Un an seulement après une pause 60’s bienvenue (Childhood’s end) les norvégiens d’
Ulver signe leur retour sur CD avec ce Messe I.X-VI.X. Cela faisait un petit moment que l’idée de collaborer avec un orchestre trottait dans la tête de Garm, lui qui a récemment avoué avoir déjà travaillé un petit peu avec l’orchestre de Tromso pour un éventuel
Kveldssanger pt.2. Prenant forme dans le concert effectué en compagnie de ce même orchestre, puisque la captation des instruments classiques provient de ce live,
Ulver a néanmoins énormément retouché le produit fini en y apportant des touches éléctro et ambiante qui caractérisent le combo depuis
Perdition City/
Shadows of the Sun.
Messe débute par une longue intro quelque peu étrange avec des samples retouchés à l’extrême, on pense reconnaître des sons, des cris sans jamais être tout à fait sûr de les identifier. Apparaît alors cette mélodie, incertaine, comme un gémissement fredonné par un fantôme. Car Messe est spectral, fantomatique. L’orchestration abat un long velours gris sur la musique d’
Ulver dont la tristesse intrinsèque se retrouve magnifiée tel ce violon au début d’As Syrian Pour In, mélancolique sifflant sa mélodie qui émergerait du brouillard.
Ulver a gardé ce côté ambiant qu’il avait développé lors de
Shadows of the Sun (What Happened), mais l’orchestre l’agrémente bien plus, posant une ambiance lourde jusqu'à l’arrivée du piano triste et solennel, accompagné plus tard d’un violon, et on s’imagine sans mal, seul, la pluie battante sur la fenêtre, pris par ces émotions des plus brutes. Car si
Perdition City avait pour sous-titres Music For An Interior Film, Messe aurait très bien pu se nommer de la même façon.
Ulver à toujours été très proche de la musique de film (Lykantropen Theme et Svid Nigger sont là pour le prouver) et il n’est jamais difficile tout au long de ce Messe de partir dans un voyage au travers des thèmes que l’on aura nous même sélectionné.
Le parallèle avec
Perdition City n’est d’ailleurs pas fortuit, il apparaît dans les parties les plus éléctro de Messe un lien avec son grand frère: les murmures, cette sensation de suffoquer, ce voyage, cette fuite en avant comme dans Glamour Box et ses violons effrénés. Mais
Ulver n’a pas oublié d’être solennel non plus à l’image de Son of Man et la complainte de Garm que l’on entend enfin chanter d’une voix sensible et tourmentée. Violons et chœur se font plus présents, contrastant avec le côté intimiste qui s’était développé dans la première moitié de l’album. On se sent perdu dans ce tourbillon d’émotion sincère jetant un voile obscur sur cette recherche intérieure, spirituelle et tragique de cette voix qui émerge et se questionne, arguant une divinité qui n’a jamais autant été absente. Enchaînant sur Noche Oscura del Alma aussi glauque que noire avec ses samples sorties d’un autre âge sur de long murmure strident de cordes, l’ambiance se fait des plus malsaine et troublante. Heureusement
Mother Of Mercy commence de manière plus mesurée telle une ballade où la voix de Garm se fait plus chaude et rassurante pendant quelques minutes. L’album se termine par des prières que l’on s’imagine volontiers lointaines, comme une longue litanie répétitive aux contours troubles et grisâtres, tels des spectres flottant dans l’obscurité.
Messe est un voyage qui force à l’introspection à travers une musique sombre et mélancolique.
Ulver se montre glauque et froid, en proie à la tourmente. on ne peut que souligner l’excellence de la composition, de l’arrangement et de la prestation des musiciens impliqués dans la création de ce Messe I.X-VI-X qui se dévoile comme une nouvelle pierre angulaire de la discographie des norvégiens, toujours aussi variée, mais dont le propos tout au long de ses 10 albums ne nous a jamais été autant paru cohérent.
Un retour aux sources de la période ambiant. Les arrangements classiques sont magnifiques, les boucles électro sont justes parfaites. Et Garm possède toujours LA voix.
En matière d'expérimentation, je m'en tient à "Godflesh" et "Jesu" ;)
Merci pour la kro :D
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