Episode XXII : Remettre les choses au clair.
Après un
Turbo qui montrait un Judas
Priest désireux de s’éloigner un peu de son Heavy
Metal traditionnel, suivi d’un
Priest…
Live poussif à la set-list négligeant la majeure partie des classiques, les anglais ont décidé de reprendre les choses en main en revenant à quelque chose de plus épuré et direct. En effet comme le prouve la pochette, la bande du chauve le plus connu derrière Fabien Barthez a décidé de taper du poing sur la table (ou plutôt sur la planète) et de montrer qu’ils ne baisseraient pas pavillon si facilement face au Thrash
Metal de
Megadeth,
Slayer ou
Metallica.
Enregistré au Puk Studios au Danemark et masterisé à Londres,
Ram It Down (1988) est doté d’un son moderne et puissant, donnant sa place et une clarté appréciable à tous les instruments.
On comprend dès les premières secondes de
Ram It Down que le côté Glam de
Turbo ne sera pas au rendez-vous ici, ce premier titre nous ramène dans la tradition de
Screaming for Vengeance /
Defender Of The
Faith en attaquant par un titre rapide. En effet jamais Judas
Priest n’avait sonné aussi agressif jusque là et sur ce morceau d’une frénésie rare qui commence par un cri effrayant de Rob
Halford, les musiciens enflamment nos oreilles avec des riffs implacables. Le chant est également plus percutant qu’auparavant et monte dans les aigus encore plus souvent qu’à l’accoutumé avec cerise sur le bateau (…), un solo à la fois d’une force mélodique, d’une intensité et d’une rapidité rarement égalé de Glen Tipton.
Ce disque démarre donc sous les meilleurs hospices mais la suite n’est pas toujours aussi irréprochable, ainsi Heavy
Metal (avec un titre pareil on est quand même en droit d’attendre une tuerie) est un honnête morceau mais en dessous de ce que laissait présager un slogan aussi aguicheur : un petit solo, deux riffs sympathiques, un break qui tue et un refrain évident : « Heavy
Metal !… », c’est un peu court jeune homme. Le problème est que les morceaux suivants loin d’être mauvais, se contentent de suivre le même schéma bien rôdé avec quelques bons moments dans les riffs et les soli adéquats sans vraiment parvenir à transcender. Come
And Get It notamment, malgré une rythmique de départ imparable, est presque aussi niaise musicalement qu’au niveau de ses paroles.
Heureusement on retrouve le
Priest qui va de l’avant sur
Hard As Iron, sans doute le morceau ayant le plus de points communs avec ceux de l’album suivant, le surpuissant
Painkiller : paroles guerrières, double grosse caisse en abondance, guitares leads et rythmiques dévastatrices. KK Downing et ses acolytes n’en oublient pas pour autant qu’ils sont des créateurs ayant en partie façonné le Heavy
Metal, le curieux mais grandiose
Blood Red Skies de 8 minutes, narrant la féroce résistance d’un guerrier du futur se sachant condamné le prouve : Rob démarre ici a capella ce qui semble d’abord être un slow avant que la musique ne s’emballe soudain sur simultanément des guitares tranchantes et des sonorités electro. L’ambiance y est épique et triste, grâce à la prestation fabuleuse d’
Halford qui fait passer dans sa voix toute la palette des émotions.
Ensuite c’est toujours la même histoire l’intensité redescend d’un cran, I’m a Rocker sonnant un peu comme un
Leather Rebel fatigué avant d’enchaîner sur la bonne surprise, une rafraîchissante reprise de
Johnny B. Goode invitant à headbanger avec le jeune country boy surdoué… On se demande s’il n’aurait pas été préférable de finir l’album sur ce titre car Love You To Death et ses plans caricaturaux ainsi que
Monsters Of Rock, qui est dans l’esprit une grossière copie de la fin de
Defender Of The
Faith ne laissent pas vraiment un souvenir impérissable de la fin du disque.
Le tout meilleur côtoie donc ici des choses plus dispensables, quelques chansons ont été un peu bâclées faisant baisser la valeur générale de
Ram It Down, pourtant bâti sur des bases intéressantes.
Les ennuis vont alors commencer pour les cinq de Birmingham (à part Dave
Holland qui n’était pas dans le groupe à l’époque des chansons incriminées, mais il aura malheureusement lui aussi son lot de problèmes avec la justice dans le futur) avec leur fameux procès : ce sera un mal pour un bien car toute la frustration et la colère accumulées donneront une rage sans précédent aux musiciens sur leur réalisation suivante.
To be continued…
BG
Je viens de le réécouter à l'instant et je pense que c'est l'un des albums les plus inspirés du Priest ! La prod a fait un gros saut dans la modernité, on retrouve des sonorités proches de ce qu'on pouvait trouver dans "Turbo" (et pour cause...), mais en plus Heavy ! C'est un album charnière entre le passé et ce qui viendra après. Sans dénigrer Dave Holland, Scott Travis aurait énomément apporté à cet opus, comme il le prouvera plus tard... On trouve des joyaux dans cet album et il ont été déjà cité plus haut, on y trouve une grande variété de compos et une rage jamais vu chez Judas. En tous cas il ne fait pas tâche dans la disco 80's du groupe ! Autant je trouve que "Screaming..." est largement surcôté, autant je crois que celui-ci est jugé bien trop sévèrement, pour moi c'est 18/20 !
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