Il y a plus ou moins deux décennies et demi, lorsque les premières mesures de guitares de l’époustouflant Chainbreaker, premier vrai morceau du premier album éponyme des allemands de
Primal Fear, nous transpercent, la déflagration est telle que d’aucuns songent qu’ils sont peut-être en train d’assister aux prémices d’un potentiel renouveau de ce Heavy
Metal/Heavy Speed
Metal allemand si sclérosée par son traditionalisme habituel. Et ce sentiment n’est pas illusoire ou fugace tant le reste de ce premier méfait de Ralf Scheeppers et de ses comparses est brillantissime dans cette osmose à la fois germanique et britannique (Accept,
Judas Priest…). Dans ce mélange à la fois inventif et construit sur des assises connues et solides.
Le temps a passé depuis cette première explosion.
Le temps a passé et sans trahir nullement un secret éventé depuis bien longtemps déjà, même si le parcours et les albums de ces cinq là n’ont rien de honteux, aucun des suivants ne fera preuve de la même maestria. Et sans non plus trahir nullement un autre secret, et en gardant tout de même un minimum de partialité de rigueur, difficile d’imaginer que ce
Code Red, le 13ième du quintet, en soit capable.
D’ailleurs chacun pensera bien ce qu’il voudra d’
Another Hero, premier titre de cette oeuvre, et me concernant j’ai même tendance à penser que c’est un morceau qui, sans particulièrement s’illustrer, reste tout à fait correct, mais difficile de le ranger aux côtés de ceux déjà évoqués ici. Difficile d’y retrouver l’excellence dont nous avait gratifié autrefois les saxons. Il en va de même pour The Flood et Deep in the
Night qui sans nous émouvoir vraiment sont agréables à écouter dans une sorte de ronronnement convenu et habituel de ce groupe.
Primal Fear faisant du
Primal Fear.
Il y a quand même, selon moi, quelque chose d’un peu désarmant d’être aussi peu séduit par le début de ce disque eu égard aux talents de ces musiciens et de ce qu’ils furent capable de nous offrir jadis. On ne peut pas se contenter d’aussi peu. On ne doit pas se contenter d’aussi peu. Ni d’un tel conformisme.
Fort heureusement avec Cancel
Culture les choses s’améliorent enfin. Ce titre, pamphlet contre cette nouvelle tendance consistant à mettre au ban certains individus, groupes ou institutions coupables d'actes, de comportements ou de propos jugés inacceptables, nous donne enfin à entendre un
Primal Fear abandonnant quelque peu la routine routinière des premiers titres de cet opus. Tantôt vif, tantôt plus posé, il nous convainc enfin. Play a Song profite de cette bonne tenue pour nous séduire aussi. Tout comme The World is on
Fire ou Steelmelter. Quant à ce Raged by
Pain aux passages agressifs où Ralf délivre une prestation particulièrement réussie, il est tout simplement excellent.
La fin de ce plaidoyer retombe un peu dans l’anecdotique avec une balade intéressante, Forever mais pas vraiment indispensable et un
Fearless sans grande envergure.
Arrivé à ce moment de ma réflexion, je me dois d’évoquer ce que j’ai pu lire ça et là sous la plume de certains de mes petits camarades chroniqueurs, amateurs ou non, argumentant sur les prouesses exceptionnels d’un Ralf très en voix, sur les relents et les vibrations de ce disque proche d’un Painkiller de
Judas Priest (pour ceux qui ne le savent pas encore) ou sur le côté imparable de ce méfait. Là encore je dois avouer que je suis un peu désarmé. Loin de moi l’idée de m’épancher sur mon désarroi ou de fustiger mes collègues aux avis aussi constamment béats mais je ne saurais que trop leur conseiller de réécouter les albums auxquels ils comparent ce
Code Red et, par la même occasion, celui de 1998 de
Primal Fear.
Quoi qu’il en soit, au final on ne peut que se réjouir du retour de
Mat Sinner après cette grave maladie contre laquelle il a dû se battre. Et ce même si le résultat de ce retour n’est pas vraiment à la hauteur de ce que l’on est en droit d’attendre de ces allemands. En définitive,
Code Red est donc un album dans lequel
Primal Fear aura manqué singulièrement d’audace se contentant de se reposer sur ces acquis. Dommage.
J'ai toujours ce syndrôme d'un disque sur 2 avec Primal Fear. J'avais trouvé Metal Commando plutôt efficace dans son ultra conformisme par sa grande efficacité (alors que Apocalypse était plus orchestré et nuancé mais moins enthousiasmant). Je n'ai pas retenu grand chose des écoutes de ce Code Red, à part Cancel Culture comme tu dis, The World is on Fire également.
Contrairement à toi, ma période de référence reste le trio Seven Seals / New Religion / 16.6 où PF avait réussi à s'affranchir de tous ses clichés pour sortir (un peu) des sentiers battus et apportés des ambiances, des orchestrations, des mélodies parfaitement combinés à la puissance du groupe et aux envolées incroyables de Ralf (toujours intouchable, même sur ce nouveau disque. Increvable ce bonhomme).
Dans l'ensemble d'accord avec toi ... rien qui ne reste vraiment sur ce Code Red. On se revoie pour le prochain ...
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