2004 : annonce de la reformation de
Megadeth !
Tout le monde tombe des nues, Dave Mustaine avait tout de même déclaré quelques mois plus tôt que sa blessure au poignet ne lui permettrait plus jamais de rejouer de la guitare au niveau qu’il le souhaiterait, c'est-à-dire de manière aussi rapide et technique que son groupe l’impose.
La surprise est donc de taille lorsqu’en mars, la nouvelle de la reformation de
Megadeth est annoncée. Mais personne n’est véritablement confiant, et Mustaine ne fait rien dans ce sens.
Après les complètes déceptions d’un "
Risk" pop et d’un "
The World Needs a Hero" soporifique, ce n’est pas l’annonce du line-up qui déclenche les passions.
Chris Poland à la guitare (guitariste de "Peace Sells…") revenu pour sortir de sa torpeur, le batteur de Madonna, Céline Dion et Sting derrière les fûts ainsi qu’un retour très rapide ne font que nous obliger à penser que le père Mustaine va suivre le même chemin que
Metallica.
Mais quelques mois plus tard, "
The System Has Failed" atterrit déjà dans les bacs et c’est sans réelle surprise que nous nous rendons compte que la pochette est une nouvelle fois magnifique et très engagée (Georges
Bush et Bill Clinton en avant face à la corruption de Vic ainsi qu’une atmosphère apocalyptique et noire … bref, comme sur l’opus précédent).
L’intro de "
Blackmail the
Universe" retentit dans nos oreilles, un avion s’écrasant dans une tour … puis un riff très rapide de Dave pour une intervention vocale au départ narrative avant de laisser la place au charismatique roux qui semble avoir retrouvé une rage et un aspect vicieux que nous n’avions pas entendu depuis des lustres. Un énorme solo parachève de nous rendre confiant pour la suite. Et putain, quelle suite !
Le retour n’aura pas été d’un piège à fric avant la retraite dieu merci.
Megadeth a considérablement noirci son atmosphère et a intégré quelques riffs plus lourds et malsains, créant un contraste saisissant avec les œuvres précédentes. Le génial "
Die Dead Enough" le montre avec brio, un riff introducteur aussi clair que vicieux, un refrain rentrant très rapidement et sinueusement dans notre crâne, des chœurs écrasants et maléfiques, très dark et surtout le retour de passages solistes disséminés un peu partout dans la chanson, là où on ne les attend pas, comme à la grande époque.
"
The Scorpion" reste dans la même veine que "
Die Dead Enough", très noir et grinçant, avec cette mélodie malfaisante revenant sans cesse pour nous enfoncer dans un monde de perversion absolue. Incroyable de la part d’un groupe que l’on pensait bon pour la casse.
Pourtant, impossible de ne pas frissonner à l’écoute de "
Kick the Chair" où l’on remarque que le grand
Megadeth est de retour, avec ses solos effroyablement techniques et longs, cette batterie tournoyante et supportant parfaitement le rythme des morceaux (plus posés néanmoins qu’au début de leur carrière).
Dave Mustaine effectue le retour en force que l’on n'osait plus espéré, quitte à s’inspirer d’autres grands noms, comme c’est le cas sur l’effréné "Back in the Day" aux guitares tranchantes héritées d’Iron Maiden mais à la mélodie vocale parfaitement ancrée dans le style de l’américain (car, évidemment, c’est encore lui qui a tout fait !).
Sur ce dernier point, le mégalomane qu’est Mustaine aurait toutefois pu et du faire un effort sur la production (de sa main). Bien trop redondante et manquant indéniablement de clarté, elle se fait parfois brouillonne sur les parties très rapides comme les solos de "
Kick the Chair" ou les effets de "
Shadow of Deth". Bon, rien en comparaison de "Saint
Anger" (qui devient, mine de rien, une référence dans la négativité, c’est déjà une performance !) mais rien également en comparaison avec la production quasi-parfaite de "
United Abominations", très puissante, incisive et claquant comme
Megadeth en a besoin.
Mais outre ce détail technique, force est d’admettre que
Megadeth livre avec "
The System Has Failed" (que je trouve supérieur musicalement néanmoins à "
United Abominations" au passage !) l’album que l’on attendait plus, et qui nous réconforte avec le thrash des années 80 à l’agonie (retrouvant ses lettres de noblesse avec les derniers
Slayer,
Megadeth,
Testament…). Un grand disque !
Que finalement il n'ait pas la force de RiP, je suis d'accord, mais dans un registre bien différend, il fait pour moi partie du tryptique de tête de l'oeuvre de Megadeth, avec l'inévitable Peace Sells.
Dans un registre plus sombre, plus épique et même parfois proche du heavy, il reste le fer de lance du renouveau de Mustaine.
L'enchaînement allant de I Know Jack jusque Truth Be Told est juste infernal!
La touche de Chris Poland est merveilleuse. Quelle mélodicité, et quelle fluidité !! Un monstre de guitariste.
Je ne sais pas si je suis le seul, mais je sens beaucoup d'influences à la Alice Cooper, dans cet album. Principalement dans Die Dead Enough et The Scorpio. Dave ne s'est jamais caché d'en être un grand fan, mais ça me saute aux oreilles. Pour mon plus grand bonheur.
Belle chronique, merci.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire