Octobre 1997.
Aujourd'hui, j'ai 11 ans. Aujourd'hui, c'est mon anniversaire. Aujourd'hui, il pleut. Aujourd'hui est un jour que je n'oublierais jamais. Mon ami Pierre m'a offert un disque, mon premier disque de
Metal. Il s'appelle
Demanufacture et est du groupe
Fear Factory ( L'usine a peur comme a dit mon géniteur ), ce nom lui va très bien. Je le connais un peu car Pierre m'a fait écouter une chanson,
Replica. C'était la première fois que j'entendais un son comme celui-là. C'était tellement puissant, tellement violent. Je n'avais jamais entendu des guitares comme ça, je pensais que les guitares électriques était des instruments plus doux comme sur la musique que tantine écoute. Et j'ai bien aimé ce style que beaucoup de gens autour de moi appelle
Hard Rock mais que mon ami Pierre appelle
Metal, je ne sais pas pourquoi ils ne savent pas se décider mais c'est Pierre qui a raison, j'en suis sûr !
Aujourd'hui, j'ai mon disque. Aujourd'hui, je l'écoute. Ouah ! Je n'avais pas entendu une telle rapidité sur le morceau
Replica. Ouah ! C'est incroyable ce qu'ils font. Ouah ! J'ai mon ventre qui se soulève ! D'abord, je n'y comprends rien. Puis je comprends que j'aime cette violence. Que je peux l'écouter tout le temps sans en avoir marre. Ça tape tout le temps, les guitare sont incroyablement rapides mais sont si bien rythmées, même les cris qui me donnent envie de hurler avec lui. Mais le gars sait aussi chanter comme tout le monde et il a une voix très profonde sur
Dog Day Sunrise. Et les petits passages électroniques me donnent encore plein d'images dans la tête. Tous les morceaux sont géniaux, les premiers sont très rapides avec des guitares comme tranchées au couteau, après les chanson se transforment en marteaux de fer. Je crois voir un canon en action. Je vois le groupe jouer sur scène. Je suis sur scène. Les lumière sont éblouissantes. Mes congénères me regardent en sueur, un regard plein de colère. Une colère que j'aime. Une colère bienfaisante.
Pourtant, ma génitrice ne supporte pas
Fear Factory. Elle dit que c'est du bruit de sauvage. Elle est pianiste. Elle écoute de la musique douce. Je suis obligé de la comprendre. Mes camarade d'école aussi. Ils disent que c'est du bruit ou que ça ne veut rien dire. Ça je ne comprends pas. Ils veulent tous être les plus forts... cette musique devrait leur donner sa force à elle comme elle me la donne à moi non? Je m'en fous d'abord ! J'aime le metal. Aujourd'hui, je veux découvrir d'autres groupes de metal. Aujourd'hui, je suis heureux.
Février 2010.
Aujourd'hui, j'ai 23 ans. Aujourd'hui, malgré ses éternels secrets qui ne demandent qu'à être découvert par mes oreilles, le metal est resté mon style de prédilection. La baffe de
Demanufacture porta la passion à son paroxysme, me poussa à l'époque à découvrir des groupes restés gravés à jamais en moi tels
Rage against the
Machine,
Carcass,
Sepultura, ... Aujourd'hui, je réalise un exercice qui me démangeais depuis quelques temps : La chronique de ce géant, de mes yeux d'enfants et des mes yeux actuels de metalhead ancré mais ayant encore tellement de choses à apprendre. Aujourd'hui, je suis heureux car
Demanufacture est resté le même, malgré les années écoulées.
Sorti en 1992, le premier full-lenght du groupe,
Soul of a New Machine, provoqua des réactions assez mitigées sur le public, tantôt adoré, tantôt décrié. Encore très proche du death, un contour beaucoup plus bourru que son successeur, mais déjà les aspirations indus lui conférèrent une allure martiale et carrée que
Fear Factory mania a merveille. Sur
Demanufacture, le groupe se forge une identité singulière et affine ses points forts comme tout bon stratège le ferait. Acteur d'une nouvelle vague thrash – souvent appelée Neo-Thrash - dès lors magnifiée par
Machine head,
Sepultura avec l'unique Chaos A.D ou le terrible Cowboy From
Hell de
Pantera, volant la vedette aux icônes du thrash et du death metal, ils y marièrent leur patte indus, leurs guitares sous-accordées et leur don du riff extrêmement tranchant, apportant de ce fait certaines innovations et insufflant l'inspirations à certains monstres du genre, tel
Strapping Young Lad.
Non content d'avoir apporté leur pierre à l'édifice du metal,
Fear Factory conçut une véritable ogive.
Demanufacture harmonise ses éléments avec autant de brutalité que de finesse et si, comme mes oreilles de gosse l'ont décrit, le début de l'album semble être un neo thrash indus puissant assez classique aujourd'hui, la tempête mécanique fait son apparition dès le début de New
Breed.
Structures épurées, accrocheuses, dopées aux rythmique martelantes et inexorables, production chirurgicale en accord avec cette précision mécanique, cette succession d'engrenage que rien ne semble pouvoir dérégler, nappes de samples à l'aspect artificiels carrément forcé donnant à l'album une coloration très sombre mais luisante, une atmosphère aussi froide que moderniste. L'envoûtant et fataliste
Dog Day Sunrise à tendances rock'n roll, le légendaire et destructeur flashpoint, ce final A
Therapy For
Pain débordant d'émotions. Les musiciens ont tellement apporté à l'oeuvre, ce jeu de Cazares spontané jusqu'à la moelle, la sève brute de l'album, une huile fluide et corrosive que l'indus élabore si bien sans jamais la surcharger, cette batterie à la sonorité surpuissante, un jeu véloce et sans compromis, les braillement de Bell toujours aussi profonds qu'autrefois, lorsque mes petits tympans en firent la connaissance. Et puis cette basse... même gosse, je fus littéralement frappé par ces claquements secs et
Burnés, un animal massif et furibond... Les toreros n'ont qu'à bien se tenir, un auroch avec des couilles comme ça provoque un tremblement de terre en se posant sur son cul...
Un séisme. C'est effectivement l'impact que
Demanufacture a réalisé autrefois sur mon petit être. Aujourd'hui, son empreinte brille toujours autant, même si le chant « clair » de Bell ne me touche plus autant qu'avant, que je lui trouve un côté un tantinet aseptisé, ce qui au final se retrouve dans les cordes de l'objectif désiré et que je perçoit
Replica comme une tache dans le décor.
Que dois-je dire pour clôturer cette rédaction? Peu de mots me viennent... sinon un seul : Merci.
Merci à
Fear Factory d'avoir pondu cette œuvre qui m'ouvrit les portes à un univers fantastique duquel je n'ai décroché et ne décrocherait jamais. D'avoir couvé dans le cœur d'un gosse une passion qui ne demandait qu'à s'agrandir, d'avoir fait renaître des souvenirs et un pied de malade à un chaton devenu chat, d'avoir créé
Demanufacture, tout simplement. Il y a des repères qu'on ne peut pas se permettre de perdre... quitte à se complaire une petite heure dans la nostalgie.
Merci à Burton Christopher Bell, Dino Cazares, Christian Olde Wolbers et Raymond Herrera et milles respects.
Et merci à Pierre ( 1983 – 2005 ). Décédé dans un accident de voiture. Cette chronique t'es destinée aussi. R.I.P
I lied !
Right to your face !
And I'll
Burn !
Eternally !
In flames !
In flames !
In flames !
In flames !
"L'album" de fear factory tout simplement!
Y'a pas à dire, ça bute. Les trois premiers titres, d'une sauvagerie sans nom, restent toujours le must en matière de thrash à grosses sacades. Le début de cet album est et restera pour moi ce qui se fait de mieux dans le style, ça speed dans tous les sens, le son est énorme, l'univers du groupe perceptible à chaque instant. Une tuerie.
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