Peu de temps après avoir réalisé un
Beyond Sanctorum plus personnel et percutant que son premier album
Of Darkness..., le groupe suédois
Therion connaît un profond changement de line-up en cette année 1992. Le départ du guitariste et claviériste Peter Hansson et du batteur Oskar Forss obligent en effet Christofer Johnsson a recruté de nouveaux membres pour son projet : ce seront le jeune guitariste
Magnus Barthelson Andreas, le bassiste Andreas “ Wallan ” Wahl et le batteur Piotr “ Docent ” Wawrzeniuk, membre du groupe
Carbonized auquel participe également Johnsson, qui viendront compléter le line-up pour le troisième méfait de « La Bête », enregistré comme le second au Montezuma Studio à Stockholm avec l’aide de Rex Gisslén.
Quoique le groupe soit toujours sous licence d’Active Records lors de l’enregistrement, ce sera finalement le petit label Megarock qui sortira le nouveau rejeton dont l’artwork réalisé par Necrolord et le titre Symphony Masses : Ho Drakon Ho Megas annoncent d’ores et déjà la couleur : quasi-luciférienne, l’œuvre reprend certains mythes, parfois démoniaques (cf. “
Dark Princess Naamah ”), et tourne autour de la victorieuse invocation du « Grand
Dragon » ; certains passages chantés en égyptien, hébreux ou hénochéen plutôt qu'en anglais renforcent l'aspect occulte des paroles. Alors quand on sait qu'une bonne partie d'entre elles n'a jamais été publiée...
Si avec
Beyond Sanctorum le groupe avait déjà introduit des éléments doom, heavy et folk (accords arabo-persans) ainsi que des chœurs, souvent à intonation religieuse, dans quelques-unes de ses compositions death progressives, on assiste ici sur tout l'album à un véritable défilé d’influences diverses et variées : jeux bluesy de la basse, touches indus ou néo-classiques, ponctuels riffs thrash... Le court titre “ The Ritualdance of Yezidis ” est assez représentatif de l'imagination débridée de Chris, qui use de ses claviers comme des vecteurs de celle-ci. En outre, le leader délaisse les growls pour un chant hurlé rauque très typé Tom G.
Warrior, renforçant encore l’impression qu’une forte influence celtique frostienne plane sur cet opus, y compris quand ses vocaux sont volontairement réverbérés comme sur “ Black Roses ”, seul titre où les claviers sont absents.
Déroutant ? Oui, l’album l’est, que ce soit sur des titres alambiqués alternant lenteur doom, accords « non-métalliques » et envolées death (le majestueux “
Dark Princess Naamah ” ; l’étrange chorale “ Symphoni Draconi Inferni ” ; le final en deux parties “ Ho Drakon Ho Megas ”) ou d’autres plus dynamiques et épiques mais toujours saupoudrés de belles nappes de claviers (l’imparable “
Dawn of
Perishment ” porté par de délicieux riffs thrash ou heavy et le duo très catchy “ Powerdance ” / “
Procreation of
Eternity ”).
Est-il aussi cohérent ? En quelque sorte, dans la mesure où l’enchaînement des titres est assez efficace et les ambiances très travaillées. Malheureusement, la production trop limitée dont dispose le groupe rend très râpeux les riffs death des guitares et les percussions de la batterie. On pourrait aussi facilement reprocher le manque d’homogénéité de l’ensemble ou le fait que sa première partie est moins prenante que la seconde.
En ces mois de décembre 92 et janvier 93,
Therion a réalisé à la fois sa dernière œuvre Death
Metal et la plus expérimentale à ce jour. Par la suite, les difficultés financières de Megarock Records pousseront le label a abandonné son contrat avec le groupe suédois qui entrera alors directement chez
Nuclear Blast. La grande transition artistique de
Therion sera Lepaca Klifforh, sorti deux ans plus tard, qui abandonnera définitivement sa dominance death metal et se posera comme une œuvre pionnière du genre Symphonic
Metal.
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Des profondeurs des ténèbres, la Bête s’éveille...
15/20
Par contre, pour l'histoire du label, moi j'avais lu que le label avait d'un commun accord rompu le contrat avec Therion pour qu'ils puissent aller chez Nuclear. La raison est que le big boss de Megarock croyait en Therion et savait que s'il les gardait avec eux, la faute de moyens allait freiner les idées de Johnson.
C'est ce que j'ai lu. Bref, rien d'important qui ne compromette ta chro'
Un peu comme Fonghuet, un groupe qui ne m'a jamais trop emballé, mais ta chro donne envie de se reprencher dessus.
Fabien.
@ Fabien : tu devrais tester Lepaca Kliffoth, bien que connaissant ton manque d'intérêt pour le Metal mélodique tu auras du mal à apprécier certains titres. J'imagine que tu as déjà eu l'occasion d'écouter le single "Beauty in Black", non ? Il n'est pas vraiment représentatif de ce quatrième album de la Bête suédoise, les chants d'opéra (féminin ou masculin) n'étant pas présents sur tous les titres - attention quand même à la reprise de "Sorrow of the Moon" qui devrait éveiller de bien mauvais souvenirs chez toi, si je ne m'abuse, hé hé!
Quoiqu'il en soit, BEERGRINDER a lui-même très bien chroniqué ce Lepaca Kliffoth, que je considère personnellement comme injustement sous-estimé.
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