Au milieu des nineties, à l’instar de ses homonymes
Malevolent Creation,
Immolation,
Gorguts &
Sorrow (USA),
Suffocation fait également les frais de la politique désarmante de son écurie Roadrunner, qui évince progressivement tous ses groupes deathmetal, ne conservant quasiment qu’
Obituary et
Deicide en son sein. Durant cette période de galère, ce précurseur du brutaldeath retrouve une ultime fois Scott Burns, pour l’enregistrement du très bon
Despise the Sun (1998), avant de jeter définitivement l’éponge à la fin de l’année, laissant désormais une scène orpheline.
Sorti chez
Vulture Records, le petit label de
Jason Fligman, le mini-CD
Despise the Sun est toutefois rapidement épuisé, invitant Relapse Records à le ressortir en 2002. Cette réédition, couplée au regain d’intérêt pour la scène deathmetal, motive alors le retour du combo légendaire en 2003, autour de trois membres d’origine, Frank Mullen, Mike Smith et Terrance Hobbs. Doug Cerrito, que l’on croyait pourtant inséparable de Hobbs à la guitare, manque hélas à l’appel, laissant heureusement la place à Guy Marchais, ancien gratteux du groupe
Pyrexia, l'un des frères spirituels de
Suffocation.
Décidé à effectuer en parallèle un maximum de concerts,
Suffocation investit le
Fullforce Studio début 2004, sous la houlette de Joe Cincotta, ressortant avec l’album
Souls to Deny, articulés autour de huit titres flambant neufs. Relapse Records commercialise le disque dès le mois de mai, s’offrant les services du célèbre dessinateur Dan SeaGrave, qui effectue lui aussi son retour avec ses dernières illustrations pour
Gateways to
Annihilation & Where Ironcrosses Grow (
Morbid Angel,
Dismember).
A l’inverse du côté direct et du rythme ravageur de
Despise the Sun,
Souls to Deny marque le retour de
Suffocation vers des compositions aux structures très alambiquées. Alternant middle tempo, blast-beats et contretemps assassins, le jeu de batterie de Mike Smith est incroyablement complexe, servant les guitares de Terrance (au jeu directement identifiable) et Guy, qui entremêlent leurs riffs et posent leurs soli avec une aisance déconcertante et un plaisir manifeste.
Depuis l’excellent To Weep
Once More (au parfum Jesus Wept exquis) jusqu’aux redoutables Subconsciously
Enslaved & Tomes of
Acrimony, en passant par les mémorables
Surgery of Impalement &
Demise of the Clone,
Suffocation frappe juste, conservant son toucher unique et cette capacité à écrire des morceaux aux multiples entrées, garants d’un nombre d’heures et d’un plaisir d’écoute quasi infinis. Frank Mullen gratifie le tout de ses growls d'une profondeur si caractéristique, éléments indissociables du brutaldeath de
Suffocation.
En revanche,
Souls to Deny ne parvient réellement ni à surprendre, ni à renverser, reprenant fidèlement la recette des ses invincibles prédécesseurs
Effigy of the Forgotten &
Pierced from Within. Le groupe a par ailleurs pris une ou deux rides, lâchant un disque un brin daté en comparaison de derniers missiles comme Informis
Infinitas, Darkened Shrines ou
King of All
Kings, qui défrayèrent la chronique deux petites années auparavant.
Si certains retours peuvent s’avérer parfois hasardeux, celui de
Suffocation reste sans conteste heureux et bienvenu. Sans grand préjudice, le break du groupe new-yorkais lui a ainsi permis de recharger ses batteries et de repartir à la conquête du trône du brutaldeath autrefois conquis, armé d’un
Souls to Deny complexe et subtil, composé dans les règles de l’art. La concurrence est toutefois rude en cette année 2004, le niveau technique et la brutalité du style s’étant considérablement accrus depuis l’essor d’
Angelcorpse,
Origin,
Krisiun,
Nile ou
Hate Eternal, sans oublier les gardiens du temple tels
Immolation ou
Morbid Angel, invariablement au dessus du lot.
Fabien.
Peut être justement que la ressemblance avec les anciens albums m'a permis de les écouter plus facilement :) (Qu'ils n'aient pas changé la recette ;))
Merci Fab' ;)
La qualité de l'album et le seul fait du retour de Suffo ont constitué en soit un petit évènement largement suffisant à réjouir les fans de la première heure...
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