Chez
Suffocation il se passe toujours des choses : ils splitent, se reforment quelques années plus tard, et obtiennent même une signature chez le plus gros label mondial de
Metal (
Nuclear Blast), rejoignant notamment
Behemoth et
Blast. Pourtant ça commençait presque à sentir le roussi ces derniers temps. Déjà l’album
Blood Oath n’avait convaincu qu’à moitié en 2009, puis leur charismatique chanteur annonçait qu’il ne pourrait plus assurer les dates live à cause d’obligations inhérentes à son travail (ce qu’on avait déjà remarqué lors de la dernière tournée où il était remplacé par Bill Robinson de
Decrepit Birth), et dans la foulée le batteur Mike Smith jetait l’éponge.
Mais les new-yorkais ont de la ressource, et c’est tout naturellement qu’ils enregistrent le retour du tueur Dave Culross, au CV long comme le bras et déjà marteleur sur le MCD
Despise the Sun. Leur sixième album était donc guetté avec une certaine appréhension, le deathster étant devenu méfiant depuis le trop fameux I de
Morbid Angel, mais
Pinnacle of Bedlam (2013) risque de remettre magistralement les pendules à l’heure.
Avec ce design plus moderne, la pochette de Raymond Swanland dévoile une version infernale et enflammée fort réussi de
And Justice for All. La subtilité n’étant ni une caractéristique de
Suffocation, ni une attente de ses bourrins de fans, on ne sera pas étonné (et même ravi pour ma part) que ce disque parte sur les chapeaux de roues, avec l’étouffant
Cycles of Suffering, assénant simultanément une violence digne de
Effigy of the Forgotten, une technicité n’ayant rien à envier à
Pierced from Within, et un riffing appuyé aussi efficace que sur
Souls to Deny et
Suffocation. Forte impression aux premières écoutes, et l’effet persiste !
Dave Culross s’est totalement réapproprié la musique du groupe, car il ne se contente pas de faire du Mike Smith, il apporte au contraire sa patte personnelle, notamment sur Eminent Wrath, avec les blast-beat les plus rapides jamais entendu chez
Suffocation. Ce morceau colle tout simplement au mur : un riffing partagé entre
Misery Index et
Malevolent Creation, tout en restant dans un esprit 100% Suffo : à la fois assez étonnant et décapant.
As Grace Descends évolue dans un registre plus classique pour le quintet, ce titre n’aurait pas dépareillé sur
Pierced from Within, avec des plans typiques de ce compositeur de génie qu’est Terrance Hobbs (auteur ou co auteur sur la quasi totalité des chansons, sauf My
Demise écrite par le second guitariste Guy Marchais).
Autres atouts de Pinacle of
Bedlam : la production de Joe Cincotta, plus mordante que sur
Blood Oath, mettant notamment en valeur la frappe de Culross, et bien sûr le chant toujours aussi profond de Frank Mullen, au ton à la fois sombre et revendicatif (il ne vient pas de New-York pour rien celui là !!!).
Un redressement était espéré après
Blood Oath mi figue – mi raisin, mais peu aurait misé sur un successeur aussi impressionnant. D’ailleurs quand on se sent obligé de parler de tous les morceaux, c’est que quelque part tout est marquant et qu’on a entre les mains un chef d’œuvre, toutefois histoire que le lecteur ne s’endorme pas il va falloir trier… Retenez tout de même Sullen Days, titre mid écrasant en sa première moitié, puis dévastateur à partir de 2 : 28 et une succession de riffs mémorables, My
Demise et des plans parfaits à headbang, ou encore un Inversion plutôt original avec ses sonorités dissonantes au départ.
Bien sûr on retrouve a la fin le fameux gimmick consistant à reprendre un de leurs vieux titres, c’est cette fois
Beginning of Sorrow, qui ouvre
Breeding the Spawn (1993), de subir un traitement de choc vingt ans après et de se montrer plus percutant que l’album d’origine ( excellent mais à la production anémique). A raison d’une piste réenregistrée par album, encore quatre et
Suffocation aura revisité la totalité de son second méfait…
Ceux qui raillaient un ramollissement /embourgeoisement de
Suffocation suite à leur signature chez le mega label allemand en seront pour leur frais, déjà ceux là n’ont pas vu
Suffocation en live récemment pour affirmer une bêtise pareille, et ensuite Pinacle of
Bedlam leur apportera un cinglant démenti. Les rois-créateurs du brutal Death se renouvellent en partie, tout en gardant cette identité si marquée, et ce avec une hargne retrouvée.
Un disque de l’année en puissance.
BG
J'ai enfin sauté le pas et me suis procuré ce Suffo, mon premier (en dehors d'écoutes Youteub de Pierced et Effigy).
Je suis surpris pas sa facilité d'accès, mais y a pas à dire c'est du lourd, les riffs sont géniaux et sublimés par la batterie qui les souligne (surtout frappant sur l'entêtant My Demise).
Tres belle chronique de beergrinder retranscrivant avec 1 precision methodique le fond la forme etl' esprit de cet album.
1 grand suffocation qui tourne tjrs avec plaisir.
Merci pour la chronique
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