Seul rescapé du line-up d'origine, le compositeur émérite qu'est Garm a su faire évoluer
Ulver au fil des ans telle une créature sans forme réelle, capable d'envouter son auditeur au fil des compositions en arborant divers styles musicaux ou différentes formes de composition, ne se cherchant pas, suivant une progression illogique aux premiers abords, mais implacable et demeurant toujours délectable grâce à la voie que lui trace son maître. Quelle surprise l'auditeur lambda doit-il ressentir à sa découverte du groupe lors du voyage imaginatif qu'offre "
Shadow Of The Sun" en s'apercevant que le début de la discographie était de l'ordre d'un Black
Metal onirique aux allures
Pagan. À l'inverse, le metalleux passionné par le redoutable "
Nattens Madrigal" a dû se poser plus d'une question lorsqu'il s'est penché sur les dernières offrandes de Garm, se demandant les mains tremblantes ce qu'il avait bien pu se passer durant toutes ces années où il avait perdu le groupe, et par conséquent son évolution, des yeux.
Vous l'aurez compris,
Ulver n'est pas un simple combo Norvégien surfant sur la seconde vague de Black
Metal Scandinave lors de ses débuts et se cherchant une nouvelle âme au fil du temps. Non,
Ulver est un périple musical aussi personnel pour Garm et les différents musiciens l'ayant accompagné que pour l'auditeur qui trouvera son compte d'une manière alternative à un de ses camarades metalleux ou non bien qu'ils écoutent les mêmes albums.
Ce premier opus, "
Bergtatt - Et Eeventyr I 5 Capitler" (un compte de fée en cinq chapitres), marque donc le début de l'aventure du groupe alors formé de AiwarikiaR (batterie), Garm (chant),
Skoll (basse), Haavard et Aismal (guitares), dans une forêt mêlant à la fois le charme des contrées boisées Norvegiennes et la mélancolique noirceur que celles-ci peuvent renfermées, comme en témoigne la magnifique illustration (à noter au passage de superbes photographies sobres, mais efficaces du quintet de musiciens en pleine nature et des images de ces mêmes bois afin d'illustrer les paroles de Garm écrites en sa langue maternelle en guise de livret).
Alors que le premier chapitre "I Troldskog Faren Vild" débute sur un roulement de futs et un riff hypnotisant, il est temps de fermer les yeux, faire le vide dans sa tête et se laisser entraîner pour un peu plus de trente minutes de rêveries sombres et éthérées.
Ce premier aperçu de l'album, assez calme aux premiers abords, sera une excellente mise en bouche pour l'auditeur pouvant alors palper une partie de l'atmosphère de "
Bergtatt..." sous une mélodie froide et très prenante renforcée par le chant clair de Garm et le rythme de la batterie offrant des variations de tempo rythmées et intéressantes malgré la linéarité de cette première piste. Ai-je dis linéarité ? Ce serais une sacré offense envers les compositions qui nous font le coup de maître de varier d'une juste façon au moment opportun. Alors que l'on pensait avoir tout entendu, de légères montées crescendo se font entendre de la part des guitares jusqu'à la venue, pas forcément attendues,mais accueillie avec joie, du break délivrant un changement de rythme aux allures épiques, décuplant la beauté du titre, parachevant de nous faire comprendre qu'on est pas tombé sur un album quelconque. "Soelen Gaaer Bag Aase
Need" continuera de démontrer que le groupe à d'autres cartes en main et que les surprises ne se termineront pas avant le temps d'écoute imparti. AiwarikiaR nous fera part de ses talents de flûtistes au court de l'intro acoustique de ce deuxième chapitre, avant que celui-ci nous assène une avalanche de blasts accompagnée par des guitares plus agressives et le chant de Garm dans une pure veine Black
Metal, renforçant alors la noirceur de l'atmosphère, le tout entrecoupé de Mid-tempos sublimant l'aspect mélodique où le chant clair revient sous forme de choeurs.
Toujours dans cette veine de composition si spéciale, le troisième et le quatrième chapitre ne manqueront pas de nous faire languir à travers l'atmosphère brumeuse et détentrice de tant de beauté inhérente à chaque titre. Le premier nous offrira un autre aperçu de l'efficacité de l'enchaînement vieux comme le monde, mais irremplaçable d'une introduction calme annonciatrice de la tempête et de la folie des instruments qui se déchaînent peu après. Des claviers feront leur apparition lors d'un break aussi surprenant qu'inquiétant avant de délivrer une furie finale laissant sans voix. Le deuxième chapitre sus-cité sera entièrement acoustique, les guitares ayant pour tout accompagnement la voix narratrice de Garm dans un registre sombre et parlé et celle de Lill Kathrine Stensrud en tant que guest, aussi en charge des claviers sur le précédent titre. Certains pourraient penser que ce quatrième titre tout à fait classique pourrait être dispensable...eh bien aucunement. Il n'y avait pas de meilleur moyen pour amener la clôturation de cet album en la présence du chapitre final "
Bergtatt, Ind I Fjeldkamrene ".
Ce titre demeure certainement l'une des meilleures compositions d'
Ulver à ce jour, la mélancolie et la hargne alors présentes depuis les premières secondes de l'album atteignent leur paroxysme durant le premier riff avant de laisser la place à cette forme de mid-tempo que nous connaissons désormais si bien. Une forme qu'à ce stade on pourrait qualifier de classique, mais jamais en manque de talent et d'imagination, le quintet mené par Garm a contourné ce problème en rendant cette recette ici plus marquante que jamais.
Ulver est un groupe atypique.
Ulver n'est pas un simple groupe Electro/industriel au passé estampillé Black
Pagan.
Ulver est inimitable car chaque amateur de musique peut essayer de trouver son compte dans leur discographie en ayant une expérience différente d'une autre personne avec le même album entre les mains. Alors que les dernières notes de ce "
Bergtatt..." se font entendre qu'y avons nous découvert ou ressenti ? Pour ma part il s'agit d'une œuvre indémodable, habile mélange entre la beauté et le tourment, arborant différents aspects et surprises pour notre plaisir afin de créer plus qu'un album, un voyage. Et si ce cd laisse moins la place à l'imagination ou à la recherche de la part de l'auditeur que ses successeurs de la veine electro, il n'en demeure pas moins savoureux.
Il ne tient qu'à vous de vous replonger dedans ou de le découvrir, dans tous les cas ne tardez pas.
Val'.
Je ne connais pas la suite. Cela ne m'attire pas trop en fait...
Enfin bref tout ça pour dire que ces trois albums sont exelents.
J'dois avouer que le Nattens, à ma première écoute je me suis dis:
"c'est quoi ce truc..."
et je l'ai laissé à prendre la poussière pendant bien 8 ans avant de le resortir et me surprendre:
"comment j'ai fais pour pas accrocher avant..."
Une petite revelation pour moi......
Quand à son rôle dans la genèse du Pagan, je ne saurai pas te dire...disons que ça ne m'étonnerait pas si c'était le cas, mais pour le reste je ne m'avancerai pas plus...
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