Il est certaines œuvres pour lesquelles la rédaction d'une chronique ne peut ressembler à autre chose qu'à l'expression consentis d'une démonstration admirative exposant d'évidentes évidences. Noircir alors des pages pour évoquer ces albums coupables, tout en tentant bien maladroitement de conserver une impartialité de rigueur, pourra ainsi s'avérer être d'une inextricable complexité.
Cependant même si la difficulté de l'objectivité défaillante, une des graves maladies honteuses dont souffrent souvent les chroniqueurs, étreins nos esprits, qui pourrait raisonnablement ne pas succomber à l'excellence des travaux de ces américains de
Suffocation ? D'autant plus qu'en ces heures révolus, au son de ce
Effigy of the Forgotten, premier véritable méfait sortis après seulement une unique demo, Reincremated (1990), et un EP,
Human Waste (1991), Frank Mullen et ses comparses nous propose rien moins que d'établir les principes fondamentaux, d'une certaine manière toujours terriblement actuels, d'un Death à la brutalité extrême et à la technicité redoutable.
Pour développer ce nouveau concept,
Suffocation va bouleverser les conventions tacites d'un
Metal de la mort quelque peu sclérosé dans certaines attitudes coutumières. Ainsi les américains vont, tout d'abord, cesser de se complaire dans les méandres des rythmes incontestablement brutaux mais encore, à l'époque, bien trop souvent régulier de leurs concurrents. Le groupe échafaude donc des titres aux constructions variées dans lesquels, d'emblée, il ne sera pas nécessairement facile de s'immerger spontanément.
Ce premier élément ne constitue pas la seule singularité dans la démarche de ce groupe puisque qu'il va, ensuite, s'appuyer aussi sur les aptitudes particulières, et remarquables, de musiciens talentueux et innovateurs. Tant et si bien qu'aujourd'hui encore ces singularités demeurent références. Evoquons dès lors la voix particulièrement gutturale, profonde, caverneuse mais surtout inédite d'un Frank Mullen donnant à ce
Effigy of the Forgotten une atmosphère terriblement sombre et délicieuse. Evoquons également les qualités de dextérité d'un Mike Smith, derrière les fûts, offrant à ce plaidoyer une précision et une efficacité superbe. N'oublions pas aussi de citer les duettistes Terrance Hobbs et Doug Cerrito dont les riffs, et les soli, de guitare viennent admirablement s'imbriquer dans ces compositions aux structures alambiquées. Bien évidemment si ces admirables vertus peuvent apparaître aujourd'hui comme des poncifs obligatoires et habituels, n'oublions pas, toutefois, qu'à l'époque elles n'avaient rien de commun.
Ordinairement il incombe à votre humble serviteur de mettre en exergue certains titres plus singuliers d'une œuvre, cependant l'exercice ne peut être ici que vain, ou tout au moins source d'un extrême embarras tant l'équilibre dense et compact que dégage cet album demeure exemplaire. Et ce ne sont certainement pas les excellents
Effigy of the Forgotten, Infecting The Crypts au break final malsain où l'on peut entendre les notes de cette basse groovy sur les bruits de ces pelles creusant ce que l'on suppose être une dernière demeure, mais aussi, par exemple,
Reincremation,
Mass Obliteration, Jesus Wept et leurs breaks plus posés, qui viendront entacher une telle perfection.
Il m'incombe encore, également, de relever les quelques défauts des albums que je tente modestement de chroniquer. Mais que dire de ce
Effigy of the Forgotten? Sinon qu'il en est certains pour regretter cette production qui, leur semble-t-il, aura vieilli. Si cet argument peut se concevoir, il est toutefois difficile de le comprendre tant il met de côté tout l'aspect contextuel d'une époque révolue. De plus ce traitement sonore sied parfaitement au climat à la fois sombre et brutal de ce disque.
Non, vraiment il n'y a rien qui puisse maculer la consécration méritoire promise à ce
Effigy of the Forgotten. Novatrice et inspirée, cette œuvre, au son d'un Death brutal technique aux constructions complexes, s'inscrit donc définitivement comme la pierre fondatrice et fédératrice d'une ère nouvelle naissante.
Mechament brutal, cet album me tiens de blast en solo fulgurants et sentis. Je ne sens jamais la redite, tout est novateur. Tu touche à l'intemporel, au genial.
Acheté en réedition "two from the vault" (avec pierced from within) Roadrunner qlq temps apres "soul to deny"....il m aura fallu qlq temps pour apprecier pleinement cette oeuvre....
Oeuvre majeure dans l'evolution du death, suffocation se pose là en metre etalon du genre....
Merci pour la chronique Sieur Fab.
Jolie chronique je l'ai pas dans ma collection celui-là mais il me donne envie.
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