne mais perdant malheureusement un peu de tranchant au niveau des guitares et un chant encore plus mit en avant. Comme par exemple sur
Sudden Death où le solo à 2min38 est bien trot mis en retrait.
Alors oui, l’album commence bien, mais tout de suite le premier single « officiel » se fait entendre ;
Public Enemy No.1. Et nous avons donc là un morceau croisé entre le Heavy
Metal que nous offrait Mustaine dans les 90’s et la production moderne à l’image de
Endgame où Broderick se livre encore une fois à de superbes envolées suivies de Mustaine.
En tous cas, niveau des prouesses techniques,
Megadeth est au top (pour ne pas changer). Les 2 gratteux ne s’ennuient jamais, Ellefson et Shawn toujours à leur poste sans aucune erreur tandis que Mustaine pose à merveille sa voix avec son chant si caractéristique. Les solos sont encore une fois splendides parvenant même a rendre à des chansons « passables » un certain intérêt.
L’album est donc fortement tourné Heavy
Metal, au malheur des headbangueurs s’étant anéantit les cervicales sur
Endgame. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de Thrash, le seul défaut où va malheureusement tomber cet opus, c’est de proposer quelques morceaux franchement passables (la plupart du temps sauvés pas les solos en fin de compte), ce dont le précédent était dépourvu.
Car
Never Dead est le parfait exemple d’un titre Thrash réussit tout en voguant vers le heavy lors du refrain. Commençant par une certaine mélancolie malsaine, suivit de cette guitare cassant le rythme et aidé par quelques légers bruits indus, pour ensuite partir en trombe supportée par la batterie. Le morceau se terminera par un léger break où vient se greffer un déluge de notes venant des talentueux guitaristes. Même chose pour Fast Lane commençant en fureur pour ensuite se calmer, mais possédant un break final (2min53) incroyable faisant penser à
Wake Up Dead de l’album Peace Sells… But Who’s Buying avec les solos allant avec.
Et donc en contrepartie, l’album se voit constitué de quelques titres n’ayant aucune utilité pour un opus pouvant s’en passer dut à sa durée d’un peu moins d’une heure, tranchant radicalement avec les 44 minutes de
Endgame. Comme par exemple Whose
Life (Is It Anyways), Guns, Drugs and
Money et New World Order, qui semblent n’avoir de but qu’à être rajoutés afin de comptabiliser 13 titres.
Et sinon, la surprise vient aussi des crédits des compositions, car si Mustaine a mis sa patte partout comme à son habitude, on assiste aussi avec étonnement que le producteur a aussi été de la partie, alors qu’aucun autre membre du groupe n’a été crédité à part Ellefson (tiens ça faisait longtemps). Et sans compter l’apparition de Nick Menza et de
Marty Friedman sur
Millenium of the
Blind et New World Order qui, n’oublions pas, n’avaient été qu’à moitié composé lors de
Youthanasia, l’époque lors de laquelle Mustaine devint un petit peu plus sociable…
Enfin, n’oublions pas le superbe
Millenium of the
Blind déjà cité plus haut du fait d’avoir
Marty Friedman crédité dessus. Morceau commençant telle une ballade où se posent de superbes solos, la suite rompant la douceur de l’intro par ce refrain sombre rappelant les belles heures des premiers albums. Et l’on termine par 13, morceau conceptuel de l’épopée
Megadeth selon Ellefson, où paradoxalement, possédant ses parties calmes et acoustiques contrebalancées par un Mustaine furieux sur le milieu, pour ensuite poser ce superbe refrain.
Finalement, c’est un bon album lorgnant énormément vers le Heavy
Metal des 90’s mais manquant quand même d’un peu de mordant et de rapidité. La disparition de titres Thrash
Metal à l’image de ceux présent dans l’opus précédent (
Headcrusher, This Day We
Fight !) rend l’album un peu plus mou, risquant de décevoir pas mal de monde pensant retrouver un
Megadeth plus frénétique. Mais la question demeure : dernier ou pas ? Certains indices convergent en ce sens ; la pochette, les déclarations de Mustaine,… En tous cas,
Th1rt3en est un bon album, n’égalant pas la bombe
Endgame bien sur, mais possédant des compositions solides, un niveau toujours au top et un très bon line-up enfin stable. Dave Ellefson a émit l’hypothèse d’un 14ième album, seul l’avenir nous le dirait, mais en tous cas le groupe a toutes les cartes en main pour poursuivre sur sa lancée…
Concernant Endgame, je vais faire un copier/coller de ce que j'étais justement en train de dire sur le forum "Heavy" : le triptyque System / Abominations / Endgame qui est du bon Megadeth en roue libre ne révolutionne rien, alors que les premiers albums sont teintés d'une rage, d'une noirceur et d'une violence phénoménales. Personnellement je préfère 13 que ces trois disques, qui sont bien moins bons à mon sens que Youthanasia et Criptyc Writings. Sur 13, Dave revient à du plus mélodique et ça lui réussit bien je trouve; même si les trois précédents ont eu le mérite de prouver que les vieux pouvaient encore envoyer la purée.
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