Pour beaucoup d’entre-nous, pour ne pas dire pour la plupart, AC/DC est une institution. Une entité qui a façonné les règles d’un genre donnant à des générations entières de musiciens une lumière à suivre alors qu’ils étaient perdus dans le noir. Un géant qui a accompagné des générations entières d’adeptes convaincus dans les meilleurs et les pires moments de leurs vies. Un trait d’union entre les générations et les classes sociales. Et pour beaucoup d’entre-nous, pour ne pas dire pour la plupart, rester critique à l’égard d’un être aussi familier et aussi respectable n’est pas toujours facile. Mais, franchement, soyons honnête s’agissant de leurs album studios, depuis ce
Razor’s Edge sorti en 1990, il y a bien longtemps que Brian Johnson et ses acolytes ne nous ont pas enthousiasmé plus que le minimum syndicale. Et en vérité, si l’on excepte les honorables
Ballbreaker (1995) et
Stiff Upper Lip (2000) qui se sont imposés dans la douleur et sur la durée, voilà donc trente longues années qu’il nous faut souffrir les affres d’un manque assez consternant.
Oh bien sûr, sur scène le groupe sait toujours jouer de ses charmes pour nous séduire avec son catalogue d’autrefois.
Et son leader charismatique,
Angus Young, sait toujours comment mener sa troupe en prenant des décisions tranchés qui ne manquent pas de faire réagir le petit monde du
Hard-Rock. Virant les uns, prenant les autres, reprenant les uns, virant les autres, revirant les autres, reprenant les uns, cet agitation permanente entretient le mythe en braquant les projecteurs sur le groupe.
Et puis il y a ces disparations. Douloureuses mais inévitables qui, elles aussi, maintiennent nos esprits attentifs.
Des événements et des éléments qui pourtant, pour peu que l’on soit entièrement lucide, ne cache pas complètement ce désert qu’est devenue la créativité des Australiens ces trois dernières décennies.
Power Up est donc son dix-huitième album, dix-septième en Europe. Il sort en cette année 2020 si particulière.
En premier lieu commençons par faire un état des lieux des forces en présence et saluons le retour de Brian Johnson derrière le micro et celui de
Phil Rudd derrière les fûts. Bien évidemment Stevie Young continuera à officier comme guitariste rythmique à la place de son oncle qui nous a quitté en 2017. Cliff Wiliams, pourtant démissionnaire, assurera la basse et, bien entendu, l’indéboulonnable trublion,
Angus Young, poursuivra son œuvre diabolique armé de sa Gibson SG. La fine équipe en somme.
Comme à son habitude depuis quelques temps déjà AC/DC se contente de nous offrir un album manquant d’allant où seul un excellent, et étonnant,
Demon Fire vient bousculer tout ça. Voguant sur un rythme de sénateurs le groupe distille, en effet, son art de manière tranquille. Sauf qu’AC/DC n’est pas n’importe qui. Sauf que fort de son talent, et de son expérience, il parvient à nous séduire. Du moins ici. Et ce d’autant plus que cette fois, la magie opère se conjuguant à une inspiration quelque peu retrouvé. Enfin.
Entendons-nous bien,
Power Up n’est pas, et ne sera sans doute jamais, un album capable de se hisser à la hauteur d’un
Back in Black,
Highway to Hell ou même d’un
Let There Be Rock mais c’est un disque honnête de
Hard Rock Boogie Blues que, contrairement à d’autres des Australiens, on ressortira avec plaisir. Des pistes comme Realize,
Shot in the Dark,
Kick You When You're
Down, Witch’s
Spell ou encore, par exemple, Code
Red sont, en effet, sans être incontournables, de bonnes factures. Ce qui, lorsqu’on connaît les déboires artistiques que traversent le groupe ces derniers temps, n’est déjà pas si mal. Ajoutez à cela ce
Demon Fire déjà évoqué très intéressant, au démarrage vif et tendu qui n’est pas sans nous rappeler
Whole Lotta Rosie, et l’on obtiens un opus pas grandiose mais très fréquentable.
Loin de sa maestria d’autrefois, les Australiens d’AC/DC, avec ce
Power Up, retrouvent tout de même un peu de brio. Cet album, sans être totalement indispensable, aura, en effet, suffisamment de qualités pour redonner quelques couleurs à un vétéran qui, ces derniers temps, était d’une pâleur assez inquiétante. Et on ne peut que s’en réjouir.
Après avoir lu moi aussi cette belle chronique, je n'ai q'une envie, courrir me le procurer
Oui, c'est vrai, une chronique difficile à écrire sur un groupe tel qu'ACDC, mais elle est très bien faite.
Et je te rejoins sur plusieurs points, bien que les albums précédents ne soient pas mauvais, je pense que c'est le meilleur depuis Razors edge, mais il n'égale pas un Highway to hell ou un Back in black (pas loin quand même!!!)
J'écoute cet album en boucle, et j'ai du mal à trouver un morceau qui fait défaut!
C'est une belle surprise sachant les déboires de ces dernières années, j'ai cru la bande à Angus morte définitivement...
Les dinosaures ont la peau tenace, pour notre plus grand plaisir.
J'ai hâte de les revoir sur scène, et de pouvoir y emmener mes garçons, fans de métal, afin qu'ils découvrent ce groupe légendaire qui force le respect...
que ça fait du bien de les retrouver à ce niveau (même si je zappe systématiquement "rejection" et "wild reputation que je trouve vraiment faiblards comparé au reste), un vrai best of de leur carrière avec certains moments qui rappellent "the razors edge", "back in black", "ballbreaker" ou "powerage". Si c'est le dernier, ce serait une belle conclusion.
Cet album vieillit très bien sur la platine et montre 1 AC/DC en forme (plus vraiment jeunes les aussies). Bel album pour 1 retour inespéré...
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