1992. La première génération de la scène Death
Metal est à son apogée et vomit de manière ju« bile »atoire ses histoires occultes, ses comptines peuplées de zombies nécrophages et ses couplets sataniques à la fois aux U.S.A. et sur le continent européen. C'est également à cette époque que s'affirme une certaine prise de conscience quant à la possibilité de dépasser les simples limites de cette musique et de la faire évoluer. Ainsi certains groupes de la première heure amorcent une transformation de leur style originel.
Napalm Death passe d'un Grindcore très cru et vindicatif à un Death
Metal corrosif mais plus travaillé et au message social plus réfléchi, tandis que Death délaisse les histoires de zombies pour une réflexion sociale et spirituelle appuyée par un Death
Metal technique et tourné vers la musicalité. En parallèlle plusieurs groupes commencent à mixer le Death
Metal avec d'autres styles pour un résultat déroutant mais réussi, comme les Floridiens d'
Atheist avec leur Death
Metal déstructuré aux influences Jazz évidentes.
Mais en 1992, c'est un groupe alors inconnu, de
Los Angeles, qui va proposer sa vision du Death
Metal :
Fear Factory. Est-il important de repréciser qu'avant de créer le Cyber-
Metal et d'influencer une tripotée de groupes la bande de Dino Cazares pratiquait du méchant
Metal de la
Mort? Oui? Alors voilà qui est fait. Mais plutôt que de jouer les suiveurs et courir indubitablement à sa perte dans l'ombre de ses aînés,
Fear Factory va apporter sa touche personnelle au Death
Metal et, sans le savoir, révolutionner le
Metal en ce début des nineties. Explications.
Pas d'intro, le premier riff de
Martyr déboule, le tout se calme et Burton C. Bell entonne le premier couplet a capella juste secondé par une grosse caisse qui marque les temps. L'ambiance devient inquiétante et des samples indus font leur apparition en arrière plan, puis le refrain écrasant et brutal assomme l'auditeur. Un break très heavy amorce la suite du morceau et là, sans crier gare, un magnifique pont en chant clair retentit. Personne n'avait osé (ndr: ou pensé à) cela avant
Fear Factory qui devient le premier groupe à mélanger grunts et chant clair. Inutile de préciser que ceci a eu une énorme influence sur le développement de la scène
Metal depuis.
Mais revenons en au contenu de ce
Soul of a New Machine. Le fossé qui sépare ce premier album de l'« Usine de la Peur » de
Demanufacture ou Obsolète est énorme. Tout d'abord l'approche de la musique est encore très typée Death
Metal par l'utilisation de blasts-beats ou de mid-tempi dans le jeu de batterie. Le son de guitare est encore relativement gras et beaucoup moins carré et précis que sur les opus suivants. Enfin les grunts de Burton C. Bell possèdent encore une profondeur typiquement Death
Metal et se rapprochent de ceux de
Barney Greenway de
Napalm Death.
Néanmoins on décèle déjà de nombreux éléments fondateurs du futur
Fear Factory, celui qui connaîtra le succès avec son Cyber
Metal furieux et syncopé. Les guitares calquées sur le jeu de grosse caisse très technique de Raymond Herrerra sont d'ores et déjà de la partie sur des titres comme Leechmaster, Scumgrief ou Lifeblind. Les parties de chant clair réverbéré, qui tombent certes un peu comme un cheveu sur la soupe ici, seront réutilisées tout au long de la carrière du groupe. Enfin, l'utilisation discrète de synthétiseurs ou de samples industriels pose également l'ambiance pour les futurs albums du groupe.
Si ce
Soul of a New Machine est un album innovant et de bonne facture, celui ci souffre tout de même de nombreux points faibles. Tout d'abord on sent encore un groupe qui cherche son identité, comme sur le morceau
Arise Above
Oppression dans lequel le groupe développe son style si particulier (riffs saccadés joués à l'unisson par la grosse caisse et la guitre) avant de tout balayer par une accélération Grindcore de dix secondes pour clôre le morceau. De plus celui ci souffre de quelques longueurs dues à un remplisssage (17 titres tout de même). Impression renforcée quand on remarque que les derniers titres très Death/Grind n'ont pas grand chose à voir avec ceux de la première partie du disque.
Encore loin du style qui a fait sa renommée,
Fear Factory livre tout de même avec
Soul of a New Machine un premier album plus que correct qui se démarque radicalement des autres productions Death
Metal de l'époque. Un mix improbable entre
Godflesh et
Napalm Death qui va servir de base à de nombreux groupes mais surtout à
Fear Factory lui même pour sortir trois ans plus tard un chef d'oeuvre.
PS : Combien de fois
Coal Chamber a t-il écouté l'intro de
Suffer Age pour écrire celle de
Loco ?
J' ai découvert cet album après demanufacture....et ce style plus death metal m'allait parfaitement. Je lui trouve a posteriori un côté Napalm Death assumé mixé intelligement aux qlq samples...
Beaucoup moins "mecanique ou electronique" que ses successeurs,il se rapproche des standarts death classique mais laisse presager du potentiel du groupe.
En pleine réécoute je m apercois avec plaisir que l album n' a pas vraiment vieillit et presente toujours les qualités auditives.
Bel album.
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