Une tonne de promotion, des nouvelles absolument partout : le
Metal Ram It Down est de retour chez le prêtre du métal en 2004, et un nouvel album est en préparation.
Entendez-vous, quinze après le fabuleux et mythique "
Painkiller", un nouvel opus va sortir avec Rob
Halford au micro.
Début de l’année 2005, les chroniques tombent ; et furent extatiques. Le grand Judas
Priest était de retour, et de quelle manière. Un album de maestria, emplie de maitrise et de la griffe acérée des maitres du heavy.
Alors, "
Angel of Retribution" culte ?
"Judas
Rising" ouvre le bal et d’entrée, la production peu flatteuse vient salir nos oreilles qui s’attendaient à voir descendre des nuages les anges de la musicalité. Un son étouffé, avec énormément de reverb, manquant singulièrement de patate et d’un esprit heavy que "
Demolition" lui, au moins, comportait (nous nous passerons des débats sur le départ plus ou moins tumultueux de ce pauvre Tim Owens !).
Musicalement, nous naviguons bien plus du côté d’un "
Night Crawler" que d’un "
Painkiller" ou d’un "
Ram It Down" (les morceaux). Entendez par cette description que le ton est très mid tempo, rien n’est mal fait mais rien de bien consistant ne se pose entre nos oreilles.
Une rapidité toute relative fait son entrée sur "Deal With The
Devil" mais c’est avec une certaine consternation que je vois déballé un
Priest sans saveur, d’une évidence absolue et sans aucune magie. Les riffs se suivent et se ressemblent, sans une once d’originalité ou de créativité, d’une platitude extrême tandis que Rob nous pond un refrain que l’on croirait sortie des 80’, mais sans son charme. Tout est simple, automatique, préfabriqué, même le solo semble fonctionné avec le frein à main, usant d’une mélodie qui ne durcit jamais le ton.
C’est ça la reformation ? Alors oui, c’est Rob au micro mais quel intérêt pour chanter des titres aussi peu riches ? Aussi traditionnel mais sans cette fraicheur qui les transformeraient en hymne.
Il fait également mal d’entendre un
Halford sur "
Revolution", bien plus proche de Axl
Rose que du MetalGod que l’on connaissait (écouter "Chinese Democracy", et vous comprendrez à quel point les timbres de voix sont similaires, et ce n’est pas Axl qui imite Rob !), sur un rythme quasi ternaire basique au possible. Un riff qui tourne en boucle, une batterie limite blues sur ce titre, une mélodie inexistante…mais c’est quoi ce bordel, où est Judas
Priest ??? Où est l’album qui fut tant encensé par des critiques euphoriques et sans une once de discernement ?
Déjà, le tempo très ou trop souvent mid nui à un groupe n’arrivant que très rarement (mis à part sur "
Painkiller", "
Turbo" et "
Ram It Down") à réellement composer de géniaux morceaux lents, et on pleure pour entendre décocher un réel riff typique de la paire Tipton / Downing.
Pourtant, le lent "
Worth Fighting for" remonte largement la côte d’un album qui descendait en flèche, avec simplicité mais une âme, malgré cette curieuse et désagréable impression que Rob ne chante maintenant plus que comme un chanteur ordinaire, sans être plus extraordinaire que les autres du genre (l’âge ? possible…).
Et c’est bien là le problème. Ce "
Angel of Retribution", affublé d’une pochette toujours aussi laide (c’est devenu une habitude) représentant un ridicule ange mécanique et purificateur, pêche par une tradition de tous les instants. Là où Iron Maiden parvient aujourd’hui à nous captiver en allant toujours plus loin dans la recherche mélodique de ses morceaux (et on peux dire un grand merci à Steve Harris et
Adrian Smith pour ça), Judas
Priest ne nous sert qu’une soupe facile, tournant parfois au grotesque.
Car même sur un rythme rapide ("
Demonizer", "
Wheels Of Fire", "Hellrider"), il n’arrive pas à convaincre comme il le devrait. Tout est trop propre, aucune folie, aucune prise de risque, à croire que les gars ont composé des morceaux de seconde zone, ont collé Rob derrière le micro et ont cru à la recette miracle. Commerciale elle le sera, artistique beaucoup moins.
Bon, on pourra toujours se rabattre sur quelques solos très bien interprétés, certains vocaux typiques (l’intro de Judas
Rising), mais rien pour nous faire grimper aux rideaux, loin de là (alors que l’acoustique "
Angel" nous sortirais presque paradoxalement de notre léthargie, grâce à l’interprétation extraordinaire d’
Halford !).
Restera la bonne surprise de ce très long morceau intitulé "Lochness", traçant un sillon dans le paysage conventionnel de l’album vers une dimension plus lointaine, plus psychédélique et intéressante, nous offrant un voyage magnifique dans les tréfonds de ce que peuvent nous offrir les britanniques.
Un riff tordu et lourd, presque malsain, voir glauque, se débat dans un océan brumeux et nous plonge en quelques instants dans un autre monde. L’atmosphère nous happe, nous hypnotise, Rob, avec parcimonie et mesure, nous raconte une histoire angoissante et noire.
Un refrain impérial, lent mais incroyablement prenant et beau, solennel, se pose sur une rythmique de plomb, avec quelques incartades de Rob ébouriffantes et résonnant dans les profondeurs du lac comme une terreur sans visage.
Quelques arpèges répétitifs (dans le bon sens du terme) splendides pénètrent notre chair pour un final en apothéose émotionnelle qui nous ferait presque oublier la cruelle désillusion que nous venons de vivre avant ce quart d’heure magique.
Mais il n’en sera rien, "
Angel of Retribution" est dans l’ensemble très inconsistant, manquant singulièrement de reprise lorsqu’il faut passer la seconde, le régime moteur semble avoir un sérieux coup de vieux. Restera le plaisir de les voir à nouveau réunis, et d’attendre un "
Nostradameus" certes meilleur mais encore très mid tempo, et malheureusement trop long et ambitieux.
J'ai adoré Maiden, j'en faisais presque une obsession. Même pendant l'ère Blaze, je trouvais les fans injuste. Bruce revient : immense espoir, ça va repartir et là : virage progressif (déjà légèrement entamé sur XFactor), j'insiste mais je n'adhère plus (j'achète quand même les albums plus par collection que par goût). Je me sens bafoué, cocufié... Les déceptions amoureuses sont les plus féroces.
Bon maintenant, je vais arrêter de polluer ces commentaires.
Au fait, j'aime bien la pochette d'Angel Retribution.
Je sais je suis un cas.
Même constat pour Judas; là par contre j'ai boycotté Ripper malgré sa voix superbe, après avoir acheté Jugulator et l'avoir revendu le lendemain. Autant dire que j'attendais certainement trop du retour du Metal God, mais "Angel" me gave, et "Nostradamus" qui au moins marque un retour à quelque chose d'ambitieux, est quand même difficile à tenir sur la longueur et manque un peu de testostérone.
Et ouais, nos héros vieillissent; et nous aussi. Le côté sanguin s'estompe, sauf quand on touche à des choses qui nous sont chères, d'où mon intervention peut-être un peu trop vive, je le reconnais.
C'est dingue les goûts et les couleurs ! J'adore cet album, mais je pense qu'il faut avoir entendu ses morceaux en live pour réellement les apprécier. Je vais vous surprendre, mais je le préfère à Painkiller qui n'est pas, pour moi, un album de "Riff" (A part le morceau "Painkiller", le plus grand morceau Heavy Metal de tous les temps). L'album Painkiller a beaucoup d'énergie et de superbes refrains, mais où sont les vrais riffs de Metal? Avez-vous remarqué sur le dvd live "Rising in the east"? Seulement 2 morceaux de Painkiller et.... 5 morceaux de Angel Of Retribution !! Ce n'est pas un hasard, croyez-moi!
Toujours aussi fan du groupe mais comparé à un Fire Power du tonnerre, cet album me paraît bien fade aujourd'hui. D'ailleurs il reste avec seulement très très peu d'écoutes rangé dans la collection.
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