En 1995, Ralph Scheepers quitte la formation de power «
Gamma Ray », en partie du à son éloignement du reste du groupe. Lui vivant à Stuttgart, les autres à Hambourg. Mais aussi du au fait que Scheepers a présenté sa candidature pour être le nouveau chanteur des «
Judas Priest ». Peine perdue. Celui dont la voix était pourtant si similaire à celle de Rob
Halford n’a pas été retenu par le groupe britannique. Ceux-ci lui ont préféré en 1996 Tim «
Ripper » Owens, comme digne successeur (à leurs risques et périls). Ce n’est qu’à charge de revanche pour notre chanteur allemand. Il fondera par la suite ce qui va devenir son groupe, celui par lequel il sera reconnu comme un grand du power germanique.
C’est en 1997, que Scheepers et
Mat Sinner, déjà bassiste et chanteur depuis 1982 de son propre projet, «
Sinner », fonderont ensemble la formation «
Primal Fear ». A ceux-ci s’ajouteront dans le sillage des deux hommes, Tom Naumann, déjà guitariste de «
Sinner », et le batteur Klaus Sperling. Cette nouvelle association va très vite amener à la venue d’un premier album, simplement repris au nom du groupe et signé un premier temps chez le japonais JVC Records. Une seconde signature chez
Nuclear Blast ira parfaire la diffusion internationale de ce premier chapitre. L’éponyme «
Primal Fear » sort donc en 1998.
Mat Sinner, en touche à tout, a tenu à personnellement s’occuper de la production de cette nouvelle créature.
Une créature aux serres affutées et au bec carnassier est née. Et celle-ci prendra rapidement son envol.
L’introduction de « Chainbreaker », le titre éponyme «
Primal Fear », marque le réveil de l’oiseau cybernétique. Une très légère brise symphonique, vite entrecoupée de sonorités électro. Des ambiances modernes et robotiques que l’on retrouvera sur quelques entames au synthétiseur. Cet instrument particulier est à la fois tenu par Tom Naumann,
Mat Sinner, mais aussi par le claviériste additionnel Frank Roessler. « Chainbreaker », en bête de combat libératrice, s’élance donc par des riffs crachant toute leur puissance de feu. La guitare lance quelques sons stridents au milieu de cette machine à compresser. Le chant de Scheepers donne de sa résonnance et fait vibrer avec énergie un morceau qui fait déjà pourtant dans un power/speed sans pitié, sans se soucier du nombres de cartouches. Sa voix deviendra plus étourdissante encore à l’arrivée du refrain. Un titre qui s’agrippera à la gorge et qui est dans la fibre de l’album « Painkiller » de «
Judas Priest », tout comme « Battalions of
Hate » ouvert lui par la voix de
Mat Sinner, relayée ensuite par celle de Scheepers, tout cela au beau milieu de riffs rageurs et mécaniques qui en imposeront.
Outre cet heavy extrêmement rageur, on retrouve des titres d’une structure plus commune. Scheepers perd son ton énervé et s’exprime avec davantage de finesse sur l’hymnesque «
Silver and Gold ». Les riffs et battements sont exécutés avec une impressionnante furie, mais sans ressortir la même brutalité que sur « Chainbreaker ». Même chose avec « Promised
Land ». Le chant est neutre, pincé au cœur. La batterie est elle, bien perceptible et mise en avant, ce qui n’efface, pour autant, en rien le grondement orageux de la guitare.
«
Primal Fear » prend un léger coup de vieux avec certains titres d’un heavy plus trivial en soi, mais toujours aussi efficaces. C’est-ce que l’on peut constater avec « Running in the
Dust », agissant par vives secousses et un chant fonctionnant lui aussi par de brusques à coups. Un Scheepers que l’on pourrait sans problème confondre avec un
Halford années 80. «
Thunderstone » proviendrait pratiquement de cette noble époque. Les instruments se lancent dans une course folle. Cela prend du volume et de la vitesse. Course que Scheepers semble nous commenter en direct avec d’étonnantes prises d’adrénaline.
En évoquant les courses, on en vient directement au titre « Formula 1 ». Les instruments sont dans une branle que l’on pourrait croire maladroite. Puis ça s’élance nonchalamment, ça se déhanche de manière outrancière. Le refrain et surtout le milieu de piste, très harmonieux, agissent comme de grosses bouffées d’air. On y retrouvera au milieu des solis des 2/3 piste, un joué par Kai Hansen, invité pour l’occasion. L’ex-camarade et fondateur de «
Gamma Ray » se fera à nouveau remarquer sur un soli du tout aussi nonchalant « Dollars ».
Plus lent, plus outrancier, plus américain, avec des riffs plombés et freinés, en pleine contorsion. Le prestigieux guitariste s’occupera personnellement du solo de la superbe reprise de «
Deep Purple », « Speed
King » issu de l’album « In Rock ». Une reprise à la hauteur de l’original, mais avec un empressement calculé, qui vire à la folie pure.
En évoquant «
Gamma Ray », on ferait étalage du titre «
Nine Lives » comme un emprunt de l’ancienne formation de Scheepers. Les cordes deviennent plus expressives, l’ensemble saturé en mélodies furtives, plus dans la fibre classique du power. Et le chant si sec et crié de Sheepers se fait tout en harmonie et s’élève haut dans le refrain.
Une élévation, une transcendance qui aura son point mort sur le magnifique « Tears of
Rage ». Ici la terre semble s’écrouler, la vie ne paraît plus se manifester. Une entame aux claviers et tout se meurt. Des coups de batteries tentent de ramener à la vie le corps. Un corps qui se ranime au fur et à mesure qu’apparait le chant ému et attristé de Ralph Sheepers. Là les images défilent, le son s’intensifie. Guitare et basse, à la moitié piste, croient la bataille gagnée. Ils lancent alors leurs cris victorieux. Mais Sheepers et l’ambiance ténébreuse, marquée des claviers ramènent tout le monde à la raison. C’est la mort qui prend finalement le trophée, silencieusement saluée par les symphonies timides des claviers. Le titre est un petit chef d’œuvre bien loin du power/speed et de la ballade classique. Se présentant comme une bribe de tendresse au sein d’un univers brutal, qui lui est bien représenté par toutes les autres pistes.
En 1997, «
Judas Priest » avait présenté le très controversé « Jugulator ». Les détracteurs de Tim Owens ont parfois considéré que «
Primal Fear » aurait du être la suite logique à « Painkiller », si le groupe avait choisi ce parfait imitateur vocal d’
Halford qu’est Ralph Scheepers. Mais on ne refait pas l’histoire, Ralph a continué la sienne. Il n’est plus désormais dans un groupe d’emprunt, il est chez lui avec «
Primal Fear ». Ce premier opus s’illustre comme le cri triomphant d’un aigle. Un cri qui aura par la suite plusieurs échos, jusqu’à se perdre quelque peu aujourd’hui.
17/20
Vers 1999-2000, j'ai eu un énorme ras le bol des groupes prout prout que j'avais pourtant adoré comme Angra, Strato, Dream Theater et surtout Rhapsody que je ne peux plus blairer. J'ai fait un retour aux basiques à ce moment là, il faudrait peut-être que je retente.
Mais pour ma part, les premières fournées de Primal Fear m'ont fait l'effait d'un sous-Judas qui ne décolle jamais vraiment. Nuclear Fire est sans doute le meilleur puisque l'aboutissement de cette volonté de rendre hommage à "Painkiller" de-qui-vous-savez.
Le premier best-of est amplement suffisant pour se faire une idée des débuts de PF.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire