Nous avons besoin d’un nouvel ordre mondial !
Ces quelques phrases disséminées en français dans la chanson éponyme de ce onzième opus ne seront pas passées forcément inaperçues. Trois ans après l’album du retour triomphal que représentait le génial "
The System Has Failed", Dave Mustaine, armé d’un nouveau line-up (les frères Drover notamment, guitariste et batteur) compte bien revenir au sommet du thrash.
Prétentieux mais néanmoins attachant, le personnage n’est pas peu fier de ce qu’il réalisa en 2007 et pense sincèrement être revenu à ses racines, sans barrière ni concession.
Certes, nous sommes très loin de la platitude du triptyque
Cryptic Writings /
Risk /
The World Needs a Hero, mais les sphères célestes affichées sur le coup de maître de 2004 semble évaporées. L’interprétation est là, la puissance présente, la production largement supérieure (Andy Sneap apporte une tonalité très métallique et claquante comme il le fit si bien avec
Arch Enemy ou Nevermore) mais l’inspiration paraît évanouie. Malgré un résultat satisfaisant, on ne peut s’empêcher de penser à l’album précédent, doublé d’un grand regret tant les expérimentations passées sont oubliées, voilées au profit d’un disque typique, comme jeté en pâture à des fans trop impatients.
Si l’on prend l’exemple de "
Washington Is Next !" (très bon texte au passage), la déception se situera au niveau d’une mélodie trop présente, trop superficielle et facile, qui étouffe toute possibilité d’accélération, tandis que Dave chante sur la quasi intégralité du titre. Certes, le refrain se retient très facilement, mais
Megadeth ne parvient pas à mordre, simplement rugir, muré et impuissant. Son chant, immédiatement identifiable, est quant à lui réussi, mais les soli se font attendre, s’ouvrant sur un break façonné de la main de la vierge de fer (au tapping, on croirait
Adrian Smith) mais la tentative de solo à contretemps rate son coup, et ne convainc qu’à moitié, même si rien n’est réellement mauvais. Sans doute les exigences étaient-elles trop hautes.
Cependant, au travers d’un sublime "
United Abominations", intriguant et puissant, doté d’un riff lourd et vicieux, on sent renaître une ambiance plus rude et pernicieuse qui fait tant de bien. Glen Drover se veut particulièrement à l’aise sur ce morceau, dosé et sobre. Mustaine retrouve un type de chant réellement dérangeant, particulièrement sur ce refrain où il semble littéralement vomir ses paroles de dégoût. On retrouve également un mince filet des nouveautés précédentes sur l’original mais inabouti "Amerikhastan", intégralement narratif. Mais une nouvelle fois, c’est cet aspect lisse, manquant de rugosité qui déçoit, une atmosphère easy listening malgré un propos des plus brûlants.
"À Tout le Monde (Set Me Free)" posera également une nouvelle question d’éthique, dans la réelle valeur et surtout l'intérêt artistique de présenter une nouvelle version d’un morceau passé, en apportant la superficialité d’un guest inutile en la présence de la jeune et jolie (bien mise en avant dans le clip) Cristina Scabbia (
Lacuna Coil). Un riff légèrement accéléré, un solo quelque peu plus long, un accent français inchangé, une composition qui en devient insipide.
Insipide. "
Gears of War", traitant du jeu du même nom, et réalisé en alliance avec son développeur, souffre également de cette platitude extrême qui faisait défaut à
Megadeth ces dernières années. Une intro mystérieuse, quasi mystique, un premier riff efficace et surtout des chœurs noirs qui semblaient exprimer une réelle sensation de guerre. Mais passé l’intro, le titre se perd dans sa propre insignifiance, tablant sur un même et unique pauvre riff, que le chant mécanique de Dave ne sauvera pas.
Complètement inégal, "
United Abominations" ne parvient presque jamais à enchaîner deux bons morceaux, rendant continuels espoir et déception. Pour un "Sleepwalker" au riff écrasant et jouissif, ouvrant superbement le disque (que de solos …), on pleurera un pitoyable "
Blessed Are the
Dead", au riff très proche du AC/DC de "For Those About to Rock". On prendra un splendide "Burnt Ice", à la prestation soliste étincelante de talent et de technique (quel final !) pour jeter son précédent "You’re
Dead", mid-tempo sans enthousiasme bercé de remplissage.
C’est de cela qu’il s’agit tout au long du disque, d’une antithèse constante entre qualité indispensable et remplissage commercial temporaire (mega Dave n’allait pas distribuer un album de six morceaux hein …), à l’image de son livret vide et voué au texte, alors que la photo centrale est une pure merveille (Vic versant le sang des Etats Unis dans des pompes à essence).
Déçu, on ne peut que l’être à l’image de la carrière du groupe, et de son fugitif retour en 2004. Le récent et indispensable "
Endgame", marqué du sceau de l’excellence et de la constance, ne sera-t-il qu’une chimère cachant une prochaine désillusion ? Tout sera dévoilé en temps et en heure … la fin approche …
moi je la trouve magnifique cette reprise de "A Tout le Monde" ^^
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire