On ne présente plus
Fear Factory, groupe-phare de la scène metal qui a su faire ses preuves durant la décennie dernière à grands coups de saccades uniques et d’une double-pédale faramineuse. Les déboires qu’a connu le groupe ont fait la une des gazettes du genre, du renvoi de Dino Cazares à son remplacement par le bassiste Christian Olde Wolbers et surtout très dernièrement l’évincement de celui-ci et du batteur Raymond Herrera, sans même être avertis. De plus, le retour du bon gros Dino et l’arrivée du gigantesque
Gene Hoglan (Death,
Devin Townsend) derrière les fûts a fait couler pas mal d’encre… Alors après six ans d’absence, que vaut le successeur du peu mémorable
Transgression ?
Fear Factory n’a jamais vraiment su innover dans sa musique et ne dérogera pas à la règle pour ce huitième (vrai) opus : Fear fait du Fear et le fait bien. Premier constat : le retour de Dino Cazares se ressent clairement, les saccades étant nettement plus précises que celles de Wolbers (dont je ne blâme absolument pas le jeu). Mais force est d’admettre que notre obèse favori sait manier le manche comme personne et s’en ressentent des saccades précises, virevoltantes, entrainantes et par ailleurs beaucoup plus réussies que celles qu’il utilise dans
Divine Heresy. Car oui, la comparaison sera de mise dans cette chronique, comparaison entre FF et
Divine Heresy mais aussi
Arkaea.
A la première écoute de ce nouvel album, tout fan ne sera guère surpris des chansons qui s’enchainent naturellement en se disant instinctivement : « Ouais bon, c’est du Fear quoi… » Mais avec plus d’insistance, on découvre de nouvelles petites influences, d’allers-retours mélodiques typiquement nordistes à des riffs purement death, bien construits et jamais survenus mais aussi quelques riffs déstructurés rappelant du bon vieux
Strapping Young Lad ou, avec plus d’évidence, du
Meshuggah. Une nouvelle fraicheur en somme, pour un groupe qui en avait grand besoin. Si
Transgression possédait quelques titres bien sympathiques ("Spinal Compression", "
Transgression", "540,000°
Fahrenheit"), l’intégralité de l’album était décevant, proposant des reprises de
Killing Joke et U2, et un morceau-single des plus ridicules, quasi-inécoutable ("Supernova"). Quant à
Archetype, il était excellent mais tanguait un peu vers la fin, la faute à une longueur évidente qui entrainait un manque d’inspiration évident.
Mechanize ne réitère donc pas les mêmes erreurs et propose dix titres compacts, distincts et puissants, faisant de l’album un régal pour les oreilles.
L’arrivée de M.
Gene Hoglan à la batterie est tout simplement différente. Nul ne pourra renier la technique et l’endurance de ce monstre, ici peut-être un peu réfréné mais totalement à l’aise pour ce qui est de suivre les saccades, de proposer du blast et des breaks motivants, sans jamais tomber dans le surplus (comme on a pu le remarquer dans le jeu de Tim Yeung dans le second album de
Divine Heresy). Tout est dans les clous et le son impeccable permet de bien apprécier toutes les nuances du batteur.
Quant à Burton C. Bell, cela faisait un bon moment qu’on entendait plus parler de lui, si ce n’est pour son projet atmosphérique discret
Ascension Of The Watchers. Sa voix n’a pourtant pas bronché, si ce n’est un timbre un peu plus mature après une bonne écoute attentive. Niveau débit et paroles, on ne change pas une équipe qui gagne, ça n’évoluera pas dans ce sens-là… Et comme à son habitude, il rajoute des doublés, des échos, des chœurs, le tout sur un fond industriel ici assez discret mais toujours en proie à l’identité forgée par le groupe.
Si certains titres sont vraiment extrêmement classiques (comme "
Powershifter", échappé de
Demanufacture, simple au possible mais néanmoins accrocheur), voire même aux sonorités semblables à de vieux morceaux ("
Descent" pour les riffs dissonants ou "Self Bias Resistor" pour les saccades en triolets simples), le reste est bien assez inédit. Comme cette mélodie palpable sur "Christploitation" ou encore ce petit thrash metal à l’ancienne sur "Oxidizer" et "Controlled Demolition" qui donnent un nouveau souffle au groupe et font de
Mechanize un album finalement reconnaissable dans une discographie bien chargée.
Avec une durée convenable, un son dépotant et une hargne sonore à toute épreuve,
Mechanize remplit ses promesses et enterre les deux dernières productions similaires, à savoir le prétentieux Bringer of Plagues de
Divine Heresy et le quelconque Years in the
Darkness d’
Arkaea (mélange des riffs de Wolbers inutilisés mélangés à du
Threat Signal). Ce huitième CD des plus accrocheurs est donc à placer directement dans les cinq meilleurs qu’à déjà livré le groupe.
Fear Factory is still alive !
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