Perdition City - Music for an Interior Film

Liste des groupes Dark Ambient Ulver Perdition City - Music for an Interior Film
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17/20
Nom du groupe Ulver
Nom de l'album Perdition City - Music for an Interior Film
Type Album
Date de parution 26 Mars 2000
Style MusicalDark Ambient
Membres possèdant cet album103

Tracklist

1.
 Lost in Moments
Ecouter07:16
2.
 Porn Piece or the Scars of Cold Kisses
Ecouter07:08
3.
 Hallways of Always
Ecouter06:36
4.
 Tomorrow Never Knows
Ecouter07:59
5.
 The Future Sound of Music
Ecouter06:39
6.
 We Are the Dead
Ecouter03:41
7.
 Dead City Centres
Ecouter07:10
8.
 Catalept
Ecouter02:15
9.
 Nowhere/Catastrophe
Ecouter04:48

Durée totale : 53:32

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Ulver



Chronique @ ArchEvil

30 Mai 2012

Auditeur, tu y es acteur. Et sera ton destin de t'y fondre ou de t'y écrouler...

« Accès refusé. Demande vérification du produit exposé »

Un labyrinthe de confluents. Le tableau qui pourrait résumer la carrière de Kristoffer Rygg, alias Garm. Pendant plus de 13 ans, l'homme n'a cessé de déconstruire son propre portrait d'artiste, ne préservant qu'un mince fil conducteur entre ses différentes oeuvres. Frontman d'Arcturus, il remodela son groupe culte de la scène black symphonique en une sorte d'entité conceptuelle au visages hérités du baroque italien et de la tragédie, enduits d'un metal expérimental bordé d'électro, pour emmener par la suite son croiseur vers des contrées cosmiques.

Impossible de tenir en place. Ulver en est le témoignage le plus parlant. Ceux ayant mis pied dans les marécages du Black Metal scandinave des débuts 90 n'auraient pu passer à côté de ses premières oeuvres. Bergtatt signait une alliance abstraite avec Satyricon et Enslaved, Kvelssjanger s'attaquait au folklore norvégien dans toute sa simplicité acoustique et enfin Nattens Madrigal, recueil du black metal le plus raw et le plus agressif, aidé d'un talent d'arrangements d'harmonies remarquable.
Toujours suppôt d'une thématique anti-chrétienne, le virage à 180° commençait à prendre forme, sur Themes for William Blake, double album d'electro reniflant encore son héritage culturel. Le black metal n'existait cependant déjà plus. Et voici 2000, voici les barrières définitivement brisées, voici un Ulver incasable.

« Accès autorisé. Etranger, soyez le bienvenue dans notre cité. Auditeur, tu y es acteur. Et sera ton destin de t'y fondre ou de t'y écrouler... »

Perdition City arbore fièrement son en-tête « Music for an interior film ». Tel est le but, créer des séquences imagées, créer des émotions chez l'auditeur et lui donner la matière pour en réaliser un métrage cérébral. Ulver se permet toute les incursions, draguant langoureusement Amon Tobin pour son électro travaillée comme Can pour ses recherches concrètes sur le son. Perdition City se veut être un recueil d'atmosphères froides, le vecteur d'un spleen urbain gris et déshumanisé, le stress d'une cohue morose, une sculpture de la machine pseudo-humaine embarquée dans un système hégémonique. Perdition City se pare d'une aura jazzy semblant résonner depuis les bas-fonds de la ville. Saxophone, cuivres et swing frustré apparaissent comme des sources de chaleur et de chair désormais amères, oubliée des rouages calculés et sur-rationnels du dispositif. Ces derniers sont placés dans le décor par une électro glaciale, complexe et sèche, incroyablement évolutive tels les Lost in Moments ou Dead City Centre. Deux socles en béton, carré et froids, illustrant à merveille d'aura du disque.

Ulver s'attaque au paradoxe de l'homme urbain, la proximité amenant à l'enfermement et à la schizophrénie. Cette facette y est retranscrite de manière miraculeuse sur le noisy et hypnotique We Are the Dead, l'homme désabusé et insomniaque cherchant les fantômes d'une foule qui le terrorise.
Perdition City est aussi une étrange promenade ou les néons opulents attrapent une teinte grisâtre, où les lumières stroboscopiques de slogans faussaires animent la matière inerte de cette forêt de béton et d'acier, où une âme arpente les ruelles faites de corruption et de mines déconfites, armée d'un recul sobre et pourtant désespérément isolée. La machine tourne et grince, ses artifices dessinent la silhouette d'un idéal, un messie manufacturé que nous sommes tous formatés à suivre.
Par moment, des clins d'oeil apparaissent. Tomorrow Never Knows s'adresserait directement aux Beatles? En dehors de la proximité avec son homologue précurseur de l'électro, cette pièce est surtout une gigantesque usine ultra moderne auto-fonctionnelle, de par ses airs de Photek groggy et de ce foutu stress, cet effroi omnipotent qu'elle entretient cyniquement. Quant à The Future Sound of Music, quel plus bel hommage pourrait-on faire à ce duo fédérateur qu'est The Future Sound of London? Lui même, sur son Dead Cities, traitait d'une thématique non éloignée. Et Ulver, après avoir dessiné un refuge idyllique au beau milieu de son charnier mécanique, prend soudain un malin plaisir à le massacrer, à le persécuter en y faisant hurler de douleur une distorsion modulée, humiliée pernicieusement par un vocoder totalitaire, comme pour mieux figurer une oasis de paix écrasée sous les chenille meurtrières de l'appareil...
Et ce final, Nowhere/Catastrophe est une sorte d'érotisme nihiliste, puant la destruction de l'identité par la machine, du nettoyage de personnalité.« Quelque part entre le plaisir et la peur », Perdition City jouit de son pouvoir accablant sur une note grandiloquente et un air de Soul cyber-punk.

« Alerte. Intru détecté. Mesures de sécurité déployées. Opération imminente »

Un monde il y a entre Nattens Madrigal et Perdition City. Mais un fil étrange rapproche les deux oeuvre. Celui d'une profonde misanthropie, d'un profond dégoût de l'humain, la créature s'étant elle même piégée dans un micro-univers qui désormais la gère tel un despote silencieux. Garm nous partage ici ses peurs, ses témoignages par le son et sa haine. Une haine immense et plus que jamais abrasive.

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« Parce que vous êtes des esclaves. La crème de la crème de l'amas organique fonctionnel. Parce que vous avez tout ce que vous désirez. Confort, matériel et l'illusion d'être au dessus de cette masse qui partage le même terrain que vous. Pour ça, vous ne partirez pas. Et vous nous alimenterez car nous pouvons vous assurer une préservation de ces privilèges. Rassurez vous, les valeurs sus-cités ne disparaîtront pas. Elles nous permettent de vous entretenir, vous fournissez un carburant essentiel à notre pouvoir. Après tout, vous l'êtes de votre plein gré, n'est-ce pas?
Le révolutionnaire est lui même un élément essentiel. La division de ces groupes est systémique, opérée par le besoin que nous créons à l'individu. Le désespéré vomit le béton qui construit nos fondations. Ils sont l'ivraie qui justifient notre modèle, les rebuts que vous fuyez obsessionnellement.
Et si ces couleurs commencent à s'effacer, notre nouvelle lentille déformante est désormais en vente. Elle vous promettra richesse et succès. Elle deviendra le standard demain matin.
Séquence terminée. Reprenez votre train train quotidien. Nous veillons sur vous.... »

10 Commentaires

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=XGV= - 31 Mai 2012: Pour que le html marche, ne devrais-tu pas plutôt mettre le i entre < et > ?
ArchEvil - 31 Mai 2012: Testé, les balises disparaissent. Mais rien. Boah, pas grave. Faut pas être trop exigeant.
Eternalis - 31 Mai 2012: Très belle chronique...j'aime beaucoup la façon dont tu l'as mené.

Encore un album qu'il me reste à découvrir...j'ai vu récemment le dvd d'Ulver et j'ai été soufflé par le lyrisme et la magie de l'album, alliant onirisme à la froideur glaciale.

Merci pour ce texte, je vais tenter de m'y pencher au plus tôt :)
ArchEvil - 31 Mai 2012: Ce DVD, je ne l'ai jamais vu et j'enrage. J'devais voir Ulver au Hellfest, loupé aussi. Partout où ils sont passé depuis leur reprise des lives ( 2009 ), j'arrivais trop tard, bordel de merde !

Je te remercie, fieu. Je pense que Perdition City t'accrocheras beaucoup ( je parle à un amateur de JM Jarre je crois, non? ;) )
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Chronique @ Nattskog

30 Juin 2005
Après nous avoir envoûtés avec « Themes for William Blake’s "The Marriage of Heaven and Hell" » et après nous avoir surpris avec le curieux « Metamorphosis EP », Ulver redonne un sacré coup de pied dans nos habitudes musicales de gros blackeux de base (je parle pour moi).
Cette fois-ci, la première fois pour Ulver mais pas la dernière de sa carrière, le groupe compose une musique pour un film. Vous me direz "non c’est faux il n’y a pas de film pour cet album, contrairement à « Lyckanthropen Themes » et « Svidd Neger »…" certes, mais ce disque est bien plus subtil que les deux précités en cela que c’est l’auditeur qui se compose son propre film en écoutant la musique, comme les musiciens l’indiquent eux-même : dans les états juste avant et juste après le sommeil dans l’obscurité et au casque.
Pour avoir testé ces recommandations, je ne puis que recommander de les suivre : l’album qui peut être un peu hermétiques dans certaines conditions devient une autoroute à rêves ! On se voit, survolant une ville immense, moderne et froide comme nos grandes villes actuelles, de nuit ou en soirée, des villes où l’on vit plus la nuit que le jour, des villes où comme dans la musique, tous les styles se mélangent pour donner un endroit de vie.

Ulver a pris soin pour cet album d’approfondir ce qu’ils avaient commencé à creuser sur « Metamorphosis », ita est les musiques électroniques. Mais au lieu d’en rester là et de faire un album purement électro, Ulver apporte moult autres influences à ce melting pot, comme celles venant du Jazz (principale), du Metal (pour l’esprit) et des musiques expérimentales vers lesquelles ils s’orienteront par la suite !
Nous retrouvons donc des instruments comme du saxophone, du xylophone, une bonne base électro pour faire le rythme, tantôt à a batterie classique, tantôt à la batterie électronique ; du piano, du violon, de la guitare bien entendu, tout cela mêlé dans une sorte d’orchestre dément moderne, froid et inquiétant quand il le veut, toujours envoûtant, toujours hypnotisant…
Le résultat est impressionnant ! Je pense même que l’on peut dire fascinant… ce disque se laisse écouter comme on lit un livre : du début à la fin il faut être concentré dedans, mais il nous raconte une histoire, ou plutôt il nous aide à rêver notre propre histoire dans les rues d’une grande ville impersonnelle et non identifiée.
On peut alors se promener d’un bar Jazz à un tournage de thriller (de « Lost in Moments » à « Catalept » qui reprend une musique de film d’Hitchcock en y ajoutant une dose d’électro du meilleur effet !) ou dans des coupes-gorges sans nom (« Dead City Centres ») etc.. C’est vous qui composez, vous êtes libre, seul le thème de la perdition demeure ! (on sent une décadence tout au long de l’album, comme le jour pointe le bout de son nez dans nos tribulations de noctambules.)

C’est cela qui est réellement digne du chef d’œuvre immortel : une liberté totale d’interprétation pour un album qui ne vous donne qu’une trame, un sujet de départ. On fait ce que l’on veut de ce que l’on entend, et à chaque écoute ce sera différent.
J’oserai peut être dire que cet album concurrence « Themes for William Blake’s "The Marriage of Heaven and Hell" » tant il est inattendu, variable et intéressant ! C’est dire… l’album et le groupe ont tellement intéressé les Grands avec ce projet que « Perdition City » a été produit avec une part de soutien financier du Ministère des Affaires Culturelles de Norvège !
Je sais que l’édition spéciale aujourd’hui disparue comportait un clip vidéo que je n’ai jamais regardé (on ne se refait pas…) qui reprend l’un des titres de « Metamorphosis » et était accompagnée d’un livret énorme de 40 pages (eh oui !) de photos prises dans des grandes villes du monde.
Un album magnifique, indispensable je dirais pour voyager à peu de frais dans le monde de son inconscient. Un pur prodige musical !!

2 Commentaires

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negativeions - 21 Janvier 2011: Entièrement d'accord, cet album est d'une profondeur, extrêmement substantiel et plein de sens.

A écouter absolument, c'est dans ce genre de situation que l'on peut se rendre compte à quel point la musique est complète et travaillée. Cosmique...!
seigpinig - 11 Avril 2011: Magnifique comme album. Il nous fait t'en rêver juste le temps d'une écoute
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