Avoir 45 ans de carrière musicale a son actif n'est pas donné à n'importe quel groupe, et lorsqu'en plus on compte dans sa discographie des albums tels que
Painkiller,
British Steel ou
Screaming for Vengeance, inutile de dire que chaque nouvelle sortie est attendue avec une grande impatience. La dernière remonte à 2008, un double-CD intitulé
Nostradamus qui avait séduit ou divisé les fans par le nouveau style musical de l'album, inhabituel pour Judas
Priest. Il était alors temps de se demander si le groupe comptait continuer dans cette voie, ou bien revenir à quelque chose de plus classique.
La bande à
Halford ne prit pas beaucoup de temps pour mettre fin à nos doutes: peu après l'annonce de la future sortie de ce "
Redeemer of Souls", premier album sans K.K Downing, fut mis en ligne le title-track de l'album: un style heavy bien plus traditionnel que sur
Nostradamus, mais très conventionnel et manquant de puissance. Déjà, les premières craintes apparaissaient quant à ce nouveau disque des Anglais. La suite ne se montrera guère plus convaincante...Des 3 titres dévoilés en intégralité, aucun ne parvenait à séduire convenablement. Seuls quelques autres extraits paraissaient encourageants, même si aucun ne faisait vraiment l'unanimité. Le
Priest allait-il nous décevoir avec ce qui est peut-être son dernier effort ?
L'album commence avec Dragonaut et
Redeemer of Souls dévoilés en avant-première, et ces titres ont beau être assez classiques et très convenus, ils se laissent néanmoins écouter facilement. Le premier cité offre même une ouverture convenable par sa rythmique plutôt nerveuse et un chant incisif. Qu'après toutes ces années un groupe soit encore capable de composer et jouer des morceaux basiques est une bonne chose, mais on parle de Judas
Priest et on est légitimement en droit d'attendre que le groupe hausse le niveau. Et c'est sur les premières notes de la troisième piste qu'on pousse un soupir de soulagement, et qu'on se dit que le groupe ne nous avait pas montré la meilleure part de la galette. "Halls of
Valhalla" s'ouvre sur un cri "Halfordien" tant attendu, et la suite du morceau a vite fait de nous rassurer quant aux capacités du groupe à composer: un refrain entraînant, une structure plus travaillée, des instrumentations bien meilleures avec un break et un solo très réussis, puis une descente dans les graves avant une remontée spectaculaire dans les aigus qui nous met à genoux: un grand moment !
Même si la suite du disque baisse un peu le niveau, on reste tout de même avec des morceaux agréables et de qualité supérieure au Title-track. En effet, que penser lorsqu'on entend l'introduction de "
Down in
Flames", ou les autres pépites de l'album comme "
Battle Cry", ou encore le sublime "Beginning of the
End" où
Halford chante à la perfection ? "
Crossfire" offre quant à lui des sonorités plus blues, qui nous rappellent le groupe a ses débuts, tandis que "
Cold Blooded" nous offre une ambiance froide et presque sinistre. On a l'impression que le groupe a essayé de regrouper ici toutes les facettes de son répertoire, mais il n'innove absolument pas.
Malheureusement, l'album n'est pas parfait en tous points: "
Metalizer" qui alterne vocaux bancals et instrumentations moyennes, s'avère être la plus mauvaise composition du disque, la faute à un manque de fougue fatal sur un morceau requérant vitesse et énergie. On pourra également citer "March of the Damned", sans relief ni éclat. D'ailleurs, la majorité des titres de l'album souffrent d'une structure souvent répétitive et d'un manque de puissance, ce qui ne nous donne pas forcément envie d'y revenir. En effet, on a l'impression que certains morceaux traînent en longueur à cause de cette monotonie, alors que la majorité des pistes ne dure que 4 minutes ! De plus, il parait étrange que le groupe ait composé une majorité de mid-tempos sur cet album, quand on sait qu'ils excellent dans les titres plus rapides comme
Painkiller, The
Sentinel ou Halls of
Valhalla sur cet album. Surtout, on sent bien ici que Rob
Halford, chanteur pourtant exceptionnel, peine de plus en plus à donner de la voix et des aigus satisfaisants sur certains titres,
Battle Cry notamment. Toutefois, le résultat reste globalement appréciable, surtout sur les titres encore plus posés où
Halford n'a pas besoin de forcer sa voix (Beginning of the
End). C'est désormais dans ce registre qu'il est le plus convaincant. On regrettera donc principalement que les 24 années passées depuis
Painkiller aient tant entaché sa voix, surtout dans le registre suraigu. C'est sans doute cette raison qui a motivé le groupe à écrire une majorité de morceaux lents et lourds.
Du côté des musiciens, l'âge se fait moins sentir et c'est donc un plaisir de les retrouver en forme, bien qu'une production plutôt creuse et une basse sous-mixée ne les avantagent pas vraiment.
Alors, que dire de cet album ?
C'est un album de Heavy correct, mais ce n'est certainement pas le meilleur du groupe...
Sin After Sin,
Screaming for Vengeance et surtout
Painkiller inscriront bien plus durablement leur empreinte sur le monde du
Metal: plus puissants, avec de véritables hymnes et plus inventifs.
Redeemer of Souls, rempli de mid-tempos souvent convenus et dont on regrettera le manque d'énergie, fera sans aucun doute moins l'unanimité. Pour autant, le groupe nous a écrit ici un album bien heavy et varié, avec peu de remplissage (contrairement aux deux précédents disques), ce qui en fait peut être l'album le plus réussi depuis
Painkiller. En effet, Judas
Priest ne tombe pas dans la facilité de la copie ou de l'auto-plagiat, il nous montre ici un condensé de toutes ses époques confondues, preuve d'une vraie recherche musicale et d'un groupe soucieux de plaire à tous ses fans. On notera que l'édition Deluxe, en plus de proposer un livret plus joli et une pochette qui brille, comporte accessoirement 5 titres qui sont sensiblement du même niveau que ceux de l'album.
Les paroles de
Never Forget, dernière bonus-track, semblent assez explicites quant à l'avenir du groupe: "We thank you for it all, We will never forget". Le groupe semble ici nous livrer un message d'adieu, avec un sentiment de nostalgie que le lumineux solo de fin de morceau essaye de nous retranscrire. Peut être cet album ne laissera-t-il pas à tous un souvenir impérissable, mais Judas
Priest a tellement fait pour le
Metal que nous pouvons leur affirmer fièrement:
"Yes, You will never forget".
Vinarius.
Quel dommage que la production et les parties vocales ne soient pas du même tonneau que "firepower".J'aurais également revu la tracklist comme suit :
1- dragonaut
2- redeemers of souls
3- march of the damned
4- down in flames
5- snakebite
6- halls of valhalla
7- bring it on
8- tears of blood
9- hell & back
10- battlecry
11- beginning of the end
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