À l’occasion de ce quatorzième opus,
Megadeth s’est de nouveau aventuré sur un chemin ô combien parsemé d’embûches, celui de l’expérimentation. Un choix qui fait rarement l’unanimité quand on est l’un des groupes les plus incontournables du Thrash
Metal, d’autant que le premier contact avec ce disque - sa pochette - arbore d’entrée un visuel quelconque et déroutant, mais qui a au moins le mérite de ne pas passer inaperçu en magasin, à l'instar d'un épouvantail dans un champ de maïs.
En pleine tournée anniversaire des vingt ans de l'album "
Countdown To Extinction", les californiens nous ont concocté un "
Super Collider" empruntant énormément au Rock et au Heavy
Metal Britannique. Le style général s'y veut volontairement spontané, comme si le groupe avait décidé de revenir à l’époque nostalgique de la bande analogique et d’enregistrer les morceaux en une seule prise.
Bien que l'album soit étiqueté "
Megadeth", Il faut avoir immédiatement à l'esprit que les choix de Dave Mustaine, auteur et producteur à la fois, ont encore plus prévalu que d'ordinaire, au risque de phagocyter la créativité musicale de ses camarades de route, ici sous-employés, revenant finalement à une formule proche du projet solo de Mustaine MD45 avec l'album "The
Craving" en 1996.
Et pourtant "
Kingmaker" entâme les hostilités de la plus belle des manières, avec une ouverture Heavy-Thrash percutante, enchaînant sur un agréable "
Super Collider" qui évoque très grandement les sonorités de l'album
Risk. Pour autant cette ballade déclamatoire jouée en mid-tempo ne s’encombre pas des mêmes effets sonores déconcertants rencontrés sur ce sulfureux album de 1999, et parvient même à nous faire chanter et agiter gentiment la tête sur son refrain.
De même, des titres comme "
Burn!" ou "Beggining of
Sorrow" ressuscitent quant à eux quelques fragments des plus bienvenus du typique son Heavy/Thrash de l’album
Countdown To Extinction, et malgré de bien mièvres paroles sorties tout droit d’une pochette surprise, on reste envoûté par leur construction et notamment l'adhésion suscitée par les refrains.
D'autres morceaux comportent par intermittence quelques passages intéressants. Citons entre autres le final inattendu et purement Megadethien de "Dance in The
Rain", l'introduction dans la mouvance blues de "Don't Turn Your Back", ou même le coeur de "Built For
War", taillé pour la scène qui ne manquera pas d'inviter le public à participer aux chœurs.
Un autre rare bon point à mettre au tableau est la reprise tambours battants de "
Cold Sweat", composée à l'origine par les irlandais de
Thin Lizzy, qui aura plus tard le mérite de clôturer l'album sur une note positive, car en effet on notera dans le coeur de "
Super Collider" des expérimentations beaucoup plus discutables.
D'abord,
Megadeth s'est attaché les services du chanteur de Disturbed, David Draiman, pour composer les mélodies principales sur les morceaux "Remember to Forget" et "Dance in the
Rain". Il en ressort deux titres résolument Rock, ce qui n'est absolument pas un problème, cependant la mayonnaise ne prend pas, la faute à des riffs lisses et trop clairs, en fin de compte impersonnels, qui ne rivaliseront jamais avec ceux d'un "She wolf" ou d’un "
A Tout le Monde" parmi les standards classiques du groupe.
De plus, c'est sur "The Blackest Crow" que survient le passage le plus surprenant de
Super Collider. Débutant par une mélodie jouée au banjo rappelant quelques notes de "My Last Words" sur l’album "Peace Sells ... But Who's Buying", cette introduction digne d'Ennio Morr
Icone enchaîne sur une excellente montée de la batterie, ce qui laisse présager alors un titre épique à la
Megadeth. Malheureusement la suite laisse retomber le niveau et consistera essentiellement en une succession rébarbative d’envolées de la voix de Mustaine, pas toujours à son meilleur, annihilant toutes les émotions de ces funérailles Western.
Plus généralement, l'album souffre de manques de liaisons, qui sont en partie révélateurs de l'inspiration aléatoire du groupe, à l'instar d'un "
Off The Edge" totalement creux, au terme duquel le groupe ne parviendra jamais à se dépêtrer d'un riff agaçant de répétition. La diatribe légendaire de son frontman et sa hargne pour rédiger des paroles personnelles, épaisses et remplies de sens y font également largement défaut. Dave met dans ce quatorzième opus tout ce qu'il aime, ses influences, ses riffs, mais la direction musicale prise ici sera très loin de faire l'unanimité.
En conclusion,
Super Collider ne devrait pas marquer durablement les esprits, pas catastrophique non plus, mais se révélant bien plus inégal et brouillon que son prédécesseur
Th1rt3en, et qui n’aura malheureusement pas utilisé tout le potentiel de ses musiciens. Une bagatelle de quatre à cinq titres devrait toutefois trouver une seconde vie en concert, mais ce quatorzième opus, relativement décevant et vite lassant, est à réserver surtout aux
Die-
Hard fans de
Megadeth.
Plus que passable, voilà qui mérite en toute bienveillance et objectivité un 09/20 bien payé.
Archiviste.
Cette fois je pense que tout a été dit, et je ne reviendrai plus sur cette chronique, je pense avoir fait le tour de la question (au risque de me répéter) y compris avec tous les commentaires.
Que chacun se fasse un avis sur l'album, voire le partage s'il le souhaite.
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