Nattens Madrigal

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17/20
Nom du groupe Ulver
Nom de l'album Nattens Madrigal
Type Album
Date de parution 03 Mars 1997
Style MusicalBlack Folklorique
Membres possèdant cet album245

Tracklist

1. Hymn I - Wolf and Fear 06:16
2. Hymn II - Wolf and the Devil 06:21
3. Hymn III - Wolf and Hatred 04:48
4. Hymn IV - Wolf and Man 05:21
5. Hymn V - Wolf and the Moon 05:14
6. Hymn VI - Wolf and Passion 05:48
7. Hymn VII - Wolf and Destiny 05:32
8. Hymn VIII - Wolf and the Night 04:38
Total playing time 43:58

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Ulver


Chronique @ ArchEvil

04 Septembre 2007
1997 - Bureaux de Century Media - Scandinavie.

- Garm, s'il te plaît... explique-moi clairement où sont passés les fonds que la boîte t'a laissés pour promouvoir ton album ?

- Ben... là-dedans, dit notre artiste d'un ton désinvolte en désignant du doigt la jolie Cadillac garée devant l'entrée.

- Je rêve là... Je cauchemarde...

- Non, tu ne rêves pas.

- Ce fric était destiné à produire ton nouvel album !! Et où il est l'album, hein ? Une boîte à musique cachée sous le capot ?

Garm eut un rictus " tiens, il vient de faire de l'humour ". Puis, exaspéré, mis la main dans la poche de son tout nouveau costume, payé avec ce même argent, pour en sortir une misérable cassette audio. Le responsable, sous le choc, tomba à genoux...

- De toute ma carrière, aucun artiste, aussi saugrenu soit-il, ne m'a fait un coup pareil.

Garm s'agenouilla à son tour, lui mit la main sur l'épaule et lui parla d'un ton solennel.

- Allez, finies les lamentations. Il est temps de passer aux choses sérieuses. Tu as un lecteur cassette ? Que je puisse te présenter à Nattens Madrigal...

Nattens Madrigal !! Oui. J'ignore ce que le type de Century Media a pu en dire à la première écoute, quoi qu'il en soit, cette farce de la part de Garm, chanteur et guitariste sur cet album, est tout ce qu'il y a de plus authentique ( même si ce petit dialogue n'est issu que de mon imagination ). Les petits farceurs d'Ulver ont dépensé l'argent de l'enregistrement en fringues, parfum et autres folies, notamment une superbe Cadillac, le tout bien visible sur quelques photos prises à l'occasion... Mais, quand on voit le résultat, était-ce réellement une folie ?
Bergtatt fut épique. Kveldssanger fut acoustique. Et Nattens Madrigal fut un autre détour au cœur du folklore norvégien, mais cette fois-ci, le groupe a décidé de s'attaquer au Black Metal, non plus le Black folk et épique de Bergtatt, mais bien l'art le plus cru et le plus malsain représenté dignement par Darkthrone en cette époque.

Mais le plus surprenant est à venir. Vu les méthodes d'enregistrement, cet album bénéficie donc d'une production assez crue, ce qui est loin d'être un problème pour un album de Black Metal allez-vous me dire.
Avez-vous déjà entendu ces albums dont le rendu fut aiguisé en fréquence Hi-Mid ? Ben oui... pour ne citer que les plus connus, il y eu Filosofem de Burzum, Under a Funeral Moon et A Blaze In The Northern Sky de Darkthrone. Nattens Madrigal est diffusé de telle manière... à part que là, on frise le débordement. Le son perce les tympans, le genre de production qui donnerait une migraine dès la première écoute. Certains iraient chercher d'urgence leur boules Quiès pour ne plus devoir supporter le massacre, quitte à appuyer sur stop tant qu'il est encore temps... quelle erreur !

Oui, quelle erreur... car cet album est fantastique, tout simplement. Et malgré l'agression sonore, tous les instruments sont parfaitement audibles. Les divergences de jeu entre les guitares sont surprenantes mais ce n'est pas tout, ce rendu glacial ne fait qu'amplifier la déferlante de rage contenue en la galette.
Nattens Madrigal qui semble détenir toute l'authenticité du Black Metal va plus loin. Hormis le blast continuel et psychotique on ne peut plus jouissif, les compositions sont effarantes de complexité et de recherche, les titres sont variés et explosifs. Ulver parvient ainsi à marier avec la brutalité une incroyable maturité en ayant, je dirai parfois l'impudence, de compléter son inspiration par un travail important sur sa structure. Et les morceaux se diversifient. La deuxième titre démarrant sur un riff aussi efficace qu'un antichar, continue sur un couplet très sombre et enivrant, la suivante sollicite une descente de gamme grimaçante, et ce ne sont pas les interludes inquiétants entre les morceaux qui iront attendrir ces guitares psychotiques, véloces et agressives telles des scies circulaires déréglées.
Je tiens également à laisser une mention spéciale au sixième, Of Wolf And Passion, qui débute sur ce riff au romantisme très caricatural mais unique en son genre. Et pour terminer, ce Of Wolf And The Night, qui clôt cet incroyable chapitre de la manière la plus magistrale qui soit. Le tout tourne autour de cette superbe histoire de lycanthropie, contée par Garm et sa voix déshumanisée, grimaçante, sanglante et, surtout, reconnaissable entre mille.

Alors j'espère que le gérant de Century Media a bien réagi, de toute façon si ça n'avait pas été le cas, je doute que cet album ait pu voir le jour. Nattens Madrigal est un rare chef d'œuvre, il représente le True Black Metal, loin de cet esprit concentré sur l'image et l'allégeance au genre, il est le fruit de l'esprit, le fruit des sentiments les plus obscurs et le fruit d'un personnage inspiré et ambitieux. Il est l'œuvre ultime du genre, repoussant les extrêmes du Black Metal jusqu'aux frontières de l'apocalypse musicale, jusqu'au paroxysme du style. Il incarne une puissance incroyable, un monument unique et inébranlable, construit de main de maître.

A ce jour, Nattens Madrigal se loge une place parmi les tous meilleurs albums de Black Metal, là où certains cultivent cet esprit noir et élitiste, crachent cette haine hypnotique, Ulver s'y est aventuré, a survécu et en est ressorti vainqueur.

Ce chef d'œuvre a une âme, ce chef d'œuvre est unique. C'est pourquoi je vous le conseille fortement.



25 Commentaires

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angelofdeath557 - 01 Septembre 2012: C'est quand même spéciale. Le son m'a fait saigné les oreilles lol
Lingon - 14 Novembre 2012: Nattens Madrigal... Cet album m'avait littéralement mis sur le cul. Comment être objectif avec ce monument qui frôle la perfection ! (Seulement deux morceaux un petit peu en dessous de la moyenne général de l'album) Ce son glacial et ses riffs incisifs, mélangeants noirceurs et mélancolies. Il surpasse pour ma part le "Panzerfaust" de DARKTHRONE, il est placé en Top Ten de mes albums de true black. Et cette pochette magistrale... Bref 18/20.
Cucrapok - 09 Mai 2015: J'adore cet album depuis que je l'ai acheté dans les années 90. Tout à fait en accord avec le chroniqueur! Pas de mention de la grosse rumeur selon laquelle cet album a été enregistré en pleine forêt?
ArchEvil - 10 Mai 2015: non pas de mention car au moment de sa rédaction, j'ignorais ces détails. Faudrait vraiment que je mette ces chros à jour.
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Chronique @ Fastkilll

27 Juin 2016

Surprenant que la production de Nattens Madrigal soit souvent considérée comme une des plus mauvaises du genre!

C'est assez surprenant que la production de Nattens Madrigal, un album considéré par beaucoup comme l'une des ultimes références du black metal (et même parfois «l'»ultime), est quant à elle considérée comme une des plus mauvaises du genre. Certainement parce qu'une rumeur, photos à l'appui, suggère qu'Ulver aurait dilapidé l'essentiel du budget alloué par leur maison de disques à cet effet pour soigner leur standing. Et bien entendu parce que oui, le son est bien cru et bien sale sur cet album !
Mais qu'attend-on du son d'un album d'un black metal qui se rapproche, par ses compositions, de la seconde vague du genre, musique qui se veut avant tout primitive, violente, et sauvage, qu'il soit lisse, clair et chatoyant ? Il suffit d'écouter les premiers disques de Darkthrone, précurseurs et éléments moteurs de cette seconde vague, pour se convaincre que non, leur son n'a strictement rien à envier à celui de Nattens Madrigal, et je dirais même qu'au contraire, il est moins percutant et nuancé ! D'ailleurs, je doute que trois responsables du mix se soient frottés à Nattens Madrigal pour rien ! Alors rentrons dans le détail, écoute au casque à l'appui.

L'élément marquant, et souvent décrié, c'est le son suraigu de la guitare soliste, de plus mise très en avant, et écrasant presque le reste : les riffs sont pour la plupart absolument remarquables, ce qui ne remet donc pas vraiment en question cette suprématie sonore. Et leur rendu, pour peu que l'on écoute avec du matériel digne de ce nom et des oreilles quelque peu rodées, n'a rien de rebutant, avec un grain qui aurait même une accroche.

Face à ce riffing pour le moins imposant, la rythmique qui peut être considérée comme sous-mixée, sur l'autre canal, sert pourtant d'écrin à leur flamboyance en délivrant un fond sonore consistant, nocturne et « brouillardeux ».

Le chant, un des meilleurs qu'il m'ait été donné d'entendre, même s'il est en retrait par rapport à la guitare principale, ressort quand même suffisamment pour habiter les morceaux, comme un fauve qui surgit de la pénombre (le concept de cet album renvoyant au thème du loup-garou ).

La batterie est surtout la basse ont un son très amoindri et c'est là aussi un des principaux reproches faits à cet album. Mais cela accentue , à mon sens, le côté caverneux, d'outre-tombe, rugueux, occulte et chaotique qui est censé définir ce style atypique et parmi les plus rebutants, rébellion dans la rébellion, qu'est le black metal. D'ailleurs, la basse est bien souvent assez inaudible dans la plupart des albums du black originel et seconde vague, et une mise en avant excessive de la tendance au blast des fûts ne se justifie pas vraiment. On peut cependant arguer qu'une mise en avant plus prononcée de ces deux instruments apporterait de la puissance aux morceaux : oui mais elle leur ôterait également de leur atmosphère ténébreuse, un des éléments moteurs du genre !

Et qu'en est-il des nuances dans la production de cet album considéré par beaucoup comme un pavé sonore jeté avec désinvolture dans le marécage du black metal !?
Elles existent en tout cas. La preuve la plus flagrante étant ces surprenantes et inattendues transitions indus, semblant sortir de la forge de Vulcain, et qui servent de liant à l'ensemble en assurant la transition entre chaque morceau de ce concept album, lui apportant un côté énigmatique, glacial et inhumain, qui contraste avec une certaine chaleur des riffs. Ils annoncent en tout cas le côté « bidouilleur » et la maîtrise des techniques d'enregistrement du groupe, qui deviendra flagrante sur leurs enregistrements ultérieurs.
Par ailleurs, des petites subtilités révélatrices d'une recherche d'effets se révèlent lors d'une écoute attentive. La plus flagrante étant l'assez bref intermède folklorique et acoustique du premier morceau et pour lequel le son devient soudain clair. Ou encore l'arrêt brutal du morceau suivant, créant un effet de surprise. A la fin du troisième morceau, on entend même un murmure quasi imperceptible et répétitif qui témoigne quant à lui aussi d'une tendance maniaque au fignolage au milieu du chaos sonore ambiant.
Sur Of Wolf and Man, on entend le son de l'ensemble être légèrement diminué lors de l'intervention d'une troisième guitare puis rehaussé lors de son arrêt. Le lyrisme affleurant des riffs des deux morceaux suivants aurait d'ailleurs donné une tournure plus romantique et malvenue à cet album si la production ne renforçait pas son côté malsain. A ce titre, on entend même de très discrètes notes de piano sur Of Wolf and the Night, ou encore dans un autre registre témoignant là encore d'un certain effort de production, des effets sonores type sirènes.

Alors, s'il vous plaît, ne confondez pas crudité, agressivité relative du son, et mise en retrait de certains instruments avec mauvaise production.
Si Nattens Madrigal est considéré comme un des tous meilleurs disques du black metal, ce n'est pas seulement parce que ses compositions sont de très haut niveau avec une science du riff inégalée dans le genre. Mais c'est aussi parce que sa production aura su lui donner une aura qui sied très bien à ce style misanthropique et ici plus précisément lycanthrope, ne serait-ce que par le contraste qu'elle offre avec celle de la quasi totalité des autres styles musicaux, qui visent à caresser l'auditeur dans le sens du poil. Et ça, franchement, qu'est-ce qu'un loup en a à foutre !?

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Commentaire @ SvartKald

02 Septembre 2008
L'histoire du Black Metal est parsemée de quelques perles, de quelques albums absolument incroyables… intemporels… issus d'un pic de génie éphémère de la part de leurs géniteurs.

Dans le lot, il y a le très grand Nattens Madrigal.
Qui aurait pu dire, à l'époque, que les créateurs d'un tel chef d'oeuvre allaient (sans crier gare) préférer l'electro indus au Black Metal, laissant derrière eux le glorieux témoin d'une époque pour eux révolue ?
Car oui, Nattens Madrigal est un chef d'oeuvre.
Oui, Nattens Madrigal est glorieux..
Et encore oui, Nattends Madrigal fait partie de ces bijoux que l'on prend avec précaution entre ses doigts, pour les insérer délicatement dans le mange-CD.

Derrière le son écorché des guitares, à la limite du supportable, derrière cette voix lointaine et rageuse, et aussi derrière cette puissance continue et désespérée, se cache un trésor de Black Metal.
Comment décrire au mieux l'émotion ressentie à l'écoute de ces enchaînements passionnés de riffs mélancoliques et envoûtants ?

Comment peut-on ne pas rester béat d'admiration devant cette majestueuse leçon de Black Metal que nous livre ici Ulver ?
Aucun fan sincère de Black Metal ne peut rester de marbre devant ce monument de créativité et de composition, dans lequel les morceaux s'enchaînent avec une maestria toujours décuplée.

Mention spéciale aux "Wolf and Fear/Hatred/Passion" !

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