S’il est un frontman qui incarnait la personnalité d’un groupe, c’est indéniablement Frank Mullen, il faudra désormais que
Suffocation fasse sans lui. Cela faisait une dizaine d’années que le chanteur n’était pas à 100% dans le groupe, se faisait remplacer sur certaines tournées pour raisons professionnelles, mais cette fois il a tiré sa révérence (à un featuring près, nous y reviendrons).
Alors qui embaucher à la place d’une légende pour intégrer Suffo à temps complet et enregistrer le prochain album ? Un chanteur au style différent ou un (presque) clone du précédent ? Hobbs a clairement choisi la deuxième solution (comme Mark Shelton avait recruté un clone vocal de lui-même en la personne de Bryan Patrick) avec Ricky Myers, qui avait déjà fait ses preuves en live.
Il était peut-être grand temps de secouer le cocotier en tous cas, car … of the
Dark Light le disque précédent était d’une banalité indigne du standing des new-yorkais. Hymns of the
Apocrypha (2023) ne se fait pas attendre au travers d’une intro, la chanson titre est violente d’entrée avec des riffs et des breaks abruptes spécifiques à Suffo, une production assez abrasive mais suffisamment claire, et Ricky Myers qui copie le maitre avec efficacité, un premier morceau relativement long et vraiment convaincant.
Il est bien évident que si Hobbs (angel of brutal Death) et cie ne sont pas là pour inventer la poudre, ils ne sont pas venus non plus pour trier les lentilles, leur précédente galette n‘étant visiblement qu’un accident.
Perpetual Deception composée par Charlie Errigo, est plus technique avec une mise en place au laser, puis un riff à la « Doug Cerrito » (00:52), un passage ultra lourd comme on en trouvait pléthore sur
Pierced from Within (1 :33) avec basse en avant, un (triple) galop (1:58), un autre quasi
Deathcore (2:53), bref c’est la fête du riff. Si aucun titre ne sort véritablement du lot, il n’y en a aucun non plus qui montre des signes de faiblesse, on appelle cela l’homogénéité monsieur. On notera tout de même un
Seraphim Enslavement intense avec son solo mortel.
Immortal Execration attaque sur un tapi de double pédale, comme le début de
Blood Oath, c’est un exemple, mais régulièrement on se prend à repérer un passage qui fait penser à
Souls to Deny par ci, un autre de
Pierced from Within par là, puis de
Breeding the Spawn là-bas, mais quand on fait la synthèse, c’est avec (l’excellent)
Pinnacle of Bedlam qu’Hymns of the
Apocrypha a le plus de point commun, même si la production est un poil plus old-school ici.
A la longue nous avons presque l’impression d’entendre chanter Frank Mullen, même si en tendant l’oreille qu’il y a quelques différences de prononciation. Descendants propose quelques dissonances inhabituelles chez
Suffocation, avec parcimonie heureusement, Suffo doit rester Suffo ! Avec … of the
Dark Light on croyait
Suffocation sur la pente descendante, mais la première génération du (brutal) Death
Metal n’a pas pris sa retraite et sait toujours éclater de la viande après les murs avec un Embrace of Suffering bien retors ou un Delusions of
Mortality final dynamique et taillé pour le live.
La retraite parlons en, en écoutant la prestation mitigée (voire indigente) de Franky sur
Ignorant Deprivation (il ne doit plus leur rester beaucoup de morceaux de
Breeding the Spawn à réenregistrer cette fois), on se dit qu’il l’a bien méritée. Entendons nous bien, Frank Mullen est une légende, père de tous les chanteurs brutal Death, et il a pour moi une importance capitale étant donné que sans lui je n’aurais jamais eu l’idée de prendre un micro pour growler, mais à un moment donné il faut savoir dire stop.
Hormis ce featuring qui ressemble à une invitation à un dernier repas (mangez c’est mon Death, buvez c’est mon growl, touchez pas c’est mon cµl, normal), Hymns of
Apocrypha est un vrai démenti à ceux qui annonçaient le déclin de l’entité menée par le sympathique Terrance Hobbs, ce dernier a cette fois-ci laissé les autres musiciens mettre la main à la patte pour la composition, et ce travail d’équipe est payant,
Suffocation peut de nouveau briguer son trône (of blood).
BG
Merci Fabien pour ce complément, j'ai pu constater que les avis convergeaient logiquement vers un gros retour en forme. @ DeathMetallus, merci pour l'info, le discogsmaniac que je suis a regardé la disponibilité de cette version : trois en vente, le moins cher est à 201,61 €, fin de l'histoire.
Bien vu pour Anomalistic Offerings ! A défaut d'avoir la version 2006 sur CD, sachons donc nous contenter du streaming : https://www.youtube.com/watch?v=69gWGtvNrWY&ab_channel=GrizzlyCharlie
FABIEN.
Le Brutal Death Technique c'est avec parcimonie chez moi, le Suffo présent il a du mal à quitter la platine, c'est juste old school comme il faut et accrocheur en diable. Bonne pioche que ce nouveaux Suffo. Merci pour la chro Lolo
Merci pour la chro c'est du suffocation pur jus ça rappelle les débuts en un peu plus accrocheur, dans le bon sens du terme violent et groovy j'adore.
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