Rapture manquait d’une sacrée dose de relief pour le rendre irrésistible, l’agressivité en continu règle bien des situations mais pas toutes. Suivant l’exemple de Marlon Brando dans un Tango à
Paris, Luttinen investit dans la motte de beurre. Alors qu’il passait devant le bureau de placement finlandais, son regard croisa celui d’un avorton tout neuf en vitrine. Vous savez un de ses petits nains renfrognés au visage d’ange. C’est ainsi que Mika frappa un grand coup dans sa course à l’Eurovision, offrant au monde un tableau inédit, après la Vierge à l’Enfant de Botticelli, voici le Père sodomisant le Nain de Bodom par Kristian Luttinen. Il faut admettre que le nain est taquin, un coup il veut, un coup il ne veut plus, ce n’est pas toujours simple les relations père-fils. Mika qui a bien compris le potentiel de ce nouvel arrivant, ne fait que le gâter analement parlant. Il s’essaie par ailleurs au lancé de nain, au bowling avec lui, histoire de rendre le sourire à Grincheux. Mais rien n’y fait, c’est ainsi que l’ultimatum tomba un beau matin, ou Mika s’engageait à adopter les 7, ou c’en était fini de cette relation. Cette romance prit alors un tournant plus vicelard, ne sachant plus qui domine qui. Certes Mika s’imposait encore physiquement, mais le nain rancunier avait pris l’ascendant technique avec sa maîtrise du Kama Sutra à six cordes. Le résultat n’était pas assuré.
Nihil réduit le champ d’action avec 10 bombes gonflées au metal, délaissant les influs de speed/punk régressif chères à
Rapture. Dés l’ouverture on sent que le niveau a grimpé en flèche ajustant vitesse et technique comme rarement chez les Finlandais. Le degré d’exigence se serait-il soudainement envolé ? Quoiqu’il advienne on reprend les hostilités là où on les avait laissées, c’est-à-dire pied au plancher, le couteau entre les dents. En effet la démonstration de force sur l’opener Cogito Ergo Sum composé par le chérubin combine virtuosité instrumentale et agressivité viscérale nous rassurant du même coup sur les intentions du groupe. Non le recrutement du puceau n’est pas qu’un coup marketing, il s’intègre dans un projet d’extermination à échelle mondiale dans la continuité du grand œuvre d’IN. Passé cette ouverture,
Human-Proof claque du riff vicieusement malsain, la charge se fait plus lourde tout en prenant soin de cautériser les plaies au gros sel pendant le solo.
Nihil se définit comme du
Impaled Nazarene pur jus, du nuclear metal au vrai sens des termes, avec une lead guitare en sus et des soli de tueur. Putain écoutez
Nothing is Sacred qui n’est autre que le mode d’emploi du viol d’une guitare : sois béni nain ! La voix de Mika identifiable entre mille s’évertue à proférer blasphèmes et autres insanités par chapelets de douze comme au premier jour. Sauf que Sir Luttinen ne se contente plus d’éructer des
Hail Satan pour amuser la galerie,
Nihil est gorgé d’une puissance renouvelée qui comme toujours aspire à l’extermination de l’humanité, et de ses idoles, mais pour mieux rebâtir dans le sang. Finalement l’échange de procédés est efficace, Mika prend un coup de jeune, pendant qu’Alexi prend des coups de bite, une symbiose rare dans le metal extrême. Le jeune éphèbe continue de faire courir à toute vitesse ses doigts de fée sur le manche dur comme du bois, prêt à éjaculer une véritable fontaine de foutre purificateur. Le résultat ne prendra pas la forme d’une mappemonde ornant des draps virginaux, mais de deux nouveaux cantiques,
Zero Tolerance, et son feeling rock n’ roll, et le heavy
Assault the Weak qui célèbrent comme vous l’imaginez l’amour de son prochain et l’ouverture de cœur, à la tronçonneuse. Je me focalise à tort sur la nouvelle attraction du parc finlandais, alors que cette dernière n’a qu’une incidence limitée sur l’offense faîte au Seigneur dénommée
Nihil. En répétant pour la première fois alors que le groupe vient tout juste de rentrer aux Astia Studios, Luttinen souhaite conserver une fraîcheur et une rage décisives et crassouilles, tout le contraire de la préparation minutieuse qui a bouffé une grosse part de spontanéité, et d’impact sur
Rapture. IN sait également ralentir le mouvement à de rares instants pour nous faire apprécier la vue, et le délire démoniaque dans lequel il nous entraîne : putain la collection de masques à gaz, on pourrait presque ouvrir un musée ; même en forme de cache-sexe, l’imagination fertile des hommes me sidère parfois. Merci à
Osmose pour la régalade.
Mais comme je l’ai dit le nain est capricieux, et la jeunesse assoiffée de reconnaissance, incapable de se fondre dans un moule qui n’est pas le sien, Alexi, tout comme sa pouffiasse Kimberly « Buba » Goss dans
Ancient, ne feront qu’un passage éclair dans des groupes à l’identité, et au talent, affirmés. Quant à
Impaled Nazarene, il frappe un coup inattendu avec ce
Nihil, créant la controverse comme toujours, mais se renforçant comme jamais.
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